Axslnyz, la planète des écrivains
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 [X1999] L'Absent (terminé)

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Kestrel21
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 18 Mai - 19:20

C'est toujours un réel plaisir de lire vos messages, je ne m'attendais pas à se que ce chapitre plaise autant! Mais qui attend Subaru, réponse dans un instant, j'espère que vous aimerez!

L'Absent - chapitre IX

Lorsqu’ils pénétrèrent dans la pièce, précédés par Karen, leur attention fut immédiatement attirée par un jeune homme assis sur le sofa, une tasse de thé en main, face à une Arashi comme toujours imperturbable ou peu s’en faut et un Seïishiro qui n’en menait pas large.
L’inconnu se leva soudain en apercevant les nouveaux arrivants et, s’avançant vers eux, leur serra la main avec amabilité.
De taille moyenne, un sourire de circonstance bien qu’affable aux lèvres, il alliait une grande beauté à un charme équivoque.
- … A qui ais-je l’honneur ? demanda Sorata après un instant d’hésitation, déconcerté par l’agréable sourire que lui offrait ce radieux personnage.
- Mon nom est Omi Sumeragi, se présenta le jeune homme. Je suis ici sur ordre du douzième chef de la famille Sumeragi.
A ces mots, Kamui tiqua violemment tandis que Sorata se contentait de laisser sa bouche béer de surprise, Subaru ne broncha pas.
Se tournant alors vers lui, le nouveau venu sourit et se courba légèrement en guise de salut.
- Subaru-san, je présume ?
- Vous présumez bien…, répliqua le médium avec froideur.
- Mais, Omi-san, que nous vaut l’honneur de votre visite ? demanda Sorata avec appréhension.
Omi se retourna vers lui.
- Comme je l’expliquais à ce monsieur et cette jeune demoiselle, j’ai été envoyé de Kyoto pour… Enquêter sur l’étrange disparition de notre treizième chef, si je puis m’exprimer ainsi.
Ne recevant en guise de réponse que des regards ahuris, il décida de s’expliciter un peu plus.
Mais seul l’homme qui l’intéressait réellement ne semblait pas se préoccuper de son explication. A vrai dire, il ne le regardait même pas.
- Nous avons reçu des plaintes d’un important nombre de clients ayant demandé de l’aide à Subaru-san et constaté que notre chef n’honorait plus jamais ses rendez-vous. Connaissant comme nous la connaissons votre conscience au travail, cette information nous laissait perplexes. Et il nous était ardu de vous contacter. Notre douzième chef nous avoua qu’elle n’avait plus eu de véritables contacts avec vous depuis longtemps.
Bien malgré lui, Subaru laissa transparaître la surprise que de tels propos lui causait.
Omi s’en aperçut et en conçut lui aussi un certain étonnement.
Quant aux autres, leur malaise paressait s’accroître à chaque mot de l’invité.
Au point que l’atmosphère de la pièce en devienne électrique.
- Sachant que vous ne vous rendiez plus jamais à vos rendez-vous, il va sans dire que nous savions par où commencer l’enquête. Nous nous sommes tout d’abord rendus à votre appartement de Tokyo mais vous l’aviez visiblement déserté depuis quelques temps. Par la suite, un appel à la direction de ce campus nous confirma que vous aviez bel et bien emménagé ici.
Il se tut, la suite allant sans dire.
Mais Sorata, comme tous les autres ici, eût cent fois préféré qu’il continuât à parler.
Maintenant le silence s’était fait et il cherchait désespérément quelque chose à dire pour le meubler sans que le jeune homme soupçonne quelque chose.
Pourtant, et cette possibilité lui apparaissait comme dangereusement inéluctable, Omi ne pourrait quitter le Campus sans savoir ce qu’ils tentaient tous de lui cacher.
Désespéré, il fixa le visage de leur invité afficher de l’étonnement puis une méfiance croissante.
Lorsque soudain, et au moment où il s’y attendait le moins, une voix s’éleva :
- Vous m’envoyez désolé, Omi-san, mais tout ce que vous venez de dire n’a aucun sens pour moi.
Le porte-parole de la famille Sumeragi plissa les yeux et, interdit, scruta Subaru.
- Que voulez-vous dire ? demanda-t-il, interloqué.
Ignorant l’expression défaite de Sorata, le médium s’avança et se planta face à son homologue, le regardant droit dans les yeux.
- Je ne vois pas vraiment l’intérêt de vous le cacher. La famille Sumeragi dont je suis sensé être le chef, je ne connais son existence que par un récit…
Craignant que Kamui ne s’attire les foudres des autres Sceaux, il préféra ne pas dire que le récit en question venait de lui.
Mais probablement cela leur paraîtrait évident lorsqu’ils y réfléchiraient. Mais pour l’instant tous paressaient suffoqués, à part Kamui dont l’expression était indéfinissable.
- … Je vous serais gré d’être plus explicite, Subaru-san, fit Omi à qui tout cela n’échappait pas et qui avait de plus en plus de mal à cacher son inquiétude derrière ses manières surannées.
- Vous souvenez-vous du tremblement de terre qui a détruit le Sunshine 60 ?
Cette question venait de Kamui. Tous les regards convergèrent aussitôt vers lui.
Omi acquiesça, ne voyant visiblement pas où l’adolescent voulait en venir.
- Subaru y a été blessé et emmené à l’hôpital dans l’immédiat, continua Kamui, s’enhardissant. Je n’irais pas par quatre chemins, Omi-san. Quelques jours plus tard, on nous annonçait qu’il avait perdu la mémoire.
Un grand silence accueillit sa déclaration, on aurait entendu une mouche voler.
- … C’est une plaisanterie ? demanda Omi avec un rire nerveux.
- Hélas non, fit Karen, la seconde à reprendre ses esprits.
Admiratif, Subaru fixait Kamui et il ne vit pas immédiatement le regard brun d’Omi se braquer sur lui.
Celui-ci le fixa longuement, hésitant sur la marche à suivre et finalement, demanda d’une voix blanche :
- … Puis-je passer un coup de téléphone ?
- Dans le vestibule, le renseigna Arashi.
Lorsqu’il eut quitté la pièce, le silence parut s’alourdir plus encore.
Tous les regards se fixèrent sur Subaru, puis sur Kamui, à nouveau sur Subaru et se croisèrent, se concertant.
- Depuis quand es-tu au courant ? demanda brutalement Sorata, autorisant ainsi l’assaut.
Subaru se contenta de le regarder.
- Ça fait longtemps ?
- Combien de temps comptiez-vous encore me le cacher ? demanda abruptement Subaru, contre-attaquant.
Cette question eut le mérite de clouer le bec au jeune moine.
Embarrassé, il chercha du secours autour de lui mais personne ne semblait disposé à lui en fournir. Il retint une grimace de dépit.
Tous les mêmes décidément ! Ils avaient le beau rôle, à paraître planer dans des sphères qui le dépassaient, de ne pas rire et de ne parler que lorsqu’ils le jugeaient nécessaire. Bandes de lâches !
Et Yuzuriha qui n’était pas là. Jamais il n’avait aussi durement ressenti l’absence de la collégienne, dont la bonne humeur et l’indécrottable optimisme faisait tampon lors de leurs petites querelles internes.
Il sentait qu’il allait exploser sous peu lorsqu’une petite voix murmura, toute proche de lui :
- C’est moi qui lui ait tout dit…
Reconnaissant la voix de son jeune leader, le moine de Koya parvint de peu à ne pas s’exclamer victorieusement : « Ben voilà, j’en étais sûr ! ». Cela risquait de peiner Kamui et malgré l’amertume et la colère qu’il ressentait, c’était la dernière chose qu’il souhaitait.
- Personne n’avait cherché à savoir ce que Subaru pouvait bien penser lorsqu’il s’est fait attaquer par Fuma ! continua Kamui avec une soudaine hargne et même un certain dédain. Je me suis dit que c’était la moindre des choses que de lui raconter… De lui expliquer… Puisque vous ne sembliez pas décidés à faire quoi que se soit.
La culpabilité se lisait à présent sur tous les visages, plus ou moins prononcée. A peine visible sur celui d’Arashi, modérée sur celui de Karen et exacerbée sur celui de Seïishiro.
Subaru, quant à lui, était de plus en plus admiratif. Kamui avait réussi à tourner à son avantage ce qu’on lui reprochait. Il ne pensait pas l’adolescent capable d’une telle force de persuasion.
Ce fut à cet instant qu’Omi apparut dans l’embrasure de la porte. Il paressait défait. Sorata et Karen, les seuls à avoir été en contact avec la grand-mère de Subaru et connaissant par conséquent la sécheresse et la rigueur de la vieille femme, espérèrent qu’elle n’avait pas trop déchargé son acrimonie sur le pauvre garçon.
Celui-ci tourna le regard vers Subaru et dit, visiblement troublé :
- J’ai rendu compte de notre problème à votre grand-mère, Subaru-san…
Il se tut et, privée du son de sa voix, la pièce était aussi silencieuse qu’un tombeau.
- Je vais donc de ce pas rentrer à Kyoto, continua-t-il. Et vous allez me suivre.
- Pardon ?! s’exclamèrent Subaru et Kamui d’une seule voix.
Mais ils furent les seuls à réagir de la sorte. A réagir tout court d’ailleurs. Au contraire, les autres paressaient s’y attendre.
Le sourire d’Omi était contrit.
- Je suis désolé mais notre douzième chef est formelle, je dois vous ramener à la maison-mère, de gré ou de force.
Subaru était révolté. Mais il le fut plus encore lorsque Seïishiro prit la parole.
- Ne vous excusez pas, Omi-san. C’est probablement la meilleure chose à faire. Il sera plus en sécurité à Kyoto…
Le regard acéré que lui décocha le médium le fit taire mais Sorata prit le relais.
- Et puis, qui sait, peut-être l’art secret du clan Sumeragi peut-il quelque chose contre les amnésies.
L’œillade meurtrière, de Kamui cette fois, ne lui fit pas regretter ses mots. Karen acquiesça et Arashi ne dit rien, signifiant par son silence et ses yeux baissés qu’elle se rendait à la majorité.
Devant ce spectacle, Subaru sentit ses nerfs s’échauffer, ses poings se contractèrent.
- Je ne vous suivrais pas ! cracha-t-il véhémentement.
Les autres, qu’une telle résistance étonnait apparemment, le fixèrent sans comprendre.

Karen était surprise. Que pouvait bien valoir cette réaction ? Un instant, son regard dériva vers Kamui, qui lui non plus ne semblait pas enchanté par cette perspective de départ, ce n’était rien de le dire. Mais elle détourna rapidement les yeux, se concentrant sur le médium dont les yeux étaient plissés de détermination.
Subaru n’avait aucune raison de vouloir rester ici, il réagissait comme un enfant.
Pour elle qui ne l’avait connu que froid, silencieux et renfrogné, ce changement surprenait autant que, quelque part, il ravissait.
Son attitude était tout à fait celle d’un petit garçon têtu se rebellant contre les adultes qui prétendaient ne vouloir que son bien.
Bien malgré elle, la jeune femme se sentit émue par cette vision et cette comparaison qu’elle jugeait si appropriée…
- Allons Subaru-san, soyez raisonnable, supplia Omi, décontenancé par cette réaction.
- Enfin, qu’est-ce qu’il te prend ?! demanda soudain Sorata, plus durement qu’il ne l’aurait voulu.
L’exorciste fit volte-face et fixa le moine avec hargne, de son regard disparate que le jeune garçon jugea effrayant pour la première fois.
Il lui semblait que Subaru allait se jeter toutes griffes dehors sur lui, que sa maîtrise de lui ne tarderait pas à la trahir.
Mais lui aussi en avait assez, assez de son rôle d’imbécile heureux, assez de devoir supporter les humeurs de tous ces ingrats. Lui aussi était sur le point d’exploser et peu importait que la personne qui le défiait soit Subaru ou un autre, il était prêt à entamer une bataille dans les règles de l’art !
Mais Subaru ne fit rien, rien d’autre que de le fixer sans ciller en paressant fulminer de l’intérieur, ses poings se crispant et se décrispant comme s’il était prêt à les passer autour du cou du lycéen si c’était là le seul moyen de le faire taire.
La tension était palpable et, impuissant, Kamui ne pouvait faire que regarder sans savoir comment éviter la grêle de cris et d’insultes qui paressait inévitable.
Et pourtant, elle ne vint pas. Car soudain Subaru se détourna de Sorata comme s’il n’existait plus pour à nouveau faire face à Omi, brisant net l’intense échange de regards meurtriers qu’il avait eu avec le moine.
- Pardonnez-moi, Omi, mais je ne vous accompagnerez pas.
Le ton, bien que calme, était catégorique.
- Que puis-je faire pour que vous changiez d’avis ? demanda leur invité, son ton prouvant qu’il n’y croyait guère.
Subaru secoua la tête.
- Rien. Je ne changerais pas d’avis.
Les yeux d’Omi roulèrent un instant dans leurs orbites, Arashi devina qu’il était en train d’évaluer toutes les possibilités de faire Subaru le suivre sans trop de résistance.
Elle ne connaissait pas les moyens du jeune homme mais devinait néanmoins ses chances faibles, pour ne pas dire inexistantes.
Et Omi semblait bien trop civil et n’avait apparemment pas suffisamment peur de rentrer bredouille pour assommer Subaru et l’embarquer sans plus de façons sur son épaule.
Et visiblement, le porte-parole de la famille Sumeragi était parvenu à la même conclusion car l’œil averti de la jeune prêtresse nota un léger affaissement de ses épaules.
Désemparé, il regardait Subaru.
- Je suppose qu’il est inutile d’insister alors…
Le médium ne répondit rien.
- Bien… Dans ce cas, plus rien ne me retient ici.
Il prit alors sa veste sous son bras et salua les Sceaux d’une petite courbette.
Mais au moment de franchir la porte, il se retourna vers Subaru.
- Mais il est possible que nous nous revoyons sous peu, Subaru-san. Votre grand-mère est quelqu’un d’obstiné. En cela, vous lui ressemblez beaucoup…
Il sortit et claqua la porte derrière lui.
Le choc sortit Subaru de ses pensées, il croisa le regard de Kamui.
Celui-ci sourit, parut vouloir faire un geste vers lui mais finalement se ravisa.
Il avait l’air content d’avoir vu Subaru ainsi tenir tête à Omi et, par conséquent, le médium le fut aussi.
Mais la litanie continuait de chanter dans sa tête, sans cesse, étouffée mais néanmoins bien présente.

« … Dans trois jours… »

Trois jours. Trois jours. Trois jours, troisjourstroisjourstroisjours…
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 18 Mai - 19:21

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Est-ce que j’aurais dû la laisser partir ? En même temps, comment aurais-je pu la retenir ? Et comment aurais-je pu savoir qu’elle le rencontrerait ?
Si, j’aurais dû, j’aurais dû deviner qu’il serait là, en embuscade, le jeune chat joueur guettant l’oisillon tombé du nid, l’oisillon qui ne peut plus voler…
J’aurais dû, j’aurais dû… Comme je déteste ces mots.
Il ne faut pas qu’elle meurt. Les gens comme elle sont le sel de la terre. Et elle veut vivre, de toutes ses forces, même si elles l’ont abandonné.
Quelqu’un dont les larmes et les sentiments sont si précieux ne peut se permettre de mourir.

« Je vous aime. »

Ces mots qu’elle m’a dit, quelqu’un les avait-il déjà entendu avant moi ?

Je ne peux les sortir de ma tête, ils font parti de moi à présent.
Plus que jamais, je suis enchaîné à elle par eux, des liens dont je n’essayerais pas de me défaire, encore que je le devrais.

Mais son kekkaï a disparu, résorbé sans encombre, je l’ais senti, je l’ais vu, elle va donc bien.
Elle a peut-être retrouvé ses forces, sauf celle de vivre.
Celle-ci, elle ne l’a jamais perdu. Pas plus que l’espoir.
J’aimerais avoir encore de tels idéaux…
Est-ce que je te reverrais bientôt, ma petite Yuzuriha ?

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Tu croyais n’être plus rien et je suis là. Tu pensais avoir perdu espoir et me voilà. Lorsqu’à nouveau tu penseras n’être plus faite pour la vie je serais là pour te rappeler combien elle est précieuse.
Je t’ai vu émerveillée en me voyant mais malgré ton effarement tu as su y faire pour que la symbiose soit parfaite comme tu l’avais déjà fait.
Tu m’as pris dans tes bras tu m’as dis que tu es beau et si j’avais pu répondre je t’aurais remercié.
Je t’ais sauvé je suis heureux de t’avoir sauvé qu’à travers moi tu en sauves tant d’autres et alors que ton cœur palpite contre mon corps que tu me dis comment vais-je t’appeler tu hésites un sourire illumine ton visage tu dis Inuki tu es d’accord oui toujours toujours si c’est toi qui le dis oui je veux bien oui

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Tu l’as senti, ce kekkaï… N’est-ce pas ?
- Oui.
Subaru paressait préoccupé. Se penchant en avant, Kamui tenta de capter son regard vague, sans y parvenir. Il en fût désemparé, il avait envie que Subaru lui parle…
- Comme la première fois, murmura alors l’exorciste en se tournant finalement vers lui. Comme un vent glacé qui s’engouffre dans mon corps et balaye toutes mes pensées. On ne peut plus que le voir, et voir celui qui l’a crée…
Kamui acquiesça, fit silence puis murmura :
- Enfin, elle va bien, c’est l’essentiel…
Mais malgré son soulagement apparent, ces retrouvailles avec la collégienne semblaient lui avoir laissé un goût amer dans la bouche, et ses yeux se faisaient vagues lorsqu’il en parlait.
« Ces rencontres avec le Kamui des Dragons de la Terre deviennent de plus en plus dures… » lui avait confié Sorata sans apparemment y prendre garde, inquiet pour le jeune garçon.
Subaru avait acquiescé et s’était promis de lui parler.
- Arashi m’a dit que tu ne pouvais pas créer de kekkaï…, commença-t-il, espérant le sortir de son mutisme.
Il l’entendit soupirer, visiblement peu emballé par la tournure leur conversation, Subaru en fut désemparé.
- Je ne sais pas pourquoi j’en suis incapable… Peut-être parce que je ne sais même pas ce que je veux vraiment…
Se retournant vers Subaru, il sourit, un peu tristement.
- Au début, la seule chose que je désirais était de faire revenir Fuma, peu m’importait ce que je devrais faire ou endurer. Kotori morte, Fuma parti, je me fichais de tout du moment que je pouvais revoir celui qui comptait le plus pour moi. Mais si je tenais vraiment à le protéger, qu’à part son salut rien ne m’importait, pas la terre, pas même les Sceaux…

« Et pourtant… »

Subaru l’observait, attentif.
- Alors j’aurais pu créer un kekkaï. Et pourtant, j’en suis incapable.
Cette conclusion fit s’affaisser ses épaules.
- Cela voudrait-il dire qu’au fond de toi, tu ne parviennes plus à dissocier le Kamui des Dragons de la Terre du garçon que tu as connu ? avança Subaru, jugeant cette hypothèse recevable mais appréhendant la réaction de l’adolescent.
Et celui-ci sursauta presque et s’apprêtait visiblement à démentir mais, alors qu’il cherchait ses mots, l’idée fit son chemin en lui et son expression s’assombrit. La tristesse et même un peu de honte transparût dans le maigre sourire qu’il adressa à l’exorciste.
Voyant cela, Subaru se sentit désolé.
- Kamui, je…
- Non, tu as sans doute raison…, fit le lycéen dans un souffle, son regard se faisant vaquant et se perdant sur l’horizon. C’est juste que je ne voulais pas me l’avouer.
Regardant à nouveau le médium, il soupira et son sourire se fit ironique.
- Et je ne sais pas si je dois te remercier d’avoir mis des mots sur ce sentiment.
Subaru ne sut que répondre, ne sachant lui-même trop que penser de cela.
D’un côté, voir Kamui accablé par cette déprimante conclusion lui faisait regretter ses paroles mais d’un autre, lui avoir peut-être permis de se détacher de son alter-ego, de n’être plus touché aussi durement qu’avant par ses actes et ses paroles le faisait se sentir étonnamment victorieux.
Il vit soudain Kamui fixer son regard sur lui, comme s’il cherchait à entrevoir ses pensées.
- … Je suis content que tu ne ais tenu tête comme ça à Omi, fit-il après un court silence. Je trouve même bizarre qu’il n’ait pas insisté davantage.
- C’est vrai, avoua le médium, lui aussi y ayant réfléchi. Mais comme il l’a dit lui-même, ce n’est certainement que partie remise.
Le regard de l’adolescent se fit plus perçant.
- Je peux te poser une question personnelle ?
Acquiesçant, Subaru se demanda un instant ce que Kamui pouvait bien ignorer de lui pour poser une telle question.
- Pourquoi tiens-tu tellement à rester avec nous ?
Son ton n’avait rien d’abrupte mais Subaru sentit néanmoins qu’il reflétait plus que de la simple curiosité.
- Pourquoi je… ? Et bien…
Kamui le regarda se débattre un instant avec lui-même et décida d’aller jusqu’au bout de sa pensée.
- C’est vrai, maintenant que nous n’avons plus rien à te cacher, tu sais quel danger tu risques en restant à Tokyo. Et puis… Tu n’as pas l’air particulièrement attaché à nous, je me trompe ?
Le médium resta silencieux mais ne demeura pas sans réagir. Kamui vit ses yeux s’arrondirent de surprise et l’espace d’un instant, le vert de ses pupilles sembla tout envahir et ne plus laisser la place à aucun coin de blanc.
- Qu’est-ce qui te fais croire ça ? demanda finalement l’exorciste. J’ai vraiment l’air de ne rien ressentir pour vous ?
Kamui n’osa pas dire oui mais cela dut se lire sur son visage car il vit soudain Subaru se pencher vers lui, cherchant son regard.
- C’est vrai que quand je ne savais pas ce qui vous liait tous, je me demandais ce que toi, tu pouvais faire avec eux…, avoua alors l’amnésique. Je te trouvais tellement différent, tu paressais tellement à côté de tout…
Kamui releva les yeux et le fixa, se demandant par là ce qu’il devait comprendre. Ce qu’il avait le droit de comprendre.
Il attendait avec une certaine anxiété que Subaru aille jusqu’au bout de sa pensée mais il n’en fut rien, le médium se contentait à cette seconde de le regarder, son expression était indéchiffrable.
Kamui prit alors une discrète inspiration et murmura :
- Mais après tout, ce n’est pas grave… Tu n’as pas à te justifier.
Mais son visage affichait soudain une telle déception et un doute s’empara de Subaru lorsqu’il le vit, à la fois inquiétant et qui quelque part le soulageait étrangement.
Etait-ce seulement à cause de cette lettre, dont il sentait presque la présence dans sa poche qu’il avait ainsi tenu tête à Omi, ne lui laissant même aucune chance de placer ses arguments ?
Il avait du mal à croire qu’un simple message ait pu à ce point l’envoûter et le posséder au point d’être aussi agressif avec un homme qu’il n’avait jamais vu.
Et pourtant…
Mais ce n’était néanmoins pas à cela qu’il pensait au moment où il entendait le jeune homme lui annoncer qu’il le suivrait, et peu importait ce que l’exorciste pouvait désirer à cet instant.
Il n’y pensait guère plus alors qu’il s’entendait lui-même asséner sans états d’âme qu’il ne bougerait pas d’un pouce.
Non, à cet instant, il songeait à Kamui, et avec quelle virulence déconcertante celui-ci avait prit sa défense.
Il songeait que Kamui ne voulait pas qu’il s’en aille. Et avait alors inconsciemment décidé que, quoi qu’il en coûte, il ne partirait pas.
Face à lui, de l’autre côté de la table de bois meublant le petit patio perdu entre les arbres du Campus, Kamui le regardait et Subaru aurait voulu le lui dire, qu’il sache que s’il n’avait pas été là, s’il avait été partisan de son départ pour Kyoto…
Alors il ne lui aurait resté comme motivation que cette mince feuille de papier pliée avec soin dans sa poche.
Et il ne savait si cette perspective de rendez-vous aurait été suffisante pour à tous leur tenir tête.
Il aurait voulu lui dire tout cela et pourtant, une question, une unique question, franchit ses lèvres :
- Kamui, est-il loin… Le Rainbow Bridge ?

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Pourquoi cette question ? Pourquoi cette résistance à me donner les raisons de cette soudaine interrogation ? Si quelque chose te tracasse, pourquoi me le cacher, à moi ?
Alors que je veille, moi, à ce que tu saches tout de moi, alors que je t’ai ouvert mon cœur, du moins dans la mesure du possible… Pourquoi, hein ? Pourquoi tout ça… ?
Trois jours, trois jours que je t’ai vu disparaître dans le mirage du Sakurazukamori, que t’a-t-il dit, que t’a-t-il montré ? Ne te laissera-t-il donc jamais en paix ? Il s’attache à paraître ironique, cruel et dépourvu de sentiments mais tu l’as oublié, il ne le supporte pas, j’en suis sûr.
Tu ne sais où ce pont se trouve, je te l’ai expliqué, est-ce que j’aurais dû ? Ce pont est un kekkaï, tu le sais ? Je te l’ai dit, ça n’a pas paru t’émouvoir.
Tu comptes y aller n’est-ce pas ? Sinon pourquoi cela ? Tu as tes raisons, je le sais, et j’ai eu beau te presser de questions, tu n’as pas voulu me les révéler… Mais cela a paru te coûter, je l’ai bien vu. Avec ta mémoire s’est envolée cette impassibilité que tu t’acharnais à cultiver, et je ne t’en aime que davantage. Et je l’ais vu, tu semblais prêt à tout me révéler et pourtant, rien. Que t’a-t-il dit, t’a-t-il menacé ?
Je le hais, je le hais d’avoir encore une telle emprise sur toi…
Il va se passer quelque chose, je le sais, et tu le devines toi aussi. Il me manque une preuve tangible de tout ceci, celle qui confirmerait tous mes doutes et tu ne sembles pas vouloir me la donner.
Ce n’est pas grave, je sais déjà que je ferais de mon mieux pour que ce que je crains ne se produise pas.
Mais que crains-je réellement ? Si seulement je le savais moi-même…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Il ne me voit pas, j’ai beau frapper, appeler…
Il soupira, se rapprocha avec lenteur de la jeune femme accroupie.
- Il est là, je le vois, je l’entends…
Elle se redressa soudain et le fixa avec désespoir, une expression qui n’avait pas lieu d’être sur son visage. La voir soudain si malheureuse lui retourna le cœur.
Elle ne pleurait pas. C’était presque pire.
- Il est possible… Que quelqu’un t’empêche, murmura-t-il sans assurance, moins pour chercher une explication que pour la voir enfin le regarder.
Elle ne le regarda pas, ses yeux verts émeraude étaient fixés sur la silhouette solitaire du jeune homme qu’ils devinaient au travers de cette barrière de glace infranchissable qui les séparait.
Le regard de la jeune femme se fit dur, haineux à l’entente de ces mots et une larme esseulée roula sur sa joue. Elle abattit brusquement son poing sur la matière qui les entourait.
- Pourquoi ?! Pourquoi fais-tu ça ?! C’est toi, je le sais, ça ne peut être que toi ! Si tu savais comme je te déteste ! Si tu savais comme je te HAIS !!
Elle semblait ne s’adresser qu’au noir, qu’à ce qui faisait au dessus d’eux office de ciel sans couleur et sans étoile mais lui savait à qui était destinée cette diatribe.
Comme soudain devenue folle, elle se leva et martelât de toutes ses forces, de ses pieds et de ses poings, cette frontière glacée qui l’empêchait de rejoindre ce jeune homme.
Effrayé, il voyait ses bras et ses jambes se couvrir de meurtrissures rouges vif alors que des éclats affûtés et coupants se détachaient de la paroi pour se reformer aussitôt.
Et pourtant, c’était un rêve, non, impossible mais…
- ARRÊTE !! hurla-t-il soudain en tendant le bras pour tenter de l’attraper.
Il n’y parvint pas. Pour la première fois, il se sentait aussi impotent que dans la réalité.
Incapable de la sauver, comme dans cette réalité qu’il maudissait tant.
- HOKUTO !!
Entendant son prénom, elle cessa soudain et, hagarde, tourna vers lui son regard qui ne fixait rien. Il la vit porter à hauteur de ses yeux ses bras zébrés des dizaines écorchures suintantes qu’elle s’était elle-même infligée.
Elle tomba à genoux, puis à quatre pattes et fixa le garçon dont elle désirait tant entendre la voix.
- Subaru…
Les larmes roulèrent en cascade sur ses joues, elles étaient si épaisses qu’elles s’écoulaient avec lenteur, laissant tout le loisir d’en admirer la couleur vermillon.
- Subaru, je t’en prie… SUBARU, ENTENDS-MOI ! ET TOI ! TOI ! NE LE LAISSERAS-TU JAMAIS EN PAIX ?!
« Je cauchemarde, tu cauchemardes… Et lui-même… »
Sous lui, il vit alors l’image de la prairie inondée de soleil se brouiller, se disloquer, comme s’il regardait au travers d’un kaléidoscope. Elle disparut, laissant place à la nuit la plus noire.
« Lui-même… Il ne rêve plus… »
Il leva les yeux et au travers des longues mèches blondes tombant en désordre sur son visage, il fixa l’espace à présent vide, la place qu’avait occupé jusqu’à cet instant, le corps rêvé de la jeune femme.
Alors, soudain écrasé par la tristesse et le solitude, il se laissa aller, tomba sur le sol, aussi mou qu’une poupée de chiffon, ferma les yeux.
Et pleura.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- La Princesse Hinoto vient de nous convoquer…
Le ton de Sorata était sombre.
Kamui, Arashi et Yuzuriha tournèrent aussitôt la tête vers lui, attendant la suite, Subaru détourna les yeux du spectacle qu’offrait la fenêtre.
- Elle tient à nous voir le plus tôt possible, ça semble de la plus haute importance.
Yuzuriha le fixa, serrant contre son cœur le petit chien au museau frémissant.
- Tu crois que ce serait rapport à…
Sorata l’intima au silence par réflexe, puis, prenant conscience de son attitude, se tourna vers Subaru qui, concentré sur la conversation, n’avait pas relevé.
- Certainement, soupira-t-il. Sinon, pourquoi ?
Il y eut un silence puis Arashi, repoussant sa chaise, se leva.
- Pas de raison de s’attarder alors.
L’acquiescement fut général.
- Je peux venir avec vous ? demanda soudain Subaru en quittant l’appui de la fenêtre.
Un sentiment de malaise le prit lorsque Kamui se retourna avec brusquerie et le fusilla du regard. Mais néanmoins, il se tût.
- Pourquoi pas ? Ce sera une occasion pour toi de rencontrer la princesse…
Subaru acquiesça, mais il n’écoutait pas, il ne pensait qu’au regard de Kamui dans son dos, tel deux poignards plantés entre ses omoplates.
Et à cette lettre, qu’il y a trois jours, il avait trouvé prés de lui.
Au Rainbow Bridge…

A suivre…

Oui, désolée Onyx, encore une fin de chapitre à la Clamp! ^^°
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptySam 20 Mai - 8:39

Hum, hum. Qu'est-ce que c'est encore que c'te fin de chapitre ? è_é
J'EN VEUX PLUUUUUUUUS !!!!!!!!
Pourquoi même les meilleures choses ont une fin ??!!! TT-TT

Bon, pour la visite, je m'était plantée dans les grandes largeurs -_-'
fûma... J'était vraiment à coté de la plaque! >.<
Le Kamui/Subaru se profile... J'adore comme tu décris leurs sentiments, Subaru qui a du mal à garder le secret pour la lettre, et Kamui qui souffre que Subaru lui cache qqchose... Et leurs réactions face à Omi... L'ambiance un peu lourde au campus est très bien retranscrite. C'est vrai que cohabiter avec des gens qui n'ont en commun que leur mission, ça doit devenir pesant (quoique personnellement, ça ne me dérangerait pas outre mesure ^^)
La scène du Rainbow Bridge... j'ai hâte de savoir ce que tu vas en faire! Il n'est plus question de combattre, évidemment, mais je doute que Seï lui ai fixé rdv pour prendre le thé... ^^
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyMer 24 Mai - 20:59

Merci Onyx pour ton commentaire! J'adore ton avatar! [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 129k Bon, j'espère que ce chapitre te plaira!^^

L'Absent - chapitre X

Un silence suivit la révélation.
- Quoi, au temple Yasukuni ?! Vous êtes sûre ?!
- C’est exact.
La voix d’Hinoto était grave et reflétait sa fatigue, celle de Sorata forte et réjouie.
Le sourire qui éclaira le visage de Yuzuriha était déterminé, on pouvait remarquer que les lèvres d’Arashi s’étaient légèrement retroussées.
Kamui, lui, ne put se joindre à l’allégresse générale, son regard allait sans cesse de la jeune princesse aveugle à Subaru, lequel la fixait de son œil unique avec une insistance frisant l’impolitesse.
Kamui était perplexe, était-ce possible que l’amnésique ressentit la même chose que lui ?
L’aboiement guttural qu’avait poussé Inuki au contact d’Hinoto résonnait encore dans son esprit. Et cette réaction agressive ne faisait que qu’accentuer cette étrange sensation qu’il éprouvait depuis son entrée dans la pièce. Quelque chose qui l’oppressait et qu’il ne parvenait pas à définir.
Mais il n’y avait pas que ça, autre chose occupait son esprit à cet instant.
L’insistance de Subaru à les accompagner avait peut-être été motivée, uniquement motivée par la curiosité de découvrir cette princesse rêveuse dont ils parlaient tant.
Mais la conversation de la veille… Il n’avait pu la chasser de sa mémoire, la repassant sans cesse , retournant dans sa tête des dizaines de questions dont il ne parvenait pas à formuler les réponses.
La main de Sorata s’abattit alors sur son épaule, le faisant sursauter.
- Voilà enfin une bonne nouvelle ! s’exclama le moine, croisant le regard sans expression de l’adolescent.
Kamui ne semblant pas décidé à réagir, Sorata ne chercha pas à retenir un petit soupir exaspéré.
- Kamui…, commença-t-il avec une pointe d’agressivité que ne masqua pas son ton doucereux. Subaru va rester, ici, avec Hinoto. Il ne risque rien, rien, tu m’entends ?
Kamui ne dit rien, chercha le regard du médium mais celui-ci avait détourné les yeux.
- Ça ne sert à rien de t’énerver Sorata…, murmura alors Arashi.
Le mépris à peine dissimulé transparaissant dans sa voix frappa le moine comme une gifle, il lâcha l’épaule de Kamui, laissa mollement retomber son bras.
- Bon, j’ai compris… Rien ne sert de s’attarder alors, fit-il, masquant tant bien que mal son désappointement.
Yuzuriha fut la seule à approuver sans réserve apparente, elle se précipita vers Subaru pour l’embrasser et franchit la porte, le petit chien pataud sur ses talons.
Sorata se demanda un instant si elle faisait ou non exprès de ne jamais s’apercevoir de rien.
Mais quoi qu’il en soit, il bénissait cette attitude.
Arashi quitta la salle d’audience sans mot dire, son dernier regard fut pour le médium.
- Soyez prudents…, lança dans les airs la voix étouffée de la princesse.
Sorata acquiesça, la gratifia d’un salut discret puis se tourna vers Kamui, le fixant avec une insistance qui glaça le sang à l’adolescent.
Désemparé, celui-ci bredouilla sans assurance :
- Partez devant… Je vous rejoins… Bientôt.
Sorata renifla, sans que Kamui pu dire si c’était d’énervement ou de dédain, et le moine quitta la salle sans demander son reste.
Son départ fit soupirer Kamui, de soulagement ou non, il n’aurait su le dire.
- Pourquoi n’es-tu pas parti ? demanda alors Subaru après un instant de silence.
Le lycéen se tourna vers lui. La voix de l’amnésique était calme et sereine, sans aucune once de nervosité ou de méchanceté. Car après tout, ce n’était là qu’une simple question.
Et Kamui ne sut que répondre, ne voulant pas donner l’air de se méfier au point de rester pour surveiller Subaru, même si… Même si c’était exactement ce qu’il était en train de faire.
-… Je ne reste pas, balbutia-t-il en se sentant soudain maladroit et ridicule. Je vais aller les rejoindre, ils vont avoir besoin de moi.
Subaru acquiesça de la tête, ce simple geste créa un grand vide dans la poitrine de l’adolescent.
Le silence se fit, lourd et désagréable, Subaru fixait un point droit devant lui, faisait courir son regard sur les dorures du trône ou sur le riche décor entourant la princesse, comme s’il voulait à tout prix éviter le regard de Kamui.
Cette attitude arracha au jeune garçon le peu de contenance qui lui restait. Il se mit à danser d’un pied sur l’autre avec nervosité. Face à lui, Hinoto était couchée, ses lèvres fardées entrouvertes, ses yeux clos laissant entrevoir la brillance nacrée de ses paupières.
S’en désintéressant, il fixa à nouveau le médium, dont il ne pouvait voir le visage.
Sans qu’il ne sache pourquoi, l’image du Sakurazukamori s’imposa dans son esprit, un homme au sourire mesquin et cruel, son cœur se gonfla de colère.
- Tu attends avec impatience que je partes, n’est-ce pas ? demanda-t-il alors, abrupt et consciemment méchant.
Subaru se retourna et son regard se fit perçant. Il sentait qu’il lui fallait être très prudent quant à sa réponse à cette question qui n’en était pas une.
Tout en sachant qu’une absence de réponse serait également mal prise.
- Je pense juste que tu le devrais…, fit-il, pesant ses mots. Vous ne serez pas trop de quatre là-bas.
Kamui eut un ricanement sardonique, en désaccord criant avec son sourire triste.
- Tu as raison, je me demande bien ce que je fais encore ici, à faire l’empêcheur de tourner en rond alors qu’on m’attend pour sauver le monde…, fit-il de sa voix la plus ironique.
Sur ces mots, il fit volte-face et se dirigea vers la sortie, les épaules basses.
Pendant un instant, Subaru eut envie de lui dire, de lui dire de revenir et de lui raconter, de se faire pardonner de l’avoir blessé…
Mais il repensa à cette lettre, et ce fut comme une voix résonnant dans sa tête.

« …je crains qu’il n’arrive malheur à la personne en question, car je serais ennuyé de te faire du mal. Et si jamais la mort de cette personne te causait du malheur, sache que je serais aussi très mécontent de voir qu’elle a pu ainsi gagner ton affection… »

Kamui était bien trop impliqué dans cette maudite histoire pour qu’il pût se permettre de lui dire quoi que ce soit.
Mais de le voir partir, blessé par lui sciemment…
C’était dur, bien plus dur qu’il ne l’aurait crû.
- Kamui…
- ATTENDEZ !
Alertés par cette voix horrifiée, les deux garçons se retournèrent d’un même mouvement vers son origine, les yeux écarquillés.
- Attendez…, souffla Hinoto. Un autre kekkaï… Va être détruit… J’ai vu…
Kamui revint sur ses pas à toute vitesse, son regard interloqué et inquiet croisa celui de Subaru.
L’adolescent s’agenouilla face à la jeune femme, son regard améthyste plus pénétrant que jamais.
- Où est-il, Hinoto-Hime ?
La tranquillité de sa voix était démentie par la fébrilité de son attitude, le médium voyait distinctement ses mains crispées trembler.
Subaru s’approcha plus encore, voulu poser une main sur l’épaule du garçon accroupi, la serrer. Mais la voix d’Hinoto retentit, couvrant malgré sa faiblesse jusqu’au bruit de leurs respirations oppressées, se répercutant dans la salle immense :
- Au Rainbow-Bridge… Il est là-bas.
La réaction de Kamui à l’entente de ces mots secoua Subaru autant que la révélation de la princesse. Le lycéen se releva brutalement et, sans le moindre regard, le moindre mot pour l’amnésique, se dirigea vers la sortie à grands pas.
- Kamui !
Se précipitant à sa poursuite, le médium se saisit de son bras et le tira à lui, le forçant à le regarder.
- Lâche-moi…
La voix de Kamui était pleine de menaces mais Subaru s’en moquait.
- Kamui, tu n’iras pas là-bas…, fit-il, tentant de rendre sa voix aussi persuasive que possible.
L’adolescent eut un sourire sardonique.
- Que je n’y aille pas ? murmura-t-il d’un ton mordant. Mais tu crois que quelqu’un d’autre ira à ma place peut-être ?
Subaru ne répondit pas, son regard se fit plus féroce, Kamui tenta de le faire lâcher prise sans y parvenir.
- Tu le savais, n’est-ce pas ? souffla-t-il alors, sa voix se réduisant à un filet ténu. Tu le savais qu’il serait là-bas… ALORS POURQUOI N’AS-TU RIEN DIT ?!!
La violence de son exclamation fit sursauter Subaru, il desserra un instant sa prise.
Ce fût suffisant, Kamui se dégagea et le fixa, trop désespéré cette fois pour être délibérément cruel.
- J’avais crû que tu me faisais confiance mais après tout, ce n’est pas grave…, murmura-t-il, son regard blessé se faisant fuyant. Mais peu importe ce qu’il t’ai dit ou montré, je m’en moque…
Il inspira.
- Il n’est pas question que je le laisse te faire plus de mal. Ou t’emmener dans un endroit où je ne pourrais plus te suivre…
Faisant volte-face, Kamui se mit à courir et disparut en un instant dans le couloir, hors de vue du médium.
Celui-ci resta un instant immobile, comme sonné et ne mit qu’un instant à prendre sa décision.
- KAMUI !!
Et à se précipiter à sa poursuite.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

C’est ça… Partez donc… Allez donc vous battre, votre mort n’en sera que plus rapide…
Les derniers instants d’une vie sont toujours si distrayants, l’idée de ce spectacle me réjouit d’avance.
Et toi ? Toi qu’au travers de ce miroir d’eau je vois pleurer, toi que j’entends geindre, toi mon autre moi, celle qui m’a gardé si longtemps prisonnière de son cœur… L’idée de la mort de tes chers Dragons du Ciel, comment la ressens-tu ?
Elle t’attriste… Non, mieux, elle te désespère. Je le vois, inutile d’essayer de me le cacher.
Notre apparence est identique, nous occupons toutes deux ce même corps débile, impotent et cet esprit capable de tout voir et de tout entendre.
Et nous sommes pourtant si dissemblables, tout ce qui te bouleverse me séduit, tout ce qui te désole me ravit, lorsque je ris, j’entends tes pleurs, ce qui ne fait qu’augmenter mon hilarité.
Tu aimerais échapper à ce spectacle qui t’anéantirait n’est-ce pas ?
Rien ne me fait plus plaisir que de savoir que tu seras forcée d’y assister, que mes rires ne feront que faire redoubler tes sanglots.
Je m’en délectes d’avance…
Bienvenue dans l’arène, chère Hinoto-Hime, mon autre moi…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyMer 24 Mai - 21:00

Le pont. Le pont maudit…
Essoufflé par sa course et le cœur battant à tout rompre, Kamui fixait les grandes arches de fer qui semblaient s’élancer sur des kilomètres vers le ciel nuageux.
Il était là, quelque part. Comment pouvait-il en être autrement ? Il était là, à attendre, à attendre une nouvelle occasion de détruire la vie de médium.
Subaru se rappela à sa mémoire, les larmes lui montèrent aux yeux presque spontanément mais il décida de ne pas y penser. Il lui fallait se concentrer sur le Sakurazukamori, sur ce sentiment sans cesse plus puissant de haine qu’il lui portait.
Plus déterminé que jamais, il s’avança jusqu’au centre de l’édifice.
Le vent se mit à souffler, lui faisant plisser les yeux alors qu’il scrutait les alentours, à l’affût du moindre mouvement suspect.
Mais après quelques instants d’écoute attentive, une impression aussi étrange qu’effrayante le prit à la gorge, répandant un grand froid dans son corps.
L’impression d’être soudain devenu sourd. Il ne percevait plus le moindre bruit, le sifflement aigu de la bourrasque qu’il sentait pourtant sur son corps avait disparu, comme la rumeur du centre-ville.
Rien. Rien d’autre que sa respiration hachée, rien d’autre que les battements frénétiques de son cœur.
Il était là… Il le savait, le sentait jusque dans la moindre fibre de son être.
- Je sais que vous êtes là, fit-il, respirant avec difficulté. Montrez-vous.
Silence. Et de nouveau cette impression atroce d’être coupé du monde des vivants.
Qui se prolongea, se prolongea douloureusement. Jusqu’à ce qu’une voix moqueuse ne déchire le silence.
- Mais je suis là… Vous ne me voyez donc pas ?
Kamui fit violemment volte-face, cherchant frénétiquement du regard le propriétaire haï de cette voix narquoise.
Mais devant lui, autour de lui, aucune présence humaine.
« Ne pas montrer de faiblesse, pas de peur… Il est là, il t’observe, il n’attend que ça… »
- Vous êtes un lâche, fit-il au vent. Craindriez vous cette bataille ?
Une pression sur son épaule, infime, comme si un oiseau venait de s’y poser.
Il se retourna d’un coup.
Face à lui, à à peine un pas, se tenait le Sakurazukamori, un sourire goguenard aux lèvres, son regard asymétrique dissimulé par le verre fumé de ses lunettes.
- Je ne m’attendais pas à vous voir ici, Kamui-kun, fit-il avec un sourire de gentleman comme pour souligner l’ironie de la situation.
Kamui le foudroya du regard, bien décidé à lui montrer qu’il ne rentrerait pas dans son jeu.
- Je le sais, murmura-t-il en tentant de moduler sa voix qui tremblait de rage. Vous y attendiez quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?
Le sourire de l’assassin s’agrandit.
- Oh, ainsi vous êtes au courant ! Etrange, je connais pourtant la discrétion de ce cher Subaru, je ne l’aurais pas crû capable de le claironner à tous vents…
Kamui vit rouge.
- Vous ne le connaissez pas, vous ne le connaissez plus ! cracha-t-il. Et il l’aurait certainement révélé si vous ne l’aviez pas menacé !
Seïshiro eut un petit rire.
- Moi, le menacer ? Vous êtes blessant.
S’approchant de l’adolescent que la colère laissait immobile et se retrouvant tout contre lui, il murmura, au creux même de son oreille :
- Mais je le suis également, et dans tous les sens du terme. Et si cela pouvait m’éviter, à l’avenir de vous retrouver en travers de mon chemin…
Retrouvant soudain ses esprits, Kamui s’écarta brusquement avec presque de la répulsion, tremblant de tous ses membres.
Et déjà, il entendait dans le ciel le vrombissement de milliers d’ailes battant à toutes forces, les cris stridents et agressifs qui lui vrillaient les oreilles.
Faisant un bond de côté, il parvint à éviter la première attaque mais les centaines _non, les milliers_ d’oiseaux changèrent leur trajectoire pour à nouveau se précipiter sur lui.
Il se retrouva soudain emprisonné dans une nuée de volatiles hargneux et hurlants, qui tailladaient sans pitié ses chairs.
Et pourtant, le rire du Sakurazukamori lui parvint au milieu de ce chaos.
C’en fût trop, rassemblant ses forces, il leva les mains vers le ciel. Aussitôt, l’énergie afflua au bout de ses doigts, explosa en une formidable décharge qui réduisit au silence les minuscules shikis.
L’assassin le fixait toujours, ironique et séducteur.
Les yeux plissés de rage, Kamui se précipita sur lui, sans penser à l’incongruité de son acte.
D’ailleurs, il ne pensait plus à rien.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Hé ho ! Où allez-vous ?!
Interdit, il se retourna vers l’origine de la voix. Un policier en uniforme le fixait méchamment.
- Oui, c’est à vous que je parle ! N’allez pas par là, c’est dangereux !
Subaru sursauta, dévisagea l’homme avec panique.
- Mais…, balbutia-t-il, pris de court. J’ai un ami là-bas, vous ne comprenez pas… !
L’autre ne semblait pas enclin à la discussion, il le fit taire d’un geste.
- La seule chose que je comprends, c’est que la terre a tremblé et que ce fichu pont risque de s’écrouler à tout moment ! Et que, si votre ami a un minimum de bon sens, il est parti sans attendre que vous veniez le chercher !
Le policier eut un rictus crispé, attrapa le bras de Subaru.
- Et, si vous voulez mon avis, vous auriez tout intérêt à faire de même !!
Subaru se tût. Il ne servait à rien de tenter de discuter, sinon à perdre encore plus de temps.
La pression sur son bras était puissante et serrée, il repensa à Kamui, à la façon dont lui-même avait voulu l’empêcher de fuir un peu plus tôt.
Et il se voyait mal expliquer à cet homme que le lycéen était l’une des principales causes de ce séisme.
- Vous m’entendez ?! Partez maintenant, c’est la meilleure chose à faire !
Mais a peine eût-il prononcé ces mots qu’une nouvelle secousse ébranla la terre, Subaru crût un instant voir le pont frémir, la vibration du sol se propagea dans son corps entier, le laissant tremblant.
De surprise, l’homme le lâcha, Subaru en profita, se mit à courir, ignorant la voix qui lui hurlait de revenir.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Kamui tomba à terre, la main douloureusement crispée sur son épaule. Il serra les dents, tenta de retrouver son équilibre, chancela.
Il avait l’impression qu’un brouillard opaque se formait dans sa tête, sa vue se troubla, se dédoubla, il clignait sans cesse des yeux et il lui semblait que même ce mouvement lui causait de la douleur.
Se concentrant, tout autant pour garder son équilibre que pour éviter de gémir sa douleur, il fit quelques pas en direction de la forme vague du Sakurazukamori, qu’il devinait face à lui.
- J’avoue que vous me décevez…, murmura l’autre avec un feint dépit. Votre alter-ego m’avait habitué à une meilleure résistance physique.
Kamui se sentit bouillir. Comme inconscient, il voulut se précipiter sur l’assassin, réduire au silence une fois pour toute celui qui ne l’avait que trop nargué.
Il sentait l’énergie affluer à nouveau dans son corps meurtri, se rassembler dans ses paumes, le brûlant presque.
S’il parvenait à le toucher maintenant…
Quelque chose le frôla alors. Ne s’en souciant guère, il s’apprêtait à frapper lorsqu’une douleur démesurée explosa dans son ventre.
Perdant aussitôt toute concentration, il se tordit en deux, l’énergie se dispersa, créant un froid immense dans son corps. Agité de tremblements spasmodiques, il tomba à terre.
On ne sait comment, il parvint à sentir la présence du Sakurazukamori, penché sur lui.
- Allez savoir pourquoi, vous voir ainsi à ma merci est plus excitant que ce que j’imaginais…
Et pour la première fois, il paressait sincère.
- … Bien que j’aurais préféré que ce fût en d’autres circonstances…, fit Seïshiro avec presque de la déception. Mais après tout, c’est ainsi que je traite ceux qui contrecarrent mes plans, si séduisants soient-ils.
Kamui voulu répliquer, se redressa avec peine, mais un violent haut-le-cœur l’empêcha de proférer un son.
Rassemblant ses forces en un élan désespéré, il banda ses muscles, grimaça sous la douleur mais parvint à se mettre hors de portée du Sakurazukamori.
Celui-ci haussa un sourcil, eut un sourire condescendant et lentement, leva le bras à la vertical.
Kamui vit clairement ses doigts rougeoyer.
Un instant pourtant, l’assassin parut hésiter, comme ayant soudain pitié de ce jeune homme désormais incapable de se défendre. Mais il sembla balayer ce sentiment d’un haussement d’épaule, avec la même nonchalance que s’il avait chassé de la main un insecte ennuyeux.
Il abaissa brutalement son bras.
Une brèche ouvrit le sol en deux, elle se propagea dans un fracas à rendre sourd, soulevant un nuage de poussière, arrivant droit sur lui, comme prête à l’engloutir.
Ne trouvant plus en lui la force de faire le moindre mouvement , il ne pût que fermer les yeux.

Un heurt brutal. Mais pas celui auquel il s’attendait.

On le saisit à bras-le-corps, il se sentit partir, l’onde de choc créée par la secousse faisant trembler jusqu’à la plus petite de ses cellules mais qui pourtant ne l’atteignit pas.
Il ouvrit les yeux. Se trouva couché, dos sur le béton, avec au dessus de lui une silhouette frêle qui se relevait péniblement.
Une masse de cheveux noirs, un œil, un seul, vert émeraude, qui le transperça.
Il aurait voulu l’appeler, parler tout simplement mais il ne parvint qu’à grimacer.
Subaru sourit, essuya d’un geste le sang qui perlait de sa lèvre, sembla vouloir faire un geste vers lui mais se leva, faisant face à l’assassin.
Le rire du Sakurazukamori sembla alors remplir tout l’espace, se répercutant contre les quelques pylônes rescapés.

Souriant, Seïshiro s’avança à pas lents, Subaru recula par réflexe, comme désirant créer pour Kamui un rempart plus efficace.
- Tu es en retard, Subaru-kun, remarqua l’homme en noir, presque sur le ton de la conversation. Et je constate qu’en plus, tu n’as pas suivi mes directives.
Son sourire s’élargit.
- Tu m’avais habitué à de meilleures manières.
Il s’approcha encore, ne se trouvant à présent qu’à quelques pas du médium.
- Je t’avais pourtant prévenu des risques qu’encourraient ceux qui auraient voulu se joindre à nous…
Il désigna Kamui d’un rapide regard, les poings de Subaru se crispèrent.
- Et je suis encore plus déçu de te voir alarmé devant son état… Tu as décidément bien changé.
Franchissant d’un coup la distance les séparant de l’amnésique, il lui saisit les deux poignets et serra, empêchant toute retraite, il approcha son visage du sien.
- … Oui, bien changé…, murmura-t-il, contemplatif.
- Lâchez-moi. Tout de suite.
Mais malgré tous ses efforts, la voix de Subaru trembla, ce qui parut amuser Seïshiro.
- L’agressivité te va si mal…, soupira-t-il en desserrant à peine sa prise. Tu es comme l’oiseau qui gonfle ses plumes en espérant paraître plus imposant.
Il lâcha le médium, celui-ci ne bougeait plus.
- Mais je te connais trop bien, hélas. Ces adorables subterfuges ne font aucun effet.
Subaru trembla, un tremblement qui parut monter du sol pour se propager dans tout son corps, de son échine qui frissonna, jusqu’au bout de ses doigts, jusqu’à ses lèvres qui frémirent.
Et qui ne dura qu’une brève seconde avant qu’il ne redevienne aussi immobile qu’une statue.
Il était pétrifié, le regard et le sourire de cet homme semblait lui ôter tous ses moyens, le rendre incapable du moindre mouvement, de la plus infime pensée.
Quelque chose pourtant le fit se ressaisir, cela ne tint qu’à un fil, il perçut soudain une vague de chaleur brûlante, dont la source paressait être le corps meurtri de Kamui, derrière lui.
Il le sentit bouger, l’entendit tousser douloureusement.
Le médium releva ostensiblement la tête, son œil unique dans celui ambre de l’autre.
- C’est à moi que vous aviez affaire. A moi seul…, murmura-t-il, la voix vibrante.
Seïshiro le regarda, sans sourire. Son visage n’exprimait rien.
Puis il soupira, baissa un instant la tête, comme las et lorsqu’il la releva, son sourire était mélancolique.
- Et dire qu’il y a quelques années, tu aurais vendu ton âme pour pouvoir me protéger de la sorte…

« Un rein… Juste un rein… Pour Yuya… »

Le bruit de la lame rencontrant la chair.

Tout ceci remonta à la mémoire de Subaru d’un seul coup. Le regard fou et désespéré de la femme, celui ironique de son sauveur, sa main plaquée sur son œil en sang.
De ce « sauveur » en face de lui et qui, aujourd’hui, n’était pas un mirage.

Subaru semblait perdu dans ses pensées, son regard fixé sur lui comme s’il ne le voyait pas, comme s’il eut regardé au travers d’une vitre transparente.
Il se jura que bientôt, très bientôt, ce regard ne serait plus fixé que sur lui.
Exclusivement sur lui, à nouveau.
Derrière le médium, l’adolescent s’était redressé, semblait souffrir le martyr.
Mais son regard haineux et noir était centré sur lui. Et il ne dévierait pas, l’assassin le savait.
L’obstacle entre Subaru et ses souvenirs, c’était lui, il en était certain à présent.
Et, Kamui ou pas, il le ferait disparaître…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Mais qu’est-ce qu’il fout, cet espèce de… ?!!
Yuzuriha sursauta, se retourna vers le moine.
- Mais, il a peut-être…, tenta-t-elle avec appréhension.
- Mais je m’en balance de ce qu’il a bien pu faire ou pas ! Je veux juste qu’il se ramène ici, et vite ou je ne donne pas cher de sa peau !
Arashi pinça les lèvres, retenant difficilement son envie de le gifler.
- L’heure annoncée par la Princesse est passée depuis longtemps…, se contenta-t-elle de constater, glaciale. Il a dû avoir un problème.
Sorata la fixa, ricana et mima grossièrement une illumination subite.
- Oh, bien sûr, suis-je bête ! Et bien, si son problème s’appelle Subaru, je peux te garantir que le mien est un nain déprimé et borné… !
- T’énerver et être grossier ne sert à rien sinon à te rendre encore plus ridicule.
Sorata s’arrêta net, dévisagea la prêtresse, comme sonné.
- Et en plus, ce serait moi le coupable ? demanda-t-il, son ton radouci ne cachant pas sa colère bien réelle.
Arashi soutint son regard, jusqu’à ce que le moine cille et cligne des yeux puis murmura :
- Si Kamui n’est pas là, c’est qu’il s’est passé quelque chose. Et si aucun Dragon de la Terre n’est venu jusqu’ici, c’est qu’ils avaient une autre idée en tête.
Sorata haussa un sourcil.
- Oui, mais la Princesse…
- Je ne vois pas en quoi lire l’avenir la soustrairait au nombre des humains ! Elle s’est trompée, Sorata, elle n’est pas infaillible !
Le garçon roula les yeux.
- … Admettons que tu ais raison, concéda-t-il, faisant visiblement de gros efforts pour ne pas se mettre à crier. Donc, qu’est-ce qu’on devrait faire maintenant ?
Arashi fit mine de réfléchir.
- Deux d’entre nous devraient rester ici, au cas où la prédiction serait vérifiée.
Mais son ton conciliant montrait à quel point elle en doutait.
- Le troisième retournera auprès d’Hinoto. Et partira à la recherche de Kamui.
- Et Subaru, je suppose ? fit le moine, qui n’était pas dupe. Car si Kamui n’est pas là, je serais vraiment surpris qu’il l’ait quitté…
Il renifla.
- Et je présume que, même si je ne suis pas d’accord, tu t’attribueras cette mission. Non ?
Arashi ne dit rien, se contentant de soutenir son regard.
Quant à Sorata, il décida de se taire.
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyMer 24 Mai - 21:00

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- N’approchez pas !
La voix de Subaru se voulait ferme, elle était surtout paniquée.
Il faisait face à Seïshiro avec droiture mais ses jambes tremblotantes menaçaient de le trahir.
- Je te fais peur, c’est ça ? siffla alors l’assassin, son œil unique lançant des éclairs. Ne nie pas, tu es terrifié !
Il avait craché cette phrase d’une voix vibrante de colère.
Il ne fallait surtout pas qu’il perde son calme, il risquait de se trahir.
Mais ce regard… Ce regard dardé sur lui, flamboyant de rage et apeuré comme celui d’un enfant…
Subaru avait reculé à son approche, avec peur, presque avec dégoût.
- Tu crois vraiment que je pourrais te faire du mal ?! A toi ?! Subaru !
Il avait crié, presque hurlé et ce cri sembla frapper le médium comme un gifle. Mais il ne baissa pas les yeux.
Le regard du Sakurazukamori dévia alors sur Kamui.
Celui-ci, la tête posée à même le sol, dans le prolongement de son corps, comme s’il n’avait déjà plus la force de la tenir droite, avait fermé les yeux.
Il paressait dans un état critique et pourtant, comme s’il avait senti centrée sur lui l’attention de son ennemi, les rouvrit brusquement.
Son regard améthyste voilé le foudroya et Seïshiro aurait alors juré que…
Oui, il aurait juré qu’il souriait.
- Ecarte-toi, Subaru…, fit-il alors d’une voix très basse, lourde de menaces.
Les yeux de l’interpellé s’agrandirent d’horreur, il ne bougea pas d’un pouce.

C’en fut trop.

- ECARTE-TOI !!
Laissant soudain éclater sa fureur, Seïshiro s’avança, si vite que Subaru crut avoir rêvé en le voyant soudain à côté de lui.
La bouche tordue en un sourire qui était plutôt un rictus, les yeux flamboyants, l’assassin lui attrapa l’épaule, la serra si fort que l’amnésique grimaça et, d’un mouvement, le força à s’éloigner.
Il sentait Subaru se débattre, résister mais il le repoussa avec une telle violence que le médium tomba à terre.
Seïshiro baissa les yeux, constata que Kamui paressait résigné mais continuait de soutenir effrontément son regard.
Le Sakurazukamori recula, à peine, c’était bien suffisant. Comme rendu sourd par la colère, il n’entendit pas Subaru se relever.
Il leva la main, elle se nimba d’une lumière blanche et aveuglante.
Face à l’adolescent moribond, que pour la dernière fois, il regardait dans les yeux, il abaissa le bras, comme on dégaine un revolver.
Un éclair de lumière, si intense que lui-même dû fermer les yeux.
Et il eut soudain l’impression qu’une main énorme, à la fois brûlante et glaciale venait de lui enserrer le ventre, mettant le feu à son corps, le consumant de l’intérieur.
Que se passait-il ? Comment… ?
Un choc brutal, à nouveau. Et malgré la confusion dans laquelle il se trouvait, Seïshiro comprit qu’il venait de s’écraser violemment contre l’armature métallique du pont, repoussé par une force colossale.

Kamui ne chercha pas à comprendre ce qui venait de se passer, en oublia d’être abasourdi, ahuri, désorienté comme il aurait dû l’être, il n’était même pas sûr d’en avoir la force.
Il ne chercha pas à exprimer avec des mots cette sensation qui si souvent le prenait au ventre, d’autant qu’elle était différente cette fois, plus faible, plus ténue.
Mais proche, si proche…
Il en aurait hurlé de joie…

Arashi n’en avait vu qu’un faible éclat de lumière, qui illumina à peine le pont en face d’elle, le pont qu’elle s’apprêtait à rallier d’un bond.
C’était impossible et pourtant, elle le sentait, c’était bien Subaru…
Une barrière de protection tendue à la hâte, comme inconsidérément, dans le feu de l’action, oui peut-être.
Mais cette sensation, à laquelle elle avait fini par s’habituer…
C’en serait un ? Un petit, maladroit, inefficace sur le long terme, prêt à se briser à tout moment.
Mais un kekkaï tout de même, il n’y avait plus de doute.

A suivre…
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyMer 24 Mai - 22:35

Kyaaaaaaaaaaaaa! quelle productivité! je m'absente un mois et tant de chapitres sont écrits, mais quel bonheur!!!

Alors j'adooooooooore comme Sei gère mal tout ça! [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 129ga C'est si beau de crier son amour!!! Vas y Sei! ait le courage d'être humain rien qu'une fois!
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 25 Mai - 10:53

Géniaaaaaaaaaal!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! *cri du coeur*
Kyaaaa j'adore!!!!!! *w* C'est sans doute un de tes meilleurs chapitres (et pourtant, ça semblait pas possible que ça s'améliore encore tellement c'était bien déjà!), la jalousie de Seï qu'il ne parvient plus à réprimer, il est si humain dans ce chapitre, et Kamui blessé par le secret que lui cache Subaru, et Subaru qui parvient enfin à créer un kekkaï pour le proteger...
Je suis trop contente pour Kamui et Sub, mais en même temps la jalousie de Seï est si touchante...
Argh *overdose de bonheur*
Vite je veux la suite je veux la suite jeveuxlasuite!!!!!!!!!!!!!!! Ca y est je suis complètement accro^^

PS: Merci pour l'ava!^^
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 25 Mai - 11:39

...
...
... TT.TT
Je sais pas pourquoi je pleure. Je sais pas quoi dire.
...
C'est magnifique... Les émotions que tu transmets sont si vrai, si vivantes... Et tu écris tellement bien.
On a mal pour Seïshiro, on souffre pour Kamui. On doute avec Subaru.
Et ce kekkai, si petit, si faible, et qui pourtant représente l'espoir pour tous...
Et Seiiiiiii ! Et Subaruuuuu !! Kamuiiii !
Z'ai envie de savoir la fin et en même temps j'ai pas envie... TT___TT
Ouiiinnn !
La suiteuh !
Et merci pour cette avalanche de bohneur^^

Ps : Dsl si le post est pas constructif T.T
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 25 Mai - 13:42

que dire si ce n'est que vos commentaires me vont vraiment droit au coeur? tous vos messages sont si sympathiques, ce sont vraiment des remarques qui me donnent envie d'écrire davantage!
merci! [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 129d
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 1 Juin - 18:03

L'Absent - chapitre XI

Pendant un instant, un bref instant, mais ô combien intense, il eut peur.
Une peur viscérale, une peur qui sembla décupler la douleur, peur au point qu’il failli perdre connaissance pour de bon.
Une terreur qu’il avait crû n’avoir jamais à ressentir, à laquelle penser le faisait rire, naguère.
La peur terrible, l’angoisse atroce de la mort.
Il se souvint, cela n’avait duré qu’une seconde, une seconde qu’il avait essayé d’éviter en comprenant ce qu’il se passait, mais il était déjà trop tard.
Kamui aurait dû disparaître, définitivement, plus jamais il ne voulait voir ce sourire, qui lui montrait sa défaite et ce regard, qui paressait s’en régaler.
Oh, et tout cela ne serait déjà plus si seulement…
Si seulement Subaru ne s’était pas interposé.
Son œil droit le lançait douloureusement, il le percevait plus encore que son ventre, pourtant déchiré par la douleur.
Il l’avait crû mort, cet œil et pourtant il lui faisait si mal… Presque autant que ce jour-là…

Arashi ne s’était pas attendue à voir cela. Comment se faisait-il que le pont n’ait pas encore succombé à la violence des coups échangés, c’était un mystère.
Kamui était à terre, les yeux fermés, le visage blême, il paressait au plus mal.
Elle reconnut le Sakurazukamori, et celui-ci ne la remarqua même pas.
Son long manteau de cuir maculé de larges tâches de sang, ses vêtements brûlés à divers endroits, son attitude ramassée et sa main gantée crispée sur son ventre dénotaient la plus intense des douleurs.
Et son visage était méconnaissable, déformé par la rage.
Et là, entre eux deux, si apeuré, si déplacé dans ce paysage d’apocalypse…
Subaru se tenait là, accroupi devant Kamui, étonnamment préservé des souffrances et des blessures, comme protégé par le diable.
Plus aucune trace de cette énergie phénoménale déployée par l’amnésique il y avait à peine un instant, plus rien dans l’air si ce n’est cette lourde et capiteuse odeur de sang.
Le pont allait s’écrouler, ce n’était plus qu’une question de temps, tendre un kekkaï maintenant lui paressait aussi inutile de dérisoire.

Le pont frémit, mais ce fut si infime que Subaru crû avoir rêver.
Mais une effroyable secousse suivit, faisant trembler le sol, son cœur s’arrêta presque de battre mais il n’eut pas le moindre tressaillement, le moindre frisson.
C’était comme si on venait de l’enchaîner à un mur, un soudain épuisement rendait son corps si lourd que le moindre mouvement était presque une souffrance.
Il vit, comme au travers d’un épais brouillard, le Sakurazukamori se relever, l’éclat de son œil ambre le transperça aussi durement qu’un sabre.
Subaru releva la tête, ferma les yeux, comme en attente.
Il sentait sous lui le sol se mouvoir, il entendait les débris rouler, le fracas lointain des pylônes s’arc-boutant, puis se brisant net.
Ce n’était plus qu’une question de secondes, il en était certain…
Et pourtant, il attendait. Quoi ? Qu’attendait-il au fond ? La mort ?
Si ce pont s’écroulait, il mourrait probablement, enseveli sous les décombres, écrasé, noyé…
Sa main chercha à tâtons le corps de Kamui, la referma sur son poignet inerte et froid.
Mon Dieu, si froid…
Il ouvrit grand les yeux.

Elle vit Subaru se relever, lentement, défiant le tueur des yeux, plus assuré que ne l’indiquait son attitude, à la fois pathétique et pourtant étrangement digne.
Se concentrant, elle sentit bientôt le fourmillement familier s’emparer de son bras droit.
Quelques instants plus tard, elle tenait l’épée dans son poing crispé.
Crispé jusqu’à la douleur.

La rage et la souffrance ne font pas bon ménage, Seïshiro l’expérimenta à ses frais quand, ivre de colère, il voulut se précipiter sur Subaru, le prendre contre lui, enfoncer sa main dans ses chairs fragiles et chaudes, entourer de sa main son cœur palpitant.
Son cœur si chaud…
« Si tu essayes de tuer Subaru… De la même manière que tu m’as tué… »
La menace d’Hokuto flotta un instant dans son esprit, il n’y prêta aucune attention.
Oui, le prendre dans ses bras…

La dernière arche céda dans un fracas innommable. Plus rien ne les retenait à présent, et surtout pas le sol qui se déroba sous ses pieds.
On le tira en arrière, il aperçut en un éclair le regard pressant et affolé d’Arashi.
Elle lui cria quelque chose mais ses lèvres remuaient en vain, il n’entendait plus rien.
Puis la réalité se rappela à lui, incisive et désespérée.
Il se baissa, prit et maintint fermement le corps immobile de Kamui contre lui, courut, Arashi le précédant.
Il eut à peine le temps de se retourner, pour constater que le Sakurazukamori avait disparu.
Envolé.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

La porte automatique s’ouvrit devant lui, libérant la voie.
A l’intérieur de la pièce immense régnait un froid polaire, mais l’écart brusque de température ne provoqua chez lui qu’un léger frisson, à peine perceptible.
Il avait l’habitude.
L’écho de ses pas lui fut renvoyé amplifié par l’espace alors qu’il s’avançait lentement.
Au centre de cette caverne aux murs lisses trônait la créature artificielle la plus hideusement superbe qu’il lui ait été donné de voir.
Gigantesque et frémissant comme s’il avait été vivant, Beast se tenait là, impassible et droit dans le froid glacial, tel un fémur de mammouth millénaire enfermé dans la glace.
Alors qu’il s’en approchait, des nuages de fumée s’élevèrent d’une de ses extrémités, comme alertés par sa présence, un bruit sec et métallique se fit entendre.
C’était l’heure.
L’instant d’après, il recevait entre ses bras ouverts le corps fin et blanc, légèrement vêtu, d’une jolie jeune fille.
Lorsqu’il la posa à terre, souriant distraitement, de longs et minces filaments parcourus d’électricité sortirent du corps de la créature électronique.
Ils s’enroulèrent un bref instant autour de la jeune fille, comme les bras caressants d’un amant et déposèrent dans sa main tendue une paire de lunettes de vue.
Celle-ci les chaussa, donna une petite tape amicale sur les fils de métal qui se résorbèrent dans un chuintement apathique.
D’un geste, elle remonta la fermeture éclair de sa veste, dérobant à la vue de l’homme son décolleté plongeant.
- Je suis venu te chercher pour le thé, fit simplement celui-ci avec son habituel sourire de séducteur. J’espère que je ne t’ais pas dérangé.
Elle secoua la tête.
- Non… A vrai dire, je commençais à m’ennuyer.
Un tremblement parcouru la pièce de part et d’autre, comme si Beast soupirait de désarroi.
Alors que la porte épaisse se refermait derrière eux, l’homme se retourna vers sa compagne.
- J’ai écouté les informations tout à l’heure, commença-t-il. Le Rainbow-Bridge s’est effondré, tu n’as donc pas tant perdu ton temps !
La jeune fille le regarda, son regard étonné agrandi trois fois par le verre grossissant de ses lunettes.
- Yuto, de quoi parles-tu ? demanda-t-elle avec méfiance.
Cela ne décontenança pas l’interpellé, qui décida de s’expliciter davantage.
Après tout, il était coutumier de ce genre d’excentricité.
- On a rapporté un séisme d’amplitude 5 qui a fait s’écrouler le Rainbow-Bridge cet après-midi. Ce n’était pas Kamui, je viens de le voir partir pour je ne sais où. Et comme tu as passé la journée avec Beast…
- Désolée Yuto mais je n’ais rien à voir avec ça, l’interrompit la jeune fille, son ton aussi neutre que son expression.
Puis, souriant à peine, elle proposa :
- Mais si nous rejoignions Kanoé ? J’avoue que je meurs de soif.
- Si vous voulez bien vous donner la peine…, invita l’homme en lui ouvrant la porte.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Arashi ferma les yeux, les rouvrit instantanément avec un sursaut.
Il ne lui fallait pas s’assoupir, pas tout de suite, pas avant de savoir…
Depuis combien de temps au juste attendait-elle ?
Peut-être dix minutes, peut-être dix heures… C’était comme si l’irréalité de son existence l’avait soudain rattrapé, lui faisant perdre toute notion du temps.
Elle se leva et, silencieuse comme une ombre, s’approcha de la baie vitrée.
Dehors, il faisait déjà nuit, pour autant qu’il puisse faire nuit à Tokyo.
Une porte s’ouvrit non loin, lui faisant dresser l’oreille.
Une lumière froide jaillit du plafonnier, elle cligna des yeux.
Mais lorsque sa vision se fit plus nette, elle reconnut Subaru dans l’embrasure de la porte.
Ses bras étaient recouverts de bandages, un pansement ornait son front, à demi-masqué par de longues mèches noires qu’on avait débarrassé du sang coagulé.
Derrière lui, un homme d’âge mûr, aux cheveux aussi blancs que sa blouse.
- Dites-moi, docteur, s’il vous plaît…
Subaru paressait épuisé mais sa voix vibrait d’anxiété.
Le praticien baissa les yeux.
- Je ne peux rien vous dire pour le moment, j’en suis désolé mais je vous tiens au courant, soyez-en sûr.
Un instant, Subaru parut sur le point de lui tordre le coup, dans une bouffée d’agressivité mais finalement se résolut à s’asseoir prés d’Arashi alors que l’homme quittait la pièce.
Mais même là, il ne parvenait pas à garder son calme, ne cessait de se tordre les mains, de croiser et de décroiser les jambes, de se balancer d’avant en arrière inlassablement, en proie à la plus vive inquiétude.
Puis cessa soudain, posa une main tremblotante sur le bras de la jeune fille.
- Arashi, tu penses que… ?
- Oui, je pense sincèrement qu’il s’en sortira, il ne faut pas avoir peur, fit-elle d’une voix aussi calme que possible.
Subaru était suffisamment énervé comme ça, nul besoin de lui montrer à quel point elle aussi était rongée par l'appréhension.
Savoir qu’à cette heure-ci, personne n’aurait pu dire ce qu’il adviendrait de Kamui la mettait dans un état de peur confinant à la panique.
Et Subaru également. Peut-être était-ce même pire. Et lui n’était capable de le dissimuler que partiellement.
- Il ne faut pas que… Qu’il… !
Fixant l’amnésique que l’anxiété laissait balbutiant, elle hocha la tête, signe qu’elle comprenait, qu’il n’avait pas besoin d’aller jusqu’au bout de sa pensée.
- Sinon je ne pourrais pas lui dire… Quelque chose…
Sans savoir pourquoi, elle sentit son cœur se serrer.
- Tout à l’heure, fit-elle alors. Tu as crée un kekkaï, c’était bien toi, pas vrai ?
Le médium la fixa, éperdu.
- Quand j’ai compris qu’il voulait le tuer… Mais je ne peux pas expliquer, je n’y comprends plus rien ! s’emporta-t-il.
- Tu t’es interposé, c’est ça ?
Subaru soupira.
- Oui. J’ai à tout prix voulu faire quelque chose, je n’ais même pas réfléchi. Et puis… Je ne sais pas.
- Ce n’était pas vraiment un kekkaï…
La prêtresse réfléchissait tout haut.
- Tu l’as crée pour protéger Kamui, c’est grâce à lui… Mais cette barrière a renvoyé au Sakurazukamori son propre sort.
Elle eut un maigre sourire.
- Je pense qu’il ne s’attendait pas à ça.
- Personne ne s’attendait à ça !
Le médium se leva soudainement, s’approcha de la fenêtre, plaqua ses paumes contre la vitre, fixant l’une des dizaines de milliers de petites lueurs fantômes.
Ce n’était pas la tour de Tokyo, songea-t-il. Mais on voyait bien la ville d’ici.
« Kamui… »
Il ferma les yeux un court instant puis se retourna vers la jeune fille.
- … Il s’est passé autre chose…, murmura-t-il dans un souffle.
Arashi ouvrit de grands yeux, l’écoutant.
- Quand j’ai renvoyé le sort… Et qu’il l’a touché, qu’il l’a blessé… J’ai vu des choses, des images, j’ai entendu des sons, j’ai senti des odeurs…
- Des souvenirs ? demanda la prêtresse, comme n’osant y croire.
Subaru hocha la tête, bien qu’il ne parut pas très sûr de son diagnostic.
- Et… Est-ce que tu as vu… ?
Elle laissa sa phrase en suspens, constatant que Subaru ne l’écoutait pas, tout entier qu’il était à ressasser ses pensées.
Elle posa ses mains sur ses genoux, décidée à attendre qu’il parle de lui-même.
Et cela ne tarda pas.
- Je me suis vu, petit, puis un peu plus grand… Je suis sûr que c’était moi ! J’avais deux yeux, et puis…
Il posa sa tête contre la vitre froide, soupira de bien-être lorsqu’elle rencontra son front brûlant.
- J’ai vu une jeune fille qui flottait dans les airs, une femme qui tenait dans sa main la tête de son chien décapité, un bébé qui hurlait… Qu’on battait.
Il se tut un bref instant et resta ainsi, les yeux fermés.
- Je l’ais vu, lui.
Nul besoin d’aide pour comprendre qui était ce « lui ».
- Et elle…
Arashi releva les yeux.
- Qui « elle » ?
- Hokuto…
La jeune fille songea alors avec une certaine tristesse qu’il allait lui falloir se résoudre : Jamais elle ne connaîtrait Subaru autant qu’elle l’aurait voulu.
Et pourtant, elle aurait tellement voulu partager ça avec lui…
L’amnésique se taisait, la tête toujours appuyée contre la fenêtre, le visage invisible aux yeux de la jeune Miko.
Mais son attitude avait changé, c’était infime mais Arashi perçut malgré tout la modification et cela lui serra le cœur.
Son dos s’était voûté, ses épaules abaissées, ses mains s’appuyaient davantage contre le verre glacé, une petite tâche de buée sur la vitre trahissait sa respiration.
Comme si l’épuisement s’était soudain abattu sur lui et que ce mur était désormais son unique soutien, celui qui l’empêcherait de tomber et sombrer.
Elle le vit s’essuyer la joue d’un geste rageur.
Elle se leva sans s’en apercevoir.
Si Subaru pleurait, s’il pleurait réellement…
Mais elle eut à peine le temps de s’approcher de lui qu’un discret « Hum, hum… » les fit se retourner.
Le médecin aux cheveux blancs se tenait là, droit comme un I, une liasse épaisse de feuille entre les mains, Subaru traversa la pièce en coup de vent pour se planter devant lui.
Le praticien toisa le jeune homme de haut en bas puis, laissant un silence crispant et déplaisant s’installer.
- Alors ?! fit Subaru après quelques instants, tendu comme un arc.
Sa voix s’était faite plus agressive qu’il ne l’avait voulu mais ce petit jeu lui était insupportable.
- L’opération est terminée, commença l’homme. Il doit être en salle de réveil à l’heure qu’il est. Il est hors de danger.
Subaru crût un instant défaillir de soulagement.
Un sourire éclaira le visage d’Arashi, alors qu’elle sentait un poids disparaître de ses épaules.
- Nous ne savons trop comment vous remercier…, murmura-t-elle.
Le médium quant à lui, ne dit rien, il semblait ailleurs.
Le médecin eut un sourire vague et haussa les épaules, coutumier de ce genre de réflexion.
- Il est très assommé, continua-t-il comme si de rien n’était. Mais après un tel choc, quoi de plus normal ? Il ne se réveillera sans doute pas avant demain matin.
Arashi posa une main sur le bras de Subaru.
- Tu es rassuré à présent ? demanda-t-elle d’une voix douce. Je pense que nous pouvons rentrer, tu ne crois pas ?
Subaru n’eut pas la moindre réaction, au point que la prêtresse se demanda s’il l’avait réellement entendu. Elle serra encore une fois la main de l’homme.
Ils quittèrent la salle d’attente, parcoururent les couloirs sombres et vides.
Subaru l’avait finalement comprise, elle entendait ses pas derrière elle qui résonnaient dans le silence.
Mais lorsque, atteignant le large hall d’entrée, elle se retourna, ce fut pour constater qu’elle était seule.
Retournant sur ses pas, elle tendit l’oreille, comme si elle espérait entendre un souffle ou une cavalcade lointaine mais rien, rien de plus que la respiration tranquille de l’hôpital.
L’idée fit alors son chemin en elle, elle chercha des yeux des plaques indicatives, espérant y trouver ce qu’elle cherchait.
Elle refit le chemin en sens inverse, tomba nez à nez avec le docteur qui visiblement s’apprêtait à partir, il avait laissé sa blouse formelle pour revêtir sa tenue de tous les jours.
- Tiens, vous n’êtes pas partis ? s’étonna-t-il dans un chuchotement, comme s’il craignait d’être entendu.
- Pas encore, murmura-t-elle. Dites-moi où se trouve la salle de réveil s’il vous plaît.
L’homme lui jeta un regard de biais.
- Suivez-moi.
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 1 Juin - 18:04

Mais alors qu’ils se trouvaient finalement devant la salle en question, regardant au travers de la petite vitre pratiquée dans la porte, Arashi sentit son envie de l’ouvrir la quitter.
Subaru était là, comme elle l’avait pressenti, assis au chevet de Kamui, son menton posé sur ses mains jointes, dévisageant l’adolescent comme si ce simple regard avait le pouvoir de le faire s’éveiller.
La position de Kamui était semblable à celle d’un gisant mais quelques couleurs décorait ses joues, ce qui soulagea la jeune fille.
- … Il tient beaucoup à lui, pas vrai ?
Arashi hocha la tête.
Elle était incroyablement troublée, un trouble dont elle mit quelques instants à définir l’origine.
Cette scène lui en rappelait une autre, exactement semblable.
A une exception prés, ce n’était pas de Kamui dont on avait alors redouté la fin mais de celui qui à cet instant se trouvait à son chevet.
- Venez, murmura l’homme à ses côtés.
Elle le suivit.

Subaru poussa un petit soupir de soulagement sentant les deux regards braqués sur lui au travers de la porte disparaître et les bruits de pas s’évanouir peu à peu.
Enfin seuls…
La poitrine de Kamui se soulevait et s’abaissait régulièrement, en un rythme monotone et rassurant, qu’il suivit des yeux pendant de longs instants.
Dans un sursaut incontrôlé, le médium attrapa entre les siennes la main inerte de Kamui, la serra, souffle dessus pour la réchauffer, caressa du bout des doigts les lignes compliquées de sa paume, l’embrassa finalement, se figurant qu’il aurait aimé embrasser autre chose ainsi.
- Demain…, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Kamui. Il replaça la main sur le drap. Demain… En attendant, repose-toi bien…
Il bailla et, sans pouvoir s’en empêcher, se laissa presque tomber sur le lit.
Sa tête reposait contre le flanc de Kamui, il sentait son ventre se soulever, entendait presque le battement lointain et tranquille de son cœur.
- Demain… Moi aussi, je suis fatigué…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Ben tiens, ça m’aurait étonné…
Mais la voix de Sorata ne contenait aucun sarcasme.
Arashi eut un petit sourire entendu, Sorata posa une main hésitante sur son épaule.
- Et… Comment dire… ça ne te dérange pas ?
La prêtresse coula vers lui un regard interrogatif.
- Pourquoi ?
Le moine haussa les épaules, détourna les yeux.
- … Pour rien. J’avais juste crû…
Arashi comprit. Aussi ferma-t-elle les yeux un bref instant, pour en chasser toute trace de tristesse.
« Oui, mais je me suis fait une raison. Et ça n’a pas été si difficile… »
- Non, fit-elle finalement. Tu t’es fait des idées je pense.
Sorata parût un rien interdit puis sourit.
- Tu as sans doute raison.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Je me doutais bien que tu étais là…
Il avait murmuré cela d’un ton neutre, car ce n’était qu’une simple constatation, comme il y en avait tant.
Une voix lointaine et basse lui répondit.
- Vas-t-en. Tout de suite.
Kamui eut un petit sourire entendu, fit un pas de plus dans la sombre demeure.
- Crois-tu réellement que ce genre d’ordre fonctionne avec moi, Seïshiro ? fit-il avec un rire, comme s’il venait de raconter une histoire drôle. Décidément, tu me connais bien mal.
L’assassin n’était pas à l’intérieur, aussi le jeune homme se dirigea-t-il vers le jardin.
Un jardin extraordinaire, si luxuriant malgré la saison, et aux fleurs largement ouvertes malgré la pénombre croissante.
Et, comme il s’y attendait, le Sakurazukamori était là.
Mais il fallait voir dans quel état.
Assis par terre, adossé contre un camélia au tronc vigoureux et aux fleurs rouge carmin épanouies, les yeux fermés, les stigmates suintantes de son combat rendues visibles par ses vêtements déchirés, il paressait presque mort…
Mais ses yeux s’ouvrirent brusquement, se braquèrent sur l’adolescent, qu’il devait pourtant mal distinguer dans la noirceur ambiante.
Et la lueur qui animait son regard était presque ironique.
- Puis-je te demander ce que tu fais encore ici ? demanda Seïshiro dans un souffle alors qu’il se redressait tant bien que mal.
S’il avait vraiment décidé d’humilier le Sakurazukamori, Kamui se serait approché, dans le but non dissimulé de l’aider à se relever.
Mais il n’était pas si mesquin, aussi ne bougea-t-il pas.
Seïshiro s’avança vers lui à pas lents, le leader des Dragons de la Terre parcourut son corps des yeux, critique.
- Tu es vraiment en piteux état, constata-t-il. Si tu ne te fais pas soigner, tu en as pour une bonne semaine.
Seïshiro roula les yeux.
- Tu n’es pas venu ici uniquement pour un contrôle de routine, j’imagine, murmura-t-il, piquant. Alors dis-moi tout de suite ce que tu veux et vas-t-en.
- Ne sois pas si pince-sans-rire, murmura Kamui. Tu n’es pas vraiment en position de jouer au plus fin, si je puis me permettre.
Seïshiro se tut et le plus jeune des deux remarqua avec plaisir qu’il avait marqué un point. Mais décida de ne pas en abuser et alla droit au but.
- Il serait capable de te tuer à présent, s’il le voulait. Je pense qu’il l’a suffisamment prouvé.
Seïshiro ne répondit pas.
- Que comptes-tu faire maintenant ? demanda Kamui d’un ton sans nuance.
- Réaliser ce souhait qui a toujours été le sien, à n’en pas douter…
Le tueur avait murmuré cela les yeux levés vers le ciel, vers les étoiles rendues invisibles par les nuages qui s’amoncelaient.
Et davantage pour lui que pour son compagnon, comme s’il avait soudain oublié sa présence.
- Et exaucer le mien, une fois pour toutes.
L’adolescent sourit. Seïshiro était parfois si naïf.
- Son souhait a changé et tu le sais aussi bien que moi, fit-il dans un murmure vague. Mais le tien aussi, alors pourquoi te voiler la face ? Ta vie, et même la sienne, ont désormais moins d’importance que ce que tu désires maintenant.
Seïshiro soupira, eut un petit rire las.
- Et qu’est-ce donc, d’après toi ? demanda-t-il, un brin moqueur. Qu’est-ce qu’aurais pour moi plus d’importance que sa vie, pour laquelle j’ai déjà sacrifié la mienne ?
- Le souvenir qu’il a de toi.
A cela, l’assassin ne répondit rien, aussi Kamui se permit-il de continuer.
- Je le vois, ce désir en toi, il prime sur tous les autres…
L’adolescent haussa les épaules.
- Egoïste jusqu’au bout, encore une fois.
Le silence du tueur ne faisait que renforcer Kamui dans sa conviction d’avoir vu juste.
- … Mais un amour véritable peut-il s’encombrer d’altruisme ou d’équité ? finit par demander Seïshiro. Et puis, sans lui, je serais sans doute encore vivant, vivant comme se doit de l’être un Sakurazukamori…
Il soupira, un sourire un peu fou illumina son visage.
- Mais grâce à lui, vivant, je le suis tellement davantage…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Il avait chaud. Mais en y réfléchissant, ce n’était pas si désagréable que ça. Ni moite ni brûlante, pas inopportune.
Il voulu bouger, se retourner, faire quelque chose mais il s’aperçut bien vite qu’il était comme entravé.
Il ouvrit difficilement les yeux, et ce qu’il vit n’était rien d’autre que de larges aplats de couleurs, sans formes distinctes ou reconnaissables.
Et lorsqu’il put entrevoir ce qui l’entourait avec un peu plus de netteté, ces formes pourtant familières se mouvaient, se dédoublaient, au point qu’il finit par avoir mal au cœur.
Il referma les yeux brièvement et lorsqu’il les rouvrit, l’environnement autour de lui se stabilisa, laissant place au décor qu’il connaissait bien d’une chambre d’hôpital.
Les morceaux du puzzle, jusque là épars, se mirent d’eux-mêmes en place, il se souvint, comprit.
Il était vivant, il n’avait pas succombé aux attaques du Sakurazukamori.
Mais avait dû perdre conscience en chemin, il se rappelait de l’écroulement du pont, dont le fracas avait fait trembler le moindre de ses os.
Ce fut alors qu’il découvrit Subaru, profondément endormi, les bras et la tête reposant sur son matelas, le reste de son corps dans un petit fauteuil, dans une position étrange, à la fois assise et couchée.
Et il s’était endormi la main refermée sur celle de Kamui.
Celui-ci fit bouger ses doigts les uns après les autres, lentement. La prise de Subaru était lâche, il aurait pu s’en défaire comme rien mais ne le fit pas.
Il n’en avait pas la moindre envie.
Une lumière pâle et grise parvenait non sans mal à se frayer un chemin entre les persiennes closes et, ne voyant l’heure marquée nulle part, Kamui en déduisit qu’il était très tôt.
Ainsi, Subaru l’avait veillé toute la nuit. Fixant le médium qui dormait comme un bienheureux, il songea un instant à le réveiller.
Puis se ravisa. Il dormait si bien…
Et s’était donc suffisamment inquiété pour lui au point de rester à son chevet.
Il se souvint alors de cette sensation, éprouvée dans les derniers instants où il avait gardé conscience.
On avait crée un kekkaï, tout prés de lui. Et dans sa tête, il avait vu Subaru.
N’osant comprendre la signification de tout ceci, il décida néanmoins que cela méritait une plus ample réflexion.
Se renfonçant dans les oreillers, les yeux toujours fixés sur l’exorciste endormi, il caressa à peine les doigts détendus qui reposaient contre les siens.
Puis, à regret, retira précautionneusement sa main, afin de se redresser un peu plus dans son lit.
Mais il ne put aller bien loin.
- Non, reste s’il te plaît…
Le regard surpris de l’adolescent croisa alors un œil vert grand ouvert qui le fixait, avec presque de la supplication.
- Ce… Tu es réveillé depuis longtemps ? demanda Kamui, qui avait du mal à s’imaginer que le simple fait de retirer sa main ait pu sortir Subaru de son sommeil en apparence profond.
Mais il n’y avait pourtant aucun doute, cela le rendait extatique.
- Je ne pense pas avoir jamais été endormi, concéda le médium en se redressant et ne cessant pourtant de cligner des yeux. je devais être trop inquiet pour réussir à fermer l’œil.
Et avant que Kamui ait pu dire un mot, Subaru se pencha vers lui, le regard perçant.
- Comment te sens-tu ?
- … Mieux. Bien mieux, murmura le plus jeune avec un certain trouble.
Ce qui après tout était la stricte vérité. Et il lui paressait impossible que Subaru n’y soit pour rien.
Celui-ci sourit, se rassit, et Kamui ne pu s’empêcher d’être déçu.
Il y eut un silence, un de ceux que l’adolescent aimait bien, surtout lorsqu’il le partageait avec le médium.
Subaru le fixait, immobile et muet, d’une façon qui aurait sans doute déconcerté n’importe qui. Mais Kamui se sentait étrangement bien, comme démarqué et existant vraiment avec ce regard posé sur lui.
- Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?
Le lycéen ouvrit de grands yeux, et Subaru semblait parfaitement sérieux.
Kamui hésita. Oui, effectivement, il avait envie de demander quelque chose au médium. Très envie, besoin même mais il ne savait comment le formuler.
- Oui, fit-il avant d’avoir pu songer à se taire.
Presque aussitôt, et alors que rien ne l’y prédisposait, il se sentit paniquer, cherchant à toute vitesse quelque chose à dire, pour s’expliciter.
Quelque chose qui ne serait pas aussi… embarrassant que ce qu’il aurait vraiment voulu.
Tout à sa réflexion, il ne s’aperçut que Subaru s’était levé que lorsque celui-ci s’assit à côté de lui, faisant s’affaisser le matelas.
Des doigts un peu tremblants effleurèrent sa joue.
- … Quelque chose que je pourrais faire pour toi…
Subaru avait murmuré cela si bas que Kamui l’entendit à peine.
Et maintenant, il n’entendait plus rien.
Car à cet instant, Subaru l’embrassait.

A suivre…

J’implore pitié aux fans du Seïshiro/Subaru, qu’elles me laissent vivre !
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 1 Juin - 19:23

OoO
Oo
Rooohh... Un Kamui/Subaru !!!!
En fait, que tu fasses un Kamui/Sub ou un Sei/Sub m'était un peu égal vu que j'aime autant tout les personnages, mais j'ai quand même une petite préference pour l'amoureux transi, à savoir, Seishiro. Le pauvre chou... Il est très émouvant... et "Kamui" est pour une fois compréhensif.
Malgré le fait que, je pense, le couple Kamui/Sub va perdurer jusqu'à la fin, j'espère que Subaru va retrouver la mémoire et se rendre compte que Sei compte pour lui... TT.TT
Et je n'arrive pas à comprendre la relation qu'a Arashi avec Sub et les autres... Ou alors je suis pas très intelligente ^^' (ce serait sympa de me rassurer pour savoir si je dois relire tous les chapitres ou pas ^^")
En tout cas, chapeau et BRAVO !!!
La suite !!!^^
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptySam 3 Juin - 4:47

SEIIIIIIIIIIIIIIIII T___T
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptySam 3 Juin - 8:44

Ooooooooo Je m'y attendais mais ça fait vraiment... bizarre.
C'est toujours aussi bien, et le Kamui/Sub est trop mimi! *w* Mais c'est trop triste pour Seï TT.TT J'aime autant tous les persos, pourquoi l'un deux doit-il forcément souffrir?! Y.Y (un 'tit triangle amoureux? XD)
J'adore les scène avec Seï (oui, je sais, c'est l'apothéose du Kamui/Sub et moi je te parle des passages avec Seï^^ lol), on comprend bien sa rage démentielle, sa jalousie, sa souffrance, sa peur de la mort, pour la première fois... "Mais grâce à lui, vivant, je le suis tellement davantage…" décrit bien sa situation, il paraît beaucoup plus humain dans ces derniers chapitres.

Alea>>
Citation :
Quand j’ai renvoyé le sort… Et qu’il l’a touché, qu’il l’a blessé… J’ai vu des choses, des images, j’ai entendu des sons, j’ai senti des odeurs… [...] Je l'ais vu, lui.
Mais il a déjà retrouvé des souvenirs de Seï!
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 8 Juin - 0:16

Merci toujours pour vos commentaires!

L'Absent - chapitre XII

Demain, c’était demain qu’il sortirait.
Sa convalescence s’était finalement révélée plus courte que prévu, Kamui s’était remis avec une rapidité peu commune.
C’était à cela que Subaru pensait alors qu’il prenait le chemin du Campus Clamp, rappelé à l’ordre par les autres Sceaux.
Un chemin qu’il n’eut aucun mal à parcourir, toutes ces avenues et rues parallèles trouvant à présent un récent écho en lui, il avait l’indice de les avoir arpenté de nombreuses fois par le passé.
Il s’arrêta un bref instant au milieu du trottoir, fixa ses mains tendues devant lui avec perplexité, indifférent aux regards ahuris des passants.
Il réfléchissait. Ces mains étaient-elles réellement capables de tout ceci, de ce qu’il avait pu voir, ces souvenirs aussi précis et nets que des photographies ?
Etaient-elles le réceptacle, l’exécutoire, le moyen de canaliser et d’expulser cette énergie qu’il sentait se mouvoir en lui ? Le moyen de faire que cette énergie guérisse ou tue, au gré de sa volonté ?
Les possibilités lui semblaient infinies, kaléidoscopiques, il en avait presque le tournis.
Et s’en trouvait en même temps très sceptique, comme si tout cela, toutes les bribes de souvenirs qu’il avait entrevu et gravé dans sa mémoire, ne le concernaient pas…
Il avait à ce sujet eu une longue conversation avec Kamui peu de temps auparavant. Encore une de ces conversations à bâtons rompus comme il les adorait et qui, depuis qu’ils s’étaient mutuellement avoués leurs sentiments, prenaient comme une saveur nouvelle et un sens plus profond.

// Flash-back //

- Je vais devoir y aller.
- Je sais, et tu iras. Tu ne peux pas passer ta vie ici.
- …
- Je sors bientôt.
- C’est vrai. C’est juste que…
Kamui se redressa dans son lit, fixa le médium.
- Que… ?
- Je n’ais pas envie de te laisser. Et je n’arrête pas de penser à tout ça.
Kamui se figea, comprenant parfaitement de quoi il était question. Ce n’était pas la première fois que le médium et lui évoquaient ce qu’il s’était passé depuis le Rainbow Bridge, plusieurs jours auparavant.
- J’avoue ne pas savoir que dire de tout ça, continua Subaru. Certaines choses m’ont donnés envie d’en savoir plus. Et en même temps, je n’en ais pas la moindre envie.
Kamui non plus n’en avait pas envie mais il jugea préférable de se taire à ce sujet.
D’autant que Subaru s’en doutait peut-être. Car il le comprenait. Il l’avait toujours compris et c’était encore plus vrai aujourd’hui.
- Ce ne sont après tout que de petits fragments. Il me manque encore tellement de morceaux pour reconstituer tout ça… (il sembla à Kamui que Subaru réfléchissait à voix haute) Et je ne peux que penser qu’il en est la pièce maîtresse.
Kamui ne put s’empêcher d’être content en entendant ce « il ». car même s’il s’avait pertinemment de qui il s’agissait, il n’avait entendu aucune italique, aucun changement de ton dans la voix du médium. De même que son visage n’exprimait que la réflexion, il ne s’y peignait plus ce désespoir mêlé d’amour à la simple évocation de ce qui se cachait derrière ce petit pronom.
- Tu es vraiment sûr que c’est en le blessant que… ?
L’adolescent avait l’impression d’avoir passé son temps à poser cette question, tout en se doutant que, s’il l’avait fait, c’était uniquement dans sa tête, durant ses heures d’insomnie.
Subaru hocha la tête.
- Quoi d’autre ? Et puis, je ne l’ais pas souvent approché mais je le reconnaîtrais entre mille, il est le seul à me faire cet effet-là…
Voyant que Kamui semblait perplexe, il se hâta d’expliciter sa pensée.
- C’est très étrange. Sa présence est écrasante, je n’arrive pas à penser à autre chose lorsqu’il est prés de moi. Ecrasante, oui c’est ça. Et terrifiante aussi, il semble être en colère contre le monde entier, j’imagine sans aucun mal ce dont il est capable.
- Pas besoin d’imaginer, si tu veux mon avis. Tu l’as très bien vu, jusqu’où il peut arriver.
Malgré le fait que ces paroles soient plutôt élogieuses pour le Sakurazukamori, la haine de Kamui y était palpable.
Il y eut un petit silence.
- Mais je crois que je ne pourrais pas continuer comme ça. Malgré tout, il faut que je sache.
Kamui eut un petit sourire.
- Oui, je comprends.
Subaru se pencha, l’embrassa sur le front, sa main jouant dans les cheveux en bataille.
- Je vais y aller, sans quoi ils vont finir par me ramener par la peau du cou.
- Ils ne doivent pas avoir que ça comme sujet d’inquiétude.
- Hum hum. Aucun kekkaï n’a été détruit depuis… Fuma semble avoir disparu, personne ne doute que ce soit mauvais signe.
Subaru l’embrassa à nouveau en disant cela, puis fit volte-face pour se diriger vers la porte.
- ... Encore une chose, murmura le lycéen.
Le médium se retourna, à l’écoute.
- Pourquoi ne l’appelles-tu pas « Kamui » ?
Subaru parût surpris, comme si cette question n’avait pas de sens.
- Je ne vois pas pourquoi j’appellerais « Kamui » quelqu’un qui te ressemble si peu…

// Fin du flash-back //

Quelqu’un le bouscula par inadvertance, le tirant brusquement de ses pensées, le ramenant sur terre.
La rumeur de l’avenue autour de lui ne semblait plus qu’un murmure et il s’aperçut soudain que l’endroit, si bondé et animé il y a peu, s’était soudain pratiquement déserté, comme si une soudaine rafale de vent avait fait s’envoler tous ses occupants.
Le hasard, dans de telles circonstances, n’avait pas lieu d’être, il l’avait appris à ses dépens. Il se raidit brusquement, s’arrêta, quelque chose dans son corps lui intimant l’ordre de se tenir prêt.
Il fixait le béton devant lui, tous les sens en alerte, immobile et tendu comme un arc.
Un froissement de toile, un mouvement ample mais discret à quelques mètres de lui. Il combattit férocement l’envie de se retourner pour faire front, de ne plus lui présenter son dos vulnérable.
Il pouvait presque sentir l’autre sourire, son regard dardé sur lui.
Le glissement furtif d’un corps qui s’avance, un serpent se déplaçant sur les feuilles mortes.
Les mains de Subaru vibraient lorsqu’il les joignit, tentant de se concentrer le plus fermement possible.
Il songea à Kamui, de toutes ses forces, si fort qu’il crût un bref instant l’avoir en face de lui, crût tenir serrées entre ses mains celles de l’adolescent.
« Déploie-toi… »
Ses mains bouillonnaient d’une énergie phénoménale, qui ne demandait qu’à faire éclater sa puissance, les yeux clos, il étendit brusquement les bras.
L’air tout autour de lui fut parcouru d’ondes et d’électricité, qu’il sentait fourmiller, se presser contre lui.
Une main agrippa brusquement son épaule, l’attira en arrière, lui fit percuter un corps musculeux.
- Joli travail…, murmura à son oreille une voix fielleuse.
Rassemblant ses forces, Subaru se dégagea brusquement et se retourna d’un bloc, faisant face à son adversaire.
Son kekkaï, de forme indistincte, s’élançait haut dans le ciel mais recouvrait peu de surface au sol, restreignant considérablement leur espace de combat.
Ce qui jouait sans contexte en sa défaveur mais il n’y pensait pas à cet instant car son kekkaï existait. Et il n’avait plus qu’à espérer qu’il tiendrait le plus longtemps possible…
Face à lui, les yeux levés vers le ciel comme s’il en appréciait la lumière, Fuma souriait.
- Je ne m’attendais pas à un tel résultat si rapidement, c’est assez impressionnant, je dois l’avouer…
Les yeux sombres du Dragon de la Terre se fixèrent sur lui, brillants d’une lueur indéfinissable.
- Tu es décidément diablement intéressant.
Et, sans préavis, il fondit sur le médium, avec la rapidité meurtrière d’un rapace.
Subaru parvint à éviter la charge au dernier instant, en une feinte instinctive mais efficace.
Mais celle-ci, loin de décourager son adversaire, sembla faire redoubler la puissance de ses attaques.
Et Subaru n’évita la seconde que trop tard, il fut projeté brusquement face contre terre.
Mais il se releva rapidement et, ignorant le sourire goguenard de Fuma, qui semblait beaucoup s’amuser, il joignit soudainement ses mains, ferma les yeux à s’en faire mal et commença sa psalmodie à toute vitesse.
Une boule de feu crépitante se matérialisa devant lui, il la précipita sur l’autre avec l’énergie du désespoir.
Celui-ci la regarda venir avec tranquillité et se déplaça à peine, comme s’il savait d’avance les dégâts qu’elle pouvait causer.
Le sort de l’exorciste sembla être absorbé par son corps, il y eut un fracas épouvantable et lorsque Fuma se redressa, Subaru s’aperçut que la chaleur dégagée avait noirci et brûlé une partie des vêtements de l’Ange et creusé une plaie béante dans sa joue droite.
Mais Fuma ne parut pas s’en formaliser outre mesure, au contraire, contemplant ostensiblement le médium, il introduisit son index entre les lèvres de la plaie, le ramena sanglant et le porta à sa bouche.
- Bon, il est temps de mettre un terme à cette mascarade…, annonça-t-il avec comme une pointe de déception dans la voix.
Subaru prit peur, tenta de rassembler l’énergie qui lui restait pour une nouvelle attaque, ou ne serait-ce qu’une tentative de défense…
Mais son adversaire se précipita sur lui, si vite que l’amnésique ne le vit pas faire le moindre mouvement et en un clin d’œil, Fuma le neutralisa jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger d’un pouce.
Il passa un bras noueux autour du cou du jeune Sceau, emprisonnant ses bras dans son dos, serra, jusqu’à ce que Subaru se débatte et suffoque, le relâcha soudain et le frappa avec tant de rudesse qu’il tomba en arrière sur le sol, les bras en croix, comme un pantin désarticulé.
Subaru voulut se relever, vite, le plus vite possible mais une main de fer fut plaquée contre sa gorge, il sentit les doigts glacials serrer et malaxer sa carotide vibrante, comme s’il hésitait encore à l’arracher.
Il manquait d’air, des points rouges dansaient devant ses yeux, lui obturant la vue, faisant de Fuma au dessus de lui une silhouette indistincte et mouvante.
Qui, en un seul instant, remplit tout l’espace , lui cachant le peu de lumière qui filtrait encore au travers de se yeux mi-clos.
La prise sur son cou se relâcha brusquement, et deux lèvres entrèrent en contact avec les siennes, en un baiser qui ne méritait même pas ce nom, tant il était vorace et violent.
Une main passa derrière sa tête, agrippa ses cheveux et tira sa tête en arrière, s’allongea littéralement sur le corps du médium, lui coupant le peu de souffle qui lui restait.
Rien, absolument rien de comparable avec les doux baisers échangés avec Kamui, Fuma ne l’embrassait pas, il le dévorait.
Les lèvres qu’il avait prise de force, il les mordait, leurs dents s’entrechoquaient, il écrasait le corps du médium du sien, coupant toute retraite, comme s’il essayait de se fondre en lui.
Puis soudain la prise du Dragon de la Terre sur lui sembla s’amenuiser, jusqu’à se relâcher tout à fait. Subaru ouvrit les yeux, au dessus de lui, le regard de Fuma étincelait d’une lueur terrifiante tant elle était malsaine.
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 8 Juin - 0:16

Quant à son sourire, il était étrangement condescendant.
Le pouce de l’Ange traça une ligne invisible sur le visage de Subaru, lui faisant fermer son œil mort d’une légère pression de l’ongle.
- Seïshiro est terriblement jaloux de cette blessure…, murmura-t-il, une note de fierté dans le voix. Peut-être lui rappelle-t-elle qu’il a laissé passer sa chance…
Trop déconnecté de la réalité pour réellement comprendre le sens de ces paroles, Subaru sentit pourtant son cœur se serrer.
- Tu as changé, il est resté le même. Il en va de même pour vos souhaits. Et lui n’attend que toi pour le réaliser…
Vestige des morsures vampiriques de son vis-à-vis, un filet de sang coulait le long de la lèvre de l’amnésique, tâchait son menton. Fuma l’essuya d’un geste appuyé du pouce, se pencha et aspira un instant le sang aux lèvres même de la blessure.
- C’est bon, tu n’es pas trop abîmé, constata-t-il. Je ne pense pas qu’il m’en tiendra rigueur…
Subaru ne put s’empêcher de se demander auquel de ces deux « il » Fuma faisait allusion.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Pétrifié, Kamui n’osait bouger, concentré, il ne respirait même plus.
Il ne pouvait se tromper, il l’avait bien senti, faiblement encore une fois mais de part son statut de Dragon du Ciel, c’était une sensation qui lui été devenue familière.
C’était bien l’énergie d’un kekkaï qu’il sentait et qu’il était, même lui, incapable de localiser.
Et il avait à peine honte de se l’avouer, il ne se serait sans doute pas tant alarmé si ce kekkaï avait été crée par un autre.
Par une autre personne, certes de son clan mais malgré tout une autre personne que Subaru…
Et lui qui ne pouvait rien faire, qui se trouvait bloqué ici alors que Dieu seul savait qui l’exorciste avait pu rencontrer…
Il se concentra de toutes ses forces mais malgré ses efforts, il ne pouvait déterminer l’endroit où la barrière était dressée, l’énergie qu’elle dégageait était beaucoup trop faible.
Il eut une grimace de désespoir : si lui même ne le voyait pas, comment les autres parviendraient-ils à le secourir à temps ?!
Au même instant, il sentit soudain le kekkaï disparaître, disparaître totalement, mais de façon lente, exagérément lente, pas comme il aurait dû disparaître, se dissipant dans son esprit en petites particules, comme les atomes d’une odeur s’éparpillant après un coup de vent.

Kamui ferma les yeux.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Une crevasse d’une dizaine de mètres de long avait éventré le sol, faisant alentour se fissurer le bitume, révélant les câbles rompus et les canalisations percées.
Une nuage de poussière recouvrait encore le lieu, cachant le soleil, dense comme la fumée âcre d’un incendie.
Subaru était parvenu à se redresser en position assise, adossé contre un mur craquelé, et respirait par à-coups, tentant de reprendre son souffle.
Comme il l’avait présagé, son kekkaï s’était effondré tel un château de cartes dés que la situation ne lui avait plus permis la concentration nécessaire, ce qui avait arrangé Fuma. Il avait disparu le temps d’un battement de paupières.
Mais les dégâts s’étaient malgré tout révélés moindres, autant pour lui-même que pour son environnement.
Il eut une toux douloureuse, la paume de sa main se décora de quelques gouttes de sang.
Il songea soudain que les autres Sceaux avaient dû ressentir la création de son kekkaï. Et sa destruction, qui n’avait rien de naturelle…
Il espéra silencieusement que Kamui ne s’inquiétait pas trop.
Au moment même où il songea au jeune garçon, une étrange sensation s’empara de lui, une sensation qui n’avait rien d’agréable et qui faisait battre sourdement son cœur.
Il n’était pas seul, l’épiait de quelque part, il en avait la certitude.
Ce n’était pas du genre du Kamui des Dragons de la Terre de l’observer ainsi à la dérobée, surtout après ce qu’il venait de se passer.
Et ce n’était de toute façon pas l’aura de Fuma qu’il percevait, pas ce réceptacle de magie brute et de puissance difficilement contenue, c’était beaucoup plus subtil, beaucoup plus discret que cela.
Il la connaissait cette présence, elle avait fini par devenir annonciatrice de mauvais présages.
Prostré, respirant par saccades, il tentait désespérément de deviner ses intentions, allait-il profiter du moment pour l’attaquer ou se contenterait-il simplement de jouer les voyeurs ?
Quoi qu’il en fût, il n’était pas judicieux de rester ici, aussi se redressa-t-il, non sans quelques grimaces mais en constatant avec un certain soulagement qu’il pouvait bouger tout à fait normalement.
Les poings serrés au creux de ses poches, il prit le chemin du Campus, concentré sur la présence derrière lui.
Qui s’évapora au bout de quelques minutes, si brusquement qu’il se demanda si elle n’avait pas en fait été le fruit de son imagination.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- … Et lorsque je suis arrivé, Arashi et Karen s’apprêtaient à partir à ma recherche. Ils m’ont avoués avoir perdu beaucoup de temps à tenter de me localiser, ils avaient peur qu’ils ne soient trop tard.
Kamui passa pensivement son doigt sur la petite balafre qui ornait la joue de Subaru.
- C’est vrai que même moi, je n’ais pas réussi à te retrouver. Ton kekkaï était trop faible et il a disparu trop rapidement.
Il serra les poings.
- De toutes façons, je ne pouvais rien faire… Je ne crois pas m’être senti aussi mal que lorsque je l’ais senti disparaître, comme ça…
Le médium couvrit des siennes les mains crispées de l’adolescent, fit se relâcher ses doigts les uns après les autres.
- Tu sais, sans toi, il n’y aurait pas eu de barrière du tout. C’est en pensant à toi que je l’ais crée.
Les lèvres de Kamui se retroussèrent presque malgré lui.
- … C’est étonnant que Fuma t’ait laissé repartir aussi facilement.
Il n’avait fait aucun doute pour Kamui que son alter-ego n’avait pas eu d’autre ambition que de tuer l’exorciste, même si la raison lui échappait.
- Moi aussi, sur le moment, concéda Subaru, pensif. Mais son attitude était très étrange, il semblait vouloir m’intimider mais s’arrangeait toujours pour que ses attaques ne me blessent pas sérieusement…
Il n’avait pas parlé à Kamui du baiser forcé échangé avec Fuma car même si sa responsabilité dans cette histoire était minime, voir inexistante, quelque chose l’avait contraint à taire cet épisode.
- Quant à mes attaques, j’ai eu l’impression qu’il cherchait à être atteint, ne serait-ce que pour me montrer à quel point elles étaient inefficaces.
Kamui sourit, un petit sourire ironique.
- Oui, c’est quelque chose qui lui plaît.
Subaru plissa les yeux.
- Mais il me semble en y repensant qu’il n’était pas venu pour tout ça… Juste pour me parler.

« … Et lui n’attend que toi pour le réaliser… »

Kamui ne répondit pas.
Et l’espace d’un instant, alors qu’il fixait le médium, il se sentit mal alors que le regard de Subaru se faisait vague, alors qu’il le voyait se perdre dans ses pensées.
L’exorciste ne lui avait que très peu parler du Sakurazukamori depuis son retour mais l’adolescent sentait bien que cela le tourmentait. Et il en ressentait de l’amertume.
C’était une chose qu’il avait espéré révolue, de toutes ses forces, et voilà que Seïshiro paressait reprendre ses droits sur l’esprit de celui qu’il aimait.
Mais à peine cette déconvenue venait-elle de s’imposer à lui que Subaru parut revenir, le lycéen le vit se coucher, d’un seul coup, comme on tombe dans le vide. Il sentit un bras entourer sa taille et la joue de Subaru se pressa contre son ventre.
Le silence se fit, le lycéen jouait à entrelacer ses doigts dans les courts cheveux sombres, Subaru accompagnait le léger mouvement de sa respiration.
Arriva un moment où Kamui se coucha à son tour mais l’attitude du médium ne varia pas, il le garda serré contre lui.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Bonsoir.
Surprise, Karen eut un sursaut.
- Oh, c’est vous ! s’exclama-t-elle en apercevant Seïishiro sortir de l’ombre, son habituel et si affable sourire aux lèvres.
- Mais… Il est tard, constata-t-elle, étonnée de sa présence. Je pensais qu’à cette heure-ci, vous étiez rentré chez vous.
Elle espéra que son ton ne dévoilait pas trop à quel point elle était heureuse que ce ne soit pas le cas.
Le journaliste l’aida à se débarrasser de sa veste légère.
- J’allais partir, répondit-il dans un chuchotement. Mais je vous ais aperçu par la fenêtre.
Karen sourit.
- Je suis très contente de vous voir, en tout cas.
- De même mais parlez moins fort, s’il vous plaît.
La jeune femme haussa un sourcil interrogateur.
- Kamui et Subaru dorment sur le sofa, je suppose que c’est involontaire…, souffla l’homme avec un léger sourire.
Il enleva ses lunettes, se mit à en frotter distraitement les branches et les verres, ce qui chez lui relevait davantage du tic que du désir d’hygiène.
Karen eut un petit soupir.
- C’est si mignon… Et c’est sans doute ce qui pouvait arriver de mieux pour la suite.
- Je le crois aussi. Si cela peut aider Kamui à se détacher de l’autre, cela ne peut lui être que bénéfique.
- Ils ont l’air si heureux, ça me donne envie de me réconcilier avec le monde…, murmura-t-elle, songeuse.
Seïishiro parut surpris par cette réplique.
- Pourquoi dites-vous cela ? demanda-t-il en rechaussant ses lunettes. N’y a-t-il pas quelqu’un pour faire éprouver tout cela, tout ce qui les agitent ?
Un bref instant, la jeune femme prit peur. Cette question, venant de lui, était à la fois déplacée et terriblement à propos.
Peut-être savait-il, peut-être avait-il deviné et il espérait à présent la faire réagir.
Mais l’expression du journaliste était la même qu’à l’accoutumée, au point qu’elle eut honte d’avoir douté de lui.
Naïve et pleine de gentillesse, innocente et sincère.
Comme il l’était lui-même.
- Si…, s’entendit-elle répondre.
Seïshiro sourit, comme si la réponse allait de soi.
- Comment une femme aussi belle que vous pourrait-elle rester ainsi seule ? L’un de vos admirateurs aura pu gagner votre cœur.
- Il n’est pas un admirateur…
Le regard que lui adressa l’homme était presque courroucé.
- Alors c’est un idiot. Car être un homme et vous côtoyer ne peut avoir qu’une conséquence : Etre en admiration devant vos charmes et vos grâces.
Les yeux de Karen s’arrondirent et sans doute le journaliste se méprit-il sur ce que cette réaction signifiait.
- Pardonnez-moi…, murmura-t-il, les yeux baissés sur ses doigts nerveux. Je ne sais pourquoi j’ai dit ça.
Et avant que la jeune femme ait pu dire un mot, Seïishiro s’était emparé de sa veste et sa sacoche et se dirigeait vers la sortie.
- Dormez bien, souhaita-t-il avec douceur en refermant la porte derrière lui.
La bouche encore entrouverte, Karen ne put que lui adresser un petit signe de la main.
Elle resta quelques minutes ainsi, ses pensées tournant et retournant dans sa tête, lorsqu’une voix inopinée la fit se retourner.
- Je pense qu’il était tout à fait sincère en disant cela, vous savez ?
Karen eut un petit sourire contrit.
- Désolée de vous avoir réveillé, Subaru.
Le médium eut un petit geste de la main signifiant que c’était sans importance.
- Je ne peux pas prétendre lire dans sa tête mais une chose est sûre et il l’a dit lui-même à sa façon, l’affection qu’il éprouve pour vous est rare. Je ne sais pas s’il s’en rend compte lui-même…
Karen scruta le visage de l’amnésique, à demi dans la pénombre. Son expression était à la fois douce et assurée, ce qu’elle ne lui avait jamais connu mais qui la rassurait et lui donnait envie de croire à ce qu’il venait de dire.
- Kamui dort toujours ?
- Oui.
La voix du médium s’était faite rêveuse et Karen s’en trouva émue.
- Je vais aller le coucher, je crois… Bonne nuit Karen.
La jeune femme le regarda partir, attendrie et rassérénée.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Yuto…
- Hm ?
Le susnommé releva les yeux de son journal afin de croiser le regard de la grande femme aux cheveux noirs qui venait de pénétrer dans la pièce.
- Que puis-je pour votre service ? demanda-t-il galamment en repliant sa lecture.
Kanoe semblait inquiète, aussi ne goûta-t-elle pas l’humour de l’homme blond.
- Kamui est à nouveau parti.
Yuto haussa les épaules.
- Pourquoi s’en formaliser maintenant ? questionna-t-il ingénument. Il n’a jamais été que de passage ici, que je sache.
Kanoe pinça les lèvres.
- Bien entendu ! siffla-t-elle entre ses dents. Mais aucun kekkaï n’a été détruit depuis le Rainbow Bridge… Et il est encore moins présent qu’à l’accoutumé…
- Tu te méfie donc tant de lui ? s’étonna Yuto, bien obligé malgré lui de constater qu’elle avait raison.
La femme brune plissa les yeux.
- Non… Enfin si, finit-elle par avouer, avec une expression angoissée. Je n’y peux rien Yuto. Il me répugne, il me rend malade…
« A prendre au premier comme au second degré », songea l’homme non sans ironie.
- Pourquoi ne demandes-tu pas à Satsuki de le localiser si tu t’inquiètes tant ? proposa-t-il. Je pense qu’elle s’y emploierait avec un zèle exemplaire…
- Je ne suis pas sûre d’avoir envie de le savoir ! le coupa Kanoe, les sourcils froncés.
Yuto eut une moue agacée.
- Il faudrait savoir ce que tu veux… Mais j’y pense, et le Sakurazukamori ?
Kanoe leva vers lui un regard interrogatif, comme s’il venait de poser une question particulièrement saugrenue.
- Oui. Et bien ?
- Non, je en faisais que remarquer que lui non plus n’est pas revenu ici depuis un certain temps… Et qu’il ne laisse même plus de traces dans la rubrique « Faits divers » ! fit-il en brandissant son journal.
Tout cela semblait laisser l’ombrageuse femme de marbre. Aussi Yuto se rassit-t-il dans sa position initiale afin de reprendre sa lecture là où il l’avait laissé.
- Pourquoi donc penser à ça ? demanda finalement Kanoe.
- Pour rien, répondit distraitement l’homme blond.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 8 Juin - 0:17

Il n’y avait pas de vent mais les branches bruissaient malgré tout. Il n’y avait pas de vent et pourtant, il avait froid.
Il entendait derrière et au dessus de lui, les branchages qui ondulaient , s’agitaient comme en proie à une violente colère ou à la douleur.
Il pencha la tête en arrière, plaqua son oreille contre l’écorce rugueuse. Et ce qu’il entendit ne le surprit pas. Ou à peine.
Rien, il n’entendait que le vide là où aurait dû se trouver du plein. L’agonie du manque là où il ne devrait jamais se trouver que l’extase de la satiété.
Il eut un soupir désabusé.
- Si seulement nous n’étions pas si liés toi et moi… J’aurais pu te regarder mourir en toute tranquillité…
Les rameaux claquèrent comme sous l’effet d’une brise soudaine, et Seïshiro songea que c’était sans doute à la fois de fureur et de contentement mesquin.
De fureur contre lui de ne plus le nourrir, de contentement en voyant, pour autant qu’un arbre le pouvait, qu’il n’était pas le seul à faiblir.
A l’endroit où il était assis, au pied du cerisier, la terre était dure.
Cette même terre qu’il retournait pourtant si souvent pour y enterrer ses victimes, au point qu’elle était devenue plus souple et meuble que de l’humus.
Il soupira à nouveau, un sombre rictus déforma ses lèvres.
- Tu vas m’observer encore longtemps ?!
sa voix avait sonné lourde de colère contenue et personne ne lui répondit.
- Je sais que tu es là, montre-toi, espèce de lâche !
Un froissement de toile, léger et rapide comme le vent, une voix s’éleva, calme et plate, de l’autre côté du tronc.
- Qui donc traites-tu de lâche ?
Silence. Seïshiro remarqua que les nuages s’amoncelaient dans le ciel.
- Moi ? Ou bien ta propre bêtise ? Est-ce toi que tu maudis par ce chemin détourné ?
Le Sakurazukamori eut un reniflement dédaigneux.
- Tu n’as pas intérêt à t’approcher davantage, gronda-t-il. Je n’hésiterais pas à te mettre en pièce.
Adossé nonchalamment de l’autre côté de l’arbre, bras négligemment croisés et yeux levés vers le ciel, Kamui eut un petit rire.
- J’aurais sans doute pu m’en inquiéter si tu en étais encore capable.
Seïshiro grimaça.
- Et puis, pourquoi ne veux-tu pas de moi plus proche, n’est-ce pas que tu crains de me voir, en vérité ?
L’assassin se taisait toujours, l’autre s’autorisa à continuer.
- N’est-ce pas que tu as peur de ma vue, Seïshiro ? Oui, car tu crains trop que mon visage se transforme, qu’il prenne les traits de celui qui t’obsède tant, de celui qui t’obsède même tellement que tu le suis à la trace, que tu l’espionnes constamment, sans jamais te montrer… Oui, si tu me voyais, tu en souffrirais, tu en souffrirais tellement…
- TAIS-TOI !
Kamui eut un petit sourire victorieux. Décidément, pousser à bout le tueur était quelque chose qui l’amusait beaucoup.
Bien que, ces derniers temps, il trouvait cela un peu trop simple, ce qui étonnement, loin de diminuer l’intérêt du jeu, le rendait encore plus jouissif.
Il ne pouvait pas voir Seïshiro mais devinait sans peine son attitude à cet instant.
Et pourtant, lorsque la voix de l’assassin s’éleva, elle était d’un calme olympien.
- Je sais que me voir ainsi t’amuses beaucoup mais tu n’es pas venu uniquement pour ça, je suppose ?
L’adolescent haussa les épaules.
- Va savoir… Je voulais surtout savoir ce que tu pensais de cette situation.
Le tueur ne répondit pas, le leader terrestre poursuivit.
- Penses-tu vraiment qu’elle se prolongera encore longtemps ? Je te connais, il faudra bien à un moment que tu y mettes ton grain de sel, ne serait-ce que pour compenser tout ce temps de silence. Sans quoi, cela deviendra intenable.
- Ça l’est déjà…
La voix de Seïshiro était creuse et vide. Elle créa un long et profond silence dans le jardin, s’y posant comme une chape de plomb, étouffant le moindre souffle.
- Crois-tu réellement que j’ai attendu ta venue pour songer à tout cela ?
Kamui nota le léger tremblement qui trahissait une rage parfaitement contrôlée.
- Et contrairement à ce que tu penses, ma situation, je la connais.
Silence.
- Elle est lamentable…
Le plus jeune ne put que ravaler sa surprise.
- Soit… Qu’as-tu l’intention de faire pour y remédier ?
De l’autre côté de l’arbre, il entendit le Sakurazukamori ricaner.
- Je me suis surestimé j’ai voulu tuer celui qui t’est réservé. Je me suis armé en conséquence…
Léger silence, comme s’il tentait d’analyser objectivement son état
- J’en ais fait les frais. Ma condition est pitoyable, il me semble que je ne peux plus me servir de certains de mes pouvoirs…
Il eut un soupir, un étrange soupir où se mêlait désespoir et joie paradoxale.
- Je ne tue plus. Et tout cela, ce n’est pas ton fait. Ce n’est même pas celui de l’autre Kamui.
Silence, à nouveau.
- Ce suicide à petits feux… C’est à lui que je le dois.
Nul besoin d’étude approfondie pour comprendre qui était ce « lui ».
- Bien… (la voix de Kamui était un peu rauque) Que vas-tu faire à présent ?
- Je vais agir, sans doute.
Il se tût et lorsqu’il reprit la parole, il semblait presque heureux.
- Je vais enfin réaliser ce pour quoi je vis… Depuis neuf ans…
Kamui ne put s’empêcher de songer qu’il y avait là le plus étonnant paradoxe qui soit.


A suivre…
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 8 Juin - 0:55

O.O non mais que veux tu qu'on comment là dessus? Cette hallu que je prends en lisant cette nouvelle... c'est de plus en plus déroutant, de plus en plus fascinant... je suis accro...

Rah mon pauvre Sei. 14
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyJeu 8 Juin - 9:36

oO
La suiteuh^^
Ah, pauvre Séishiro !!! il va mourir, hein ? (non, ça ne veut pas dire que je veux qu'il meure mais c'est inéluctable... XD)
Et Subaru est toujours trop mignon !!^^
Tu écris décidément tellement bien !!^^
Bravooo !!!!
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptySam 10 Juin - 17:34

Je sais plus quoi dire, j'ai épuisé mon stock avec les comms des chapitres précédents^^ C'est toujours génial, j'adore! *w*
Seï est trop touchant, paradoxalement, plus l'accent est mis sur le Sub/Kamui plus il est fouillé, travaillé... Son côté humain ressort plus que lorsque il est vraiment au coeur de l'histoire... Tu vois ce que je veux dire? Non? C'est normal, je suis pas sûre de le savoir non plus^^
Subaru et Kamui sont trop mimis *w* c'est un couple parfait je trouve^^ (tous les deux aussi beaux l'un que l'autre... quoique... *petite préférence pour Subaru^^' *)
Il y a juste un chose qui me chiffonne, c'est la vitesse à laquelle la situation a évoluée... Bon, tu y as consacré tout ton début de fic, mais je trouve ça un peu précipité. Timides comme ils sont ces deux-là, j'aurais cru que ça trainerais plus en longueur^^ lol M'enfin c'est peut-être aussi que je m'habitue pas à voir Subaru avec un autre que Seï... ^^'
Je veux savoir ce qui arrivera à Seï ! (il va mourir? K21: Sans blague, comment as-tu deviné? XD) Alors... la suite?
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptySam 10 Juin - 19:23

mes réponses!

Shaniah: déroutant? à ce point? vu la suite de ton commentaire, je prend ça pour un compliment!^^

Alea: merci, comme toujours, tes reviews me font chaud au coeur!

Onyx: en effet, je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi à ton explication mais ne t'inquiète pas, j'ai aussi beaucoup de mal à exprimer ce genre de truc à la post-lecture! néanmoins, je pense avoir saisi le fond du problème et de toute façon, je me suis tellement cassé la tête pour décrire les sentiments de Seï que je suis ravie que tu trouves sa personnalité fouillée!^^
ah bon, tu trouves Subaru et Kamui un peu pressés? mince, c'est justement ce dont j'avais peur^^°! mais personne ne m'en avait fait la remarque jusqu'ici alors, naïvement, je me disais que ça passait...
tu as sans doute raison, je me suis peut-être laissée emporter (je me disais "ça fait tout de même bientôt 6 chapitres voir plus qu'ils se tournent autour, ça devrait passer tout de même!"). j'ai peut-être laissé trop parler mon envie de faire du yaoï au détriment du reste... enfin, j'espère que ce n'est tout de même pas trop dérangeant!^^

Merci à toutes! 15
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyVen 16 Juin - 14:45

L'Absent - chapitre XIII

Note : Vous vous en rendrez sûrement compte en lisant, j’ai pris certaines libertés avec le manga en outrepassant la marge de manœuvre des yumémis. A priori rien de grave mais bon, je le signale quand même.

___________________________________________________________


- Je peux savoir qui vous êtes ?
- ça n’a pas d’importance…
La voix était aussi plate et fatiguée que le corps qui l’abritait.
Le personnage avait d’ailleurs étrange allure mais n’était pas dénué d’une certaine beauté. Mais une beauté si maladive qu’elle vous serrait le cœur.
Ses cheveux d’un blond lunaire retombaient avec grâce sur son visage émacié, sans parvenir pour autant à masquer la grandeur et la lassitude de ses yeux bleus.
La largeur démesurée de son kimono blanc le faisait paraître encore plus petit et maigre qu’il ne l’était sans doute réellement.
Silhouette claire et presque lumineuse, elle tranchait au milieu de cet espace obscur mais malgré tout reconnaissable comme un dojo traditionnel.
Debout au milieu de cette pièce inconnue, Subaru pouvait malgré tout distinguer les murs coulissants faits de fin papier et représentant alternativement des motifs floraux et des migrations de grues blanches.
- Où sommes-nous ? finit-il par demander, mal à l’aise.
Car si le décor lui était familier, quelque chose ne cadrait pas. Aucun souffle d’air ne circulait et il respirait pourtant sans difficulté, pas la moindre odeur, le moindre son en dehors de la voix monocorde de son interlocuteur.
Et il avait le sentiment trouble que s’il tendait la main vers le papier qui les confinait, ses doigts le traverseraient aussi facilement que de l’eau.
- Ne t’inquiètes pas, murmura l’autre. C’est un rêve, les lois ne sont pas vraiment les mêmes que dans le monde réel.
C’était donc ça… Subaru avait pourtant la sensation d’être parfaitement réveillé.
Comme mû par un instinct impérieux, le médium alla s’asseoir face au personnage, en tailleur et les mains posées sur ses genoux, dans une attitude d’écoute.
- Pourquoi m’avoir fait venir ici ? demanda-t-il enfin après quelques instants de silence.
L’autre soupira, sans que Subaru put déceler si ce soupir était désabusé ou simplement fatigué.
- C’est un souhait de ta sœur. Entre autre.
- De ma… Mais pourquoi n’est-elle pas ici dans ce cas ?
Il avait tant désiré pouvoir retrouver la jeune fille, il n’essaya même pas de masquer la déception que lui causait son absence.
- Je suis un liseur de rêve, commença le jeune homme de cette même voix d’outre-tombe. C’est grâce à moi qu’elle à pu te « rencontrer »… Mais je suis aussi un Dragon de la Terre.
Il leva les yeux vers Subaru et constata avec étonnement que celui-ci n’avait pas eu la moindre réaction.
Comme s’il s’y attendait.
- Continuez, proposa simplement le médium alors que son hôte se taisait.
- … Et en tant que tel, j’ai… Comment dire, certaines obligations envers mes pairs.
Subaru le fixait avec un rien de surprise, ne voyant visiblement pas où le yumémi voulait en venir.
- Cet espace est crée afin de qu’aucune présence extérieure, et donc indésirable, ne soit capable d’épier ce qui se dira ici. Votre sœur connaît bien cette loi et malgré ses pouvoirs, elle ne se risquera pas à la transgresser. Le véritable instigateur de ce rendez-vous est ainsi certain de ne pas… être dérangé.
L’expression de Subaru passa en une seconde de la perplexité à la méfiance.
- L’instigateur, comme vous dites, ne peut donc pas me rencontrer dans la vie réelle ? demanda-t-il, suspicieux.
Le liseur de rêve le fixa un bref instant puis haussa les épaules.
- Je ne connais pas ses motivations, avoua-t-il finalement. Mais j’ai accédé à sa requête. Bien que…
Silence, le regard du yumémi se durcit tandis que sa bouche s’affaissait comme sous le poids d’une incommensurable tristesse.
- … Bien que je le haïsse. De toutes mes forces.
- As-tu fini, Kakyo ?
Subaru eut un léger sursaut alors que la voix grave résonnait à ses oreilles.
Il chercha des yeux son origine et aperçut face à lui, au travers de la transparence relative du papier de riz, une silhouette massive et sombre comme lui agenouillée.
- Comment vas-tu, Subaru ?
Le médium jugea cette question déplacée et resta muet.
L’autre soupira.
- Ne pas te voir est déjà suffisamment frustrant, ne me prive pas en plus de ta voix.
Malgré la nature de la demande, le ton se rapprochait davantage de l’ordre que de la prière.
Subaru croisa le regard de Kakyo. Sans mot dire, celui-ci s’effaça afin de laisser sa place prés du paravent.
Subaru accepta l’invitation et se déplaça. Il n’était à présent séparé de l’autre que par les quelques centimètres que représentaient la panneau de bois.
- Ne trouves-tu pas ça lâche ? demanda-t-il alors en s’étonnant lui-même d’utiliser le tutoiement. De me faire venir ici plutôt que de me parler face à face ?
La silhouette de l’autre côté tressaillit alors qu’un rire sans joie se faisait entendre.
- Sans doute est-ce de la lâcheté, en effet… Mais rien ne me garantissait que tu aurais accepté de me voir, à plus forte raison de m’écouter. De cette manière, je ne m’exposais à aucun refus.
Il soupira.
- Mais crois bien que j’aurais préféré t’avoir réellement en face de moi, c’est une cruelle mais nécessaire contrepartie. Je peux ainsi m’assurer de ton écoute et faire main basse sur toi…
Une main se plaqua soudain contre le papier, à la hauteur du visage de l’exorciste.
- … Mais pas de la manière dont je l’aurais préféré, hélas.
La main s’en alla, Subaru se surprit à fixer un long moment l’endroit où il l’avait vu apparaître.
- Sincèrement, Subaru, me hais-tu ?
Le médium prit le temps de réfléchir à sa réponse.
- Te haïr… Oui, d’avoir fait ce que tu as fait à Kamui, de l’avoir blessé ainsi.
Le silence maintenu par son vis-à-vis l’incita à continuer.
- Lorsque j’ai pu te renvoyer ce sort qui aurait dû le tuer, j’ai ressenti comme un profond sentiment de victoire, terriblement enivrant. Je venais de me prouver que je pouvais protéger Kamui. Mais c’était en même temps beaucoup plus puisant…
- Une ancienne envie de vengeance assouvie ?
Le ton était aussi plat qu’une étendue d’eau lisse.
- On peut dire cela, en effet, constata Subaru. Mais de la haine… ? En te blessant, des souvenirs me sont remontés en tête et malgré le fait qu’ils soient peu nombreux, tu y étais presque toujours présent. A certains moments, j’avais l’impression d’avoir passé ma vie à te haïr. Et à d’autres…
- A d’autres… ?
Subaru releva dans la voix un léger tremblement mais ne sut à quoi le rattacher.
- C’est confus. J’ai découvert certains pouvoirs, j’ai fais des choses que je n’aurais jamais crû possible.
- Tes souvenirs !
Le ton était presque agressif, ce qui étonna Subaru sans pour autant le faire dévier de sa ligne de pensée.
- J’ai vu beaucoup de choses, bien que ce ne soit qu’une infime partie d’existence. Mais aucun de ces souvenirs ne me faisaient aller au delà de mes 16 ans.
La réaction de son vis-à-vis fut étrange. Un hoquet fit tressauter ses larges épaules, un hoquet qui claqua dans l’air avant d’être muselé de force et immobilisé, comme s’il en avait trop dit.
- Ces souvenirs ne reflètent en rien ce que je suis en réalité.
La voix semblait attristée, Subaru détourna la tête et s’aperçut que Kakyo avait disparu.
- Ils t’inquiètent car ils sont la preuve que tu n’es pas le monstre que tout le monde croit que tu es ?
De l’autre côté du paravent, Seïshiro soupçonna que Subaru en savait plus qu’il ne semblait vouloir le dire.
Et cela, étrangement, l’effrayait. Au moins autant qu le flegme de Subaru lorsqu’il l’évoquait.
Il serra les poings, l’espoir de retrouver Subaru tel qu’avant l’accident s’amenuisait encore.
L’espoir de retrouver ce Subaru qui était le sien…
- Ce masque-là n’avait rien de vrai et l’opinion de « tout le monde » m’indiffère profondément.
Le Sakurazukamori aurait voulu que Subaru pose de lui-même la question qui à cette minute était la seule qui en valait la peine
Mais le médium se taisait alors Seïshiro murmura :
- Mais je me soucie de toi car tu n’es pas « tout le monde ».
- Qui suis-je alors ? C’est comme si je n’avais plus d’identité.
- L’identité n’a aucune importance. Tu es le monde pour moi.
Un petit silence suivit la déclaration, jusqu’à ce que le tueur ne reprenne la parole.
- Ces images que tu as vu de moi, rien n’est plus éloigné de ce que je suis en réalité. Mais c’est pourtant ainsi que j’ai pu me faire aimer de toi.
Il poussa un profond soupir.
- … Une fois ces souvenirs disparus que toi, que me reste-t-il ?
- Pourquoi avoir fait cela alors ?
L’autre rit.
- Parce que je suis ce que je suis. Un prédateur né. Et si comme je le crois le destin est tracé d’avance, tu n’as été conçu que pour devenir ma proie.
- Tu penses réellement ce que tu dis ? Tu ne manques pas d’audace…
- Cela n’a rien à voir avec de l’audace, pourquoi aurais-je honte de prôner ce en quoi j’ai toujours crû ?
- Tu ne veux pas accepter ta défaite ? Je ne te savais pas si mystique.
- Tu me connais donc mieux que tu ne sembles vouloir le dire…
Subaru renifla, Seïshiro sourit sardoniquement.
- Tu te trahis. Cette amnésie t’a permis de retrouver ta confiance en ce monde.
Il soupira.
- Quelle naïveté…
- Comment avoir confiance en ce monde en sachant que tu t’y trouves ?
Le ton de Subaru était doux et n’avait rien d’agressif. Cela fit plus de mal au tueur qu’il n’aurait été capable de l’avouer et pourtant, il aima cette réponse.
- Cette phrase… Fut un temps où tu aurais été incapable de la prononcer, même avec la meilleure volonté du monde. Et tu n’en manques pas. Elle me prouve que la haine que tu me portais n’a pas totalement disparu.
- Cela te réjouis ?
- Plus que tu ne l’imagines.
Subaru n’en fut pas étonné.
- Pourquoi es-tu si différent du vétérinaire si affable que j’ai vu ? Peut-on vraiment changer à ce point ?
- Je n’ai jamais eu l’intention de changer, ce n’était qu’une façade. Tout ce que j’ai fait, c’était pour t’attirer et te garder en mon pouvoir. Mais à l’époque, je n’étais pas encore motivé par les sentiments que je te porte à présent.
Subaru se taisant, Seïshiro décida d’être parfaitement sincère.
- Et parfois, j’avoue, je le regrette. Car cela nous aurait sans doute évité bien des déboires.
- C’est toi qui a tué Hokuto, n’est-ce pas ?
- Oui. Trois personnes sont mortes ce jour-là. Ta sœur, ce si attentionné vétérinaire…
- Et moi, en quelque sorte.
- C’est vrai. J’ai définitivement tué cette part d’enfance encore si vivace en toi malgré tes responsabilités, tes pouvoirs et cette éducation si rigide dispensée par ton clan.
- C’est étrange de se faire ainsi raconter sa vie…
La voix de Subaru était méditative.
- Sache que personne ne peut se vanter de la connaître mieux que moi.
Malgré sa douceur, le ton de Seïshiro s’était fait péremptoire.
- Durant neuf années, tu n’as cessé de me poursuivre mais n’était-ce pas moi qui te poursuivait finalement ? Tu ne rêvais que de me tuer mais tu ne vivais que dans l’espoir d’un retour d’amour de ma part. Un sentiment qui te détruisait autant qu’il te portait, tu l’entretenais comme une plante empoisonnée et rarissime.
Il se tût un bref instant, de l’autre côté du paravent, l’attitude de Subaru était celle de l’écoute.
- Des preuves d’amour, j’aurais pu t’en donner des millions… Mais je trouvais cela trop facile et je n’aimais rien tant que te voir te débattre dans ce monde où tu avais si peu ta place. Parce que trop pur, trop beau, trop ou trop peu tant de choses… Tu faisais de ton mieux pour le cacher mais ces années n’ont été que souffrance pour toi. Mais si délectables pour moi que ça en est obscène, que je sois ou non proche de toi, toutes tes pensées étaient tournées vers moi, je me saoulai de cette perspective. Ma proie, la seule et unique qui m’importât jamais, je la possédais corps et âme, je m’étais infiltré jusque dans les moindres replis de son être.
- La fin du monde n’a rien changé. Cela aurait sans doute pu continuer ainsi.
- C’est ce que je pensais également. Si j’avais pu m’imaginer ce qui allait arriver…
Silence, uniquement troublé par de légères inspirations.
- Sans doute ai-je toujours su que j’allais te perdre, au fond… Mais de cette façon ? C’est si stupide. D’en être réduit à ne pouvoir te parler que de cette manière, sans pouvoir te toucher ni même te voir. Et en te forçant alors que ma visite était celle que tu redoutais et espérais le plus fort…
- Au fond, pourquoi m’avoir fait venir ici ?
Seïshiro sourit.
- Ce que j’attend de toi, tu le devines peut-être… Et tu l’as dit toi-même, comment faire confiance à ce monde si nous y cohabitons ?
- Tu te contredis. Et ces neufs dernières années ?
- Cela remonte à bien plus longtemps, cette question se pose depuis que je t’ai désigné comme ma proie. Tu aurais dû mourir ce jour-là et pourtant je ne t’ai pas tué. Dés ce moment, ta vie était en sursis et je n’ais cessé de te chercher pour y mettre un terme dans les règles de l’art. Mais tu étais également le sujet idéal pour tenter une expérience et ce n’est que pour la mener à bien que je me suis immiscé dans ton univers durant un an.
- Qu’elle était-elle ?
- Je voulais voir si le simple fait d’être de deux clans aussi diamétralement opposé nous condamnait dés le départ.
- Si tu n’avais pas fait ce que tu as fait, sans doute cela serait-il à peine entré en jeu.
- Qu’importe. Et puis ces neuf dernières années n’ont-elles été que de la cohabitation ? Tu l’as oublié mais pour nous deux, elles ont été infiniment plus que cela…
- Ça n’a plus vraiment d’importance à présent.
Seïshiro marqua un silence et lorsqu’il reprit la parole, sa voix s’était réduite à un murmure ténu.
- … Oui, le fil s’est rompu. Nous ne sommes désormais plus que des chefs de clans rivaux. Alors que j’espérais que nous serions pour toujours Seïshiro et Subaru …
Le silence plana à nouveau, chargé de pensées secrètes et de regrets in formulables.
- … Qu’attends-tu, alors ?
- Mais tu le sais, Subaru.
La voix s’était faite d’une douceur ineffable.
- Oui, tu le sais très bien…


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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyVen 16 Juin - 14:46

¤

Lorsque Subaru ouvrit les yeux, ce n’était plus autour de lui ce dojo obscur et étouffant. Il n’était plus agenouillé sur un tatami mais échoué au travers de son lit.
Et ce qu’il entendait, ce n’était plus la voix de basse du Sakurazukamori mais trois coups frappés contre la porte, suivis d’une autre voix.
- Ce… C’est Kamui. Je peux entrer ?

¤

Debout devant la porte close de Subaru, Kamui dansait d’un pied sur l’autre avec nervosité.
Retrouvant un semblant de courage, il approcha sa main du battant pour le frapper mais suspendit son geste. Il recommença une paire de fois puis, agacé de sa propre attitude, il cessa son manège et se mit à réfléchir.
Etait-il vraiment certain de vouloir le demander à l’exorciste ? Oui, bien sûr, question stupide… Il lui arrivait trop souvent d’y songer pour que ce fut un simple caprice. Mais il craignait la réaction de Subaru à ce sujet, plutôt délicat à aborder.
Se décidant finalement et craignant que son courage ne l’abandonne, Kamui frappa à la porte.
- Ce… C’est Kamui. Je peux entrer.
- Oui, bien sûr.
Kamui inspira. Plus question de reculer.

¤

La porte s’ouvrit timidement.
Assis sur son lit, Subaru leva les yeux et sourit en apercevant le garçon dans l’embrasure de la porte. Constatant qu’il ne semblait pas décidé à en bouger, Subaru prit les devants.
- Tu peux entrer, tu sais ?
- Hein ?! Heu… Oui.
Le médium fronça les sourcils alors que le jeune garçon s’avançait pour s’immobiliser ensuite à quelques pas de lui.
Y avait-il une raison particulière pour qu’il parût si mal à l’aise ? Subaru songea à lui poser directement la question mais à la vue de l’apparente émotivité de l’adolescent à cet instant, en choisit une un peu plus large.
- Tu veux me demander quelque chose ?
Visiblement, Kamui s’attendait à cette question. Il tressaillit pourtant et se tordit les mains, le regard fuyant.
- Oui, finit-il par murmurer.
Subaru changea rapidement de position, encore un peu sonné par son expérience mais décidé à n’en rien laisser voir. Il fixa Kamui.
- Et bien, vas-y, qu’attends-tu ? demanda-t-il avec douceur.
- C’est que… C’est délicat.
Intrigué, l’exorciste fixait sur Kamui un regard neutre, attendant la suite.
Cela sembla le mettre encore plus mal à l’aise. Songeant de nouveau à son rêve, il se demanda si Kamui n’avait pas omis de lui dire quelque chose d’important. Au point d’ainsi sans mordre les doigts.
Kamui fixait à présent ses pieds avec grand intérêt, les doigts nerveux.
Ce fut lorsque son regard croisa celui de Subaru que celui-ci s’aperçut avec surprise que ses pommettes avaient soudain rosies.
- Subaru, je…
Le médium, d’un regard, l’encouragea à continuer.
Avec appréhension, Kamui inspira et finalement, lâcha d’une voix blanche :
- Je… Je voudrais faire l’amour avec toi.
Aussitôt, il détourna le regard, les joues à présent en feu tandis que les yeux de Subaru s’arrondissaient de surprise.
S’il s’imaginait… De son côté, Kamui paressait souffrir d’une véritable auto-combustion tant il était rouge à présent.

¤

Kamui avait l’impression de brûler de l’intérieur et n’osait pas lever les yeux de peur de croiser le regard de Subaru.
Le silence du médium lui pesait atrocement, que devait-il bien être en train de penser ? Il ne parvenait pas à s’imaginer l’expression qui devait être la sienne à cet instant et n’était au fond pas si sûr de vouloir le savoir, il se sentait soudain tellement ridicule.
Dépité malgré sa gêne, Kamui s’apprêtait presque à lui souhaiter une bonne nuit, à quitter la pièce et à espérer que Subaru oublie rapidement ce pitoyable épisode lorsque la voix de celui-ci s’éleva :
- … Tu en es sûr ?
L’adolescent sursauta et croisa le regard de Subaru pour la première fois depuis son entrée.
Il inspira et hocha la tête. Subaru lui sourit et ce sourire le transporta. Il se sentait alors si heureux que la pièce parût tourner autour de lui, se faisant flou, il n’y avait plus que Subaru qu’il distinguait parfaitement, Subaru qui lui souriait.
Et alors qu’il s’approchait du médium, dans ce sourire il la vit, la différence que Subaru faisait entre Kamui et le reste du monde.
Entre son affection pour tout le monde et son amour pour lui tout seul.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Une brusque rafale, qui fit bruire les branches aussi sûrement que si elles étaient vivantes.
- Tu viendras, Subaru…
Autour de lui, la nuit était plus noire que jamais.
- Oui, je sais que tu viendras…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Peut-être cette jeune fille avait-elle raison, après tout… Peut-être le futur n’est-il pas encore décidé…

Encore toi ? Je te croyais détruite… Mais qu’importe, Hinoto, tu vois bien que tu te trompes. Ces deux hommes ne font qu’aller à la rencontre de ce destin prévu depuis la nuit des temps.

Peut-être… Peut-être pas… Rien de ce que je n’avais lu pour l’un d’eux ne s’est réalisé… Serait-ce là la preuve ? La preuve que j’attendais depuis si longtemps… ?

Tais-toi, espèce d’idiote ! Personne ne peut changer le cours de son destin. Quant à toi, contente-toi de t’imaginer celui que je te réserve…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Assis sur le rebord de la fenêtre, Subaru parcourait la pièce obscure du regard, ses yeux passant alternativement des grands arbres qu’il voyait frémir au delà de la large vitre, au corps de Kamui dont la présence sous les draps était à peine perceptible.
Il ignorait tout de l’heure qu’il était, il lui semblait avoir dormi, peu ou trop, il ne savait pas, il n’en était même pas sûr.
Tant de choses s’étaient passées en si peu de temps, y repenser lui procurait une étrange sensation, semblable au vertige sans en être vraiment.
Il songea alors à ce « rêve », c’était la première fois depuis qu’il l‘avait quitté voilà quelques heures, ce souvenir ne le lâcha plus.
Qu’attendait Seïshiro de lui ? Et lui, Subaru, qu’attendait-il, du tueur comme de lui même ?
Il ne savait trop que penser alors que l’obscurité se faisait dans son esprit, masquant toute pensée rationnelle, lui donnant l’impression de s’enfoncer dans un tunnel sans issue.
Mais la lumière était proche, quoi qu’il ne la distinguât pas encore, l’air qu’il respirait changeait lui aussi, apportant de nouvelles odeurs qui pouvaient s’apparenter autant au souffre qu’à l’encens.
La sortie était accessible, toute proche…
Il se leva commença à rassembler et enfiler ses vêtements épars, l’esprit troublé par des pensées sombres, lumineuses à la fois, tumultueuses et difficilement identifiables.
Son regard se posa sur Kamui qui, excepté le léger mouvement de sa respiration, n’avait pas remué un cil.
Son cœur battit plus fort. En le voyant, il se demanda soudain ce qu’il était en train de faire, quelle serait la finalité de tout ceci, au fond ? Il s’approcha du lit à pas lents, s’assit sur son extrême bord, observa.
Il observa sur le visage de son amant la détente, la félicité totale mais surtout l’absolue confiance, une expression qu’il y a quelques temps encore, le médium n’aurait jamais pensé voir se peindre sur ses traits.
Il posa sa main à la base de la nuque du jeune garçon, en épousa la forme avec sa paume. Puis il fit voyager ses doigts jusqu’à la gorge blanche, exerça une infime pression sur l’aorte.
Le battement lent et universel se répercuta dans sa main, parcourut son corps entier. Instantanément, il se sentit plus léger.
Kamui comprendrait… Kamui avait toujours compris… Il n’était pas comme les autres Dragons, lui ne douterait pas de ses sentiments.
Se relevant, il recouvrit le corps de Kamui de la couverture jetée en bas du lit, il se saisit de sa propre veste, l’enfila et s’approcha de la fenêtre.
Il l’ouvrit d’un geste, l’air frais et doux de la nuit s’engouffra dans la chambre.
Tournant la tête, il regarda à nouveau Kamui, intensément, comme s’il s’agissait de la dernière fois, enjamba le rebord et sauta dans le vide.

A suivre…

Un chapitre de transition, donc un peu plus court que les autres… J’espère qu’il vous a plu.
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MessageSujet: Re: [X1999] L'Absent (terminé)   [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 EmptyVen 16 Juin - 14:48

Note pour cette histoire:
je crains que le chapitre quatorze, qui sera le dernier, ne vienne pas avant un certain temps. je ne pourrais pas dire de date mais armez-vous de patience! [X1999] L'Absent (terminé) - Page 3 129i
merci d'avance!
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