Axslnyz, la planète des écrivains
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 Le vent nous portera (yaoï)

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Kestrel21
Tit axslnyzien
Kestrel21


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MessageSujet: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyMer 22 Mar - 15:33

Titre : Le vent nous portera
Auteur : Kestrel21
Statut : Achevé
Genre : Introspection à la deuxième personne, yaoï, sorte de song-fic ?
Disclaimer : A moi les personnages !

Cette histoire est de très inspirée « Ces gens-là », sublime chanson de Jacques Brel (dont, juste en passant, Noir Désir a fait une reprise toute aussi magnifique). Je n’aime pas trop écrire des song-fics mais comme s’en est pratiquement une, je le signale ici.

Depuis combien de temps au juste n’étais-tu pas revenu ? 14 ans mais cent années ne t’auraient sans doute pas paru plus longues. Pourquoi es-tu revenu d’ailleurs ? Si seulement tu le savais...
Tu en es parti, tu avais 16 ans, tu l’as quitté sans aucun remord, ce petit village baigné par l’Amazone où tu as vu le jour.
Pourquoi l’aurais-tu regretté ? A part ta mère, morte quelques jours plus tôt, rien ne t’y retenait, tu n’avais pas d’amis et nulle autre famille.
Tu t’appelles Lazaro Bedoya, le nom de ta mère, car tu n’as jamais connu ton père. Ta mère elle-même ne t’en a jamais parlé, comme s’il n’avait pas existé. Elle ne s’est jamais mariée, tu ne lui as même jamais connu d’amant. Elle était pourtant si belle. Morte à 39 ans, elle était encore jeune et fraîche.
Si fraîche que tu as refusé tout net de croire à sa mort, tu criais de regarder, que son ventre se soulevait toujours, que l’air pénétrait encore dans ses narines pincées, tant elle paressait vivante, couchée au milieu de toutes ces fleurs fanées.
Mais personne ne voyait, tu as eu beau hurler, pleurer, elle était en terre le lendemain.
Et à peine deux heures plus tard, contemplant d’un œil maussade le terreau fraîchement retourné, tu prenais ta décision.
Tu quittas Arengo (1) le lendemain matin à l’aube, sans dire au revoir à personne, tant tu savais que cela ne gênerait pas. Tu étais même prêt à parier que certains ne s’apercevraient pas de ton absence.
A personne, non, maintenant que tu y penses, c’est faux. Jaime, le fils de la veuve Iguaràn, alors âgé de 4 ans, avait quitté son lit pour venir te dire au revoir. Cela t’avait ému, tu l’avais embrassé sur le front en promettant de revenir.
Promesse que tu ne pensais pas pouvoir tenir un jour, mais tu n’avais jamais reculé devant un mensonge pieux, toi qui pourtant ne croyais pas.
Amador aussi eut droit à tes adieux, car tu ne savais pas alors que tu finirais par revenir. Amador passait sa vie à monter et descendre l’Amazone avec des vivres et du courrier dans sa petite barque à moteur, pour rallier les dizaines de petits villages aussi perdu que celui que tu venais de quitter. C’est sa barque Carolina qui t’accompagna aux lisières de la forêt, jusqu’à Manaus, où il te laissa et repartit sans plus tarder.
Ta mère était partie en te laissant 5 reals (2), tu les garda toujours dans ta poche, sans jamais y toucher, comme un précieux souvenir.
Dés lors, tu n’eus de cesse de découvrir de nouveaux paysages, tu parcourus l’Amérique pendant des années.
Du moins, ce que tu pus en parcourir.
Partout, on t’évoquait New-York, des grattes-ciels si hauts que tu ne pouvais en voir le sommet qu’en te cassant le cou, des machines rutilantes où il suffisait de tirer une manette pour recevoir entre les mains une cascade de pièces d’or. Tu fus pris de l’envie irréfrénable de constater de visu si cette rumeur était vraie.
Tu n’avais aucun papier sur toi, tu n’en avais jamais eu et cela ne t’avait jamais posé le moindre problème. Après tout, pourquoi dans cette Amérique-là te serais-t-on soucié de ton identité, alors que la plupart des gens ne se souciaient même pas de ton existence ?
Mais tu compris vite que les règles du jeu n’étaient pas les mêmes à la frontière mexicaine, tu tentas le passage clandestin. On te rattrapa de l’autre côté, malgré ta vitesse, malgré l’obscurité. On te battit.
Tu te réveillas le lendemain dans la chambre à coucher d’un petit bordel, dans un bidonville de la frontière.
C’était une prostituée qui t’avait trouvé gisant dans les ordures, elle avait fait de son mieux pour soigner ton œil poché et remettre en place ton nez cassé.
Mais elle n’avait rien d’un médecin, ton nez est de travers depuis cette époque.
Elle t’autorisa à rester chez elle le temps que tu te rétablisses, c’est l’une des rares fois de ta vie où tu fis l’amour, durant les trois jours que tu passas sous son toit.
Elle ne te fit pas payer, mais tu fus mis rapidement à la porte.
Tu retentas par deux fois de passer la frontière, sans plus de succès.
Tu décidas d’abandonner, tu continuas tes voyages, qui étaient devenus une errance. Tu tentas même de t’embarquer, clandestinement une fois encore, sur un bateau partant pour l’Europe.
On te mit dehors sans ménagement.

Aussi loin que tu te souviennes, personne ne t’avait jamais réellement aimé, hormis ta mère.
Oh, bien sûr, il t’arriva parfois de rencontrer des gens qui te témoignèrent de l’affection, comme Leandro Vicario, ce vieillard athlétique et débonnaire, que tu croisas au Costa Rica, tu restas presque deux semaines dans sa jolie maison de San José, à jouer avec sa petite fille.
Mais la plupart du temps, on t’ignorait, on évitait même de te parler.
Cette froideur à ton égard t’étonna, jusqu’à ce, qu’habitué, tu cesses d’y penser.
Qu’est-ce donc qui n’allait pas chez toi ? Tu n’étais pourtant pas si laid, malgré ton nez busqué, ta maigreur qui faisait saillir tes côtes et tes pommettes, tes jambes beaucoup trop longues pour le reste de ton corps.
« T’as une de ces démarches, quand tu pars, on dirait que tu reviens ! » s’exclamait parfois Leandro Vicario, fier comme Artaban de cette boutade.
Et toutes ces cicatrices dont ton corps était plein, restes de la dysenterie, de la petite vérole, d’une chute de 6 mètres, depuis la cime d’un arbre et d’une brûlure à l’eau bouillante sur la poitrine.
Peut-être étais-tu prédestiné à passer inaperçu, à être interdit de sympathie… Sinon d’amour, tu n’en demandais pas tant.
Prédestiné par quoi, tu le découvris en même temps que la langue espagnol.
« Lazaro » en espagnol signifie « Lépreux », ou « Va-nu-pieds ». Etait-ce à cause de cela ? Tu avais tout de même du mal à le croire.
Ou à cause de ton origine présumée ? Cela te paressait déjà plus probable.
A Arengo, on évoquait ton absence de père comme un objet de honte. On traitait ta mère de putain, on te disait fils du fleuve, du boutou devenu homme(3) qui avait joui de ta mère, ce qui dans la bouche des autres villageois, sonnaient comme la pire des insultes.
Les enfants nés de ces unions clandestines et contre-natures étaient en général traités comme des parias et peut-être était-ce pour cela que tu portais ce prénom, il était le reflet de ta vie, bien que ta mère n’ait jamais parlé un mot d’espagnol.
Déjà à la naissance fiché par l’existence, par un père venu des eaux. Tu trouvais cela injuste, d’autant que tu avais très tôt arrêté d’y croire.
Et pourtant, depuis ton enfance, tu as toujours nourri une haine tenace pour ces animaux. Lorsqu’il t’arrivais d’en apercevoir un depuis la pirogue du vieux Gerineldo, d’où tu remontais tes petits filets vides, lorsque tu voyais surgir de l’eau son œil énorme et noir, son rostre dentelé au sourire ironique, aussitôt tu frappais l’eau, dans l’espoir de l’atteindre.
Et tu ne touchais le jamais bien sûr, il avait déjà disparu dans les profondeurs boueuses.
Un jour _ tu avais 7 ans_, l’un d’eux s’était échoué accidentellement sur la petite bande de sable qui bordait le village. Il faisait nuit, tu étais sorti pour soulager ta vessie contre les murs de la maison. Fasciné, tu avais assisté à sa lente agonie, tu avais observé avec attention les vains soubresauts de ce grand corps bossu, tu avais écouté jusqu’à ce qu’ils se tarissent ses vagissements de bébé mourant.
Au matin, le corps avait disparu, emporté par les crocodiles.

Et malgré tout, tu cherchais. Tu voulais te prouver que l’on pouvait t’aimer. Leandro Vicario ne t’aimait pas, tu l’amusais, il te trouvait sympathique. Toi, tu désirais plus que ça.
Et un jour, tu t’en souviens, tu as crû rencontrer l’amour vrai. C’était à La Serana, au Chili, tu t’en souviens très bien.
C’était à la terrasse d’un petit café, devant lequel tu passais par hasard.
C’était une jeune femme frêle, aux yeux fiévreux. La tache rouge vive de sa robe courte t’avait attiré l’œil. Elle était d’une finesse, d’une fragilité émouvante, ses petits doigts tremblaient à peine, juste assez pour faire frissonner le mince filet de fumée bleue montant de sa cigarette.
Tu te dirigeas vers elle, comme dans un état second, sans même y penser. Tu lui proposas, un peu chancelant, bégayant, de venir marcher avec toi dans les rues, de te parler d’elle, tu espérais qu’elle s’intéresserait à toi, tu espérais…
Et la seule chose que te répondit cette femme inconnue, à toi qui mendiais le secours de son cœur, c’est : « Je peux pas, je garde le sac à ma copine qu’est aux toilettes. Allez-voir ailleurs.»
Accablé, tu compris que tu étais ce genre d’homme que les femmes repoussaient sans même y penser, et sans même chercher comment s’y prendre pour ne pas peiner l’éconduit.
Tu ne l’intéressais pas, pourquoi prendre des gants avec toi ?
Tu quittas la place sans demander ton reste, le lendemain, tu étais de nouveau sur les routes.
Tu décidas spontanément d’abandonner ta recherche de l’amour, même si cela te privait de but.
Mais voyager sans but, tu en retrouvas bien vite l’habitude.
Au Paraguay, tu passas un an en prison. Pourquoi, tu avais du mal à te le représenter… Tout simplement parce qu’une fois de plus, tu t’étais trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.
Tu avais passé la nuit sur un banc public, tu y somnolais encore lorsque des gendarmes se précipitèrent sur toi et t’emmenèrent, tu étais si suffoqué que tu ne songeas même pas à protester.
Au commissariat, cependant, on daigna t’expliquer les raisons de ce manque de manière : Le propriétaire d’une petite maison cossue en bordure d’Asunción avait reconnu en toi l’un de ceux qui avaient mis à sac sa propriété.
Tu protestas, bien évidemment. Mais cela ne servit à rien, tu fus mis en détention « préventive », d’une durée indéterminée.
Cette année fut pour toi une véritable expérience de l’absurde. De tous les mondes que tu avais pu côtoyé, de prés ou de loin, si terribles fussent-ils, aucun n’atteignait l’horreur de l’univers carcéral.
Tu partageais ta cellule avec six autres détenus, et ton statut ne changea pas mais cette fois, tu en fus heureux. Ici, on ne faisait pas plus attention à toi que dans le monde du dehors, tu étais insignifiant et, à ce titre, on te laissait tranquille. Tu ne demandais pas mieux.
Surtout lorsque tu assistais à ces horribles scènes, en témoin impuissant, à ces passages à tabac d’une violence inouïe, à ces bagarres d’animaux, à ces tentatives de meurtre ou de suicide, à ces viols d’une sauvagerie bestiale.
Tu maigris encore davantage, tes côtes saillaient plus que jamais, tu te voûtais, des cernes violacés se creusaient sous tes yeux. Pâle comme un fantôme, tu faisais peur à voir.
Mais personne ne s’en formalisa jamais, car tu n’étais après tout qu’un cadavre ambulant parmi tant d’autres.
Quant à la justice, comme le monde, elle semblait t’avoir oublié. Tous les juges ou avocats dont tu observais le défilé quotidien n’eurent jamais un mot ou un regard pour toi.
Tu commençais à craindre de finir ta vie ici, pour un crime dont tu étais innocent.
Mais il se passa quelque chose, quelque chose qui t’aida à rendre ton incarcération un peu plus supportable.
Tu pris en affection un jeune garçon, Dionisio Armenta, dont les bruits de couloir disaient qu’il était enfermé pour le meurtre de son père.
Ce fut un intérêt à sens unique, un attachement lointain, Dionisio n’eut même jamais vent de ton existence.
Car il avait bien d’autres problèmes. En effet, tu n’étais hélas pas le seul à l’apprécier car, du haut de ses 19 ans, il était beau comme une jeune fille, et musclé comme tel. Et, à ce titre, à la merci du premier venu.
Si ton enfermement était insupportable, le sien était une géhenne, au point que, comparant son sort au tien, tu te sentais comme un privilégié.
Tu aurais aimé qu’il te remarque, qu’il pose un jour les yeux sur toi, même si c’était pour les détourner aussitôt.
C’est dans cette optique qu’un jour, et avec un courage qui t’étonna toi-même et qui confinait à la stupidité, tu t’interposas entre lui et un détenu au fond d’un couloir sombre.
L’ensemble de ton corps était aussi épais que le seul bras de son agresseur, celui-ci n’eut aucun mal à te neutraliser, attrapant ta tête et la cognant contre le mur, jusqu’à ce que tu tombes inanimé.
Et lorsque tu te réveillas à l’infirmerie quatre jours plus tard, on t’apprit que tu étais libre.
Le propriétaire de la maison cambriolée avait fini par avouer, t’expliqua-t-on avec lenteur, comme si on s’adressait à un malade mental. Ruiné, il avait mis tout cela en scène en espérant toucher des dédommagements.
Deux jours plus tard, tu étais sorti, aussi brusquement que tu étais entré, constatant avec amertume que tu étais aussi perdu qu’auparavant.
Tu voulus travailler, on t’engagea malgré ton aspect pitoyable dans une tannerie non loin d’Asunción, tu fus chargé des tâches les plus viles, passant tes journées à user tes maigres bras en écharnant des peaux dont la puanteur dépassait l’imagination, à les plonger dans des bacs d’acide puis à les tanner pour en faire le cuir.
Sans doute aurais-tu pu continuer comme ça longtemps, mangeant peu, étant payé une misère pour un travail aussi atroce si tu n’avais pas contracté une splénite quatre mois à peine après ton embauche, une inflammation de la rate courante chez les tanneurs et mortelle, la plupart du temps.
Ton employeur avait déjà fait une croix sur toi, vu ta conformation et ta santé instable, qu’il avait constaté à ton arrivée. Tu fus placé dans l’un des nombreux mouroirs de l’assistance publique, on tenta de te soigner sans y croire, attendant ta mort avec patience pour libérer un lit.
Et pourtant, tu survécus. Cela tenait presque du miracle et on te laissa repartir avec des yeux éberlués. Tu ne gardas comme souvenir de cette époque que les cicatrices des gros anthrax noirs derrière les oreilles et dans le cou et une immunité totale contre l’inflammation de la rate.
Tu ne savais plus quoi faire, et c’est alors que l’idée commença à germer dans ton esprit.
Le Paraguay avait une frontière commune avec le Brésil, sans doute est-ce cela que te décida, tu pensais souvent à ta mère ces derniers temps. C’était la première fois que la pensée d’un possible retour t’effleurait, et celle-ci ne te lâcha plus.

Fin de la première partie


Dernière édition par le Mer 22 Mar - 15:38, édité 1 fois
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Kestrel21
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyMer 22 Mar - 15:36

C’était en 1977, 14 ans après ton départ, tu fêtais donc cette année tes 29 ans, même si tu avais oublié la date.
Tu étais à Manaus quelques mois plus tard, au bord de l’Amazone, ce fleuve honni et adoré, à attendre le passage de la Carolina qui, tu n’en doutais pas, devait toujours tourner.
C’est elle que tu reconnus en premier, bien qu’elle ait été rebaptisée et conduite par quelqu’un qui n’était pas Amador, mais un petit homme maussade et râblé.
Tu embarquas sur La Cabeza Verde (4), car tel était son nouveau nom, avec une certaine émotion, il est vrai. Durant le voyage, tu te risquas à demander ce qu’était devenu l’ancien conducteur.
Ton escorte cracha dans l’eau, et te révéla sans sourciller qu’Amador était mort depuis 2 ans, rongé par la lèpre.
Tu ne pleuras pas, tu te penchas juste par dessus bord pour vomir.
Il te débarqua à Arengo comme un encombrant colis, et repartit sans demander son reste, te laissant abasourdi.
Rien, absolument rien n’avait changé, comme si il avait été un lieu épargné par le temps et la civilisation, tu eus un instant l’impression d’avoir de nouveau 16 ans.
Les visiteurs étaient rares, aussi fus-tu bien accueilli, du moins jusqu’à ce que tu sois reconnu.
Dés lors, leur attitude redevint celle d’il y a 14 ans, froide, indifférente.
Tu voulus retrouver la maison que ta mère et toi aviez occupé, mais elle avait été réquisitionnée, elle ne t’appartenait plus.
Tu étais parti, c’est comme si tu étais mort.
Et celui qui t’en avait dépossédé n’était pas n’importe qui, c’était Bayardo San Roman, un homme d’une soixantaine d’années à présent, arrivé à Arengo alors que tu n’avais pas 10 ans, comme instituteur.
Tu le haïssais, tu le hais toujours. Grâce à lui, tu n’as jamais su ni lire, ni écrire.
Tu appris rapidement qu’il avait épousé Placida deux ans après ton départ, la fille de Luisa Vicario, la tenancière du débit de boisson. Une jeune fille de ton âge avec qui tu avais beaucoup joué enfant. Tu en avais sans doute été amoureux, comme tous les autres garçons, mais tu ne t’en souvenais pas.
Mariée à 17 ans à un homme de 40, elle avait été mise enceinte quelques mois après leur union, et portait déjà leur quatrième enfant.
Tu découvris que Bayardo San Roman n’avait pas changé lui non plus. Tu retrouvas très vite toutes les raisons qui t’avaient fait le détester. Il était toujours aussi imbu de lui-même, comme si sa position d’instituteur le donnait de la puissance, il était aussi ravi d’avoir épousé une femme aussi charmante et aussi jeune, lui qui était à présent vieux et laid.
Il claironnait également à qui voulait l’entendre qu’il était le beau-frère d’un riche héritier venu de Brasilia. Il lui avait donné sa jeune sœur de 20 ans comme on troque une bouteille d’alcool.
Il n’était pas question pour toi de demander à loger chez lui, supporter sans cesse sa répugnante compagnie aurait été au dessus de tes forces.
La veuve Iguaràn accepta avec gentillesse de t’héberger, elle te proposa de partager la chambre de son fils Jaime, tu acceptas sans plus attendre.
La veuve Iguaràn avait toujours été gentille, et depuis la noyade de son mari alors que tu n’avais pas 12 ans, elle avait toujours vécu seule avec son fils.
En cela, elle te rappelait ta mère, bien que la vie l’ait davantage abîmé. Depuis quelques temps, te confia Jaime, elle ne parlait quasiment plus, sauf au cadre en bois accroché au dessus de son lit, où était encadrée la photographie de son défunt mari, qu’il n’avait pas connu.
Tu retrouvas encore d’autres personnes, et les retrouvailles furent souvent amères.
Comme celles avec le vieux Gerineldo.
Aussi loin que tu puisses t’en souvenir, Gerineldo avait toujours été vieux, mais il était athlétique, fort, quoique peu loquace et assez porté sur la boisson.
Mais, enfant, tu l’admirais beaucoup. Il était à la fois le père et le grand-père que tu n’avais jamais eu. Parfois, à la veillée, il racontait tous les évènements et exploits de sa vie, il te tenait en haleine aussi facilement que le meilleur des livres, que tu n’aurais de toute façon jamais ouvert. Personne ne savait au juste si ces souvenirs étaient ou non inventés, mais cela, tu t’en fichais, cela n’avait pas la moindre espèce d’importance.
Tu le retrouvas 14 ans après, et au premier abord, tu ne le reconnus pas. Comment était-ce possible que l’homme à la force tranquille, à la si large carrure, le pêcheur aguerri se soit transformé en cette loque avachie, à peine capable de tenir les yeux ouverts et encore moins de parler.
Tu crus d’abord à une maladie dégénérative mais Luisa Vicario te certifia, désabusée, qu’en fait de maladie, c’était l’alcool qui l’avait emporté.
Tu voulus lui parler, tu tentas de te rappeler à son souvenir, tu ne reçus qu’un regard torve.
On te conseilla de ne pas insister davantage, il avait oublié jusqu’à son propre nom.
Il passait la plus grande partie de sa vie couché sur la planche de bois faisant office de comptoir, n’en sortait que lorsqu’on le mettait dehors, titubait puis s’effondrait sur le parvis de la petite église de bois, d’où on ne le réveillait qu’au matin.
Tu en fus très secoué, de plus en plus, tu te mettais à penser que ton retour n’avait pas été une si bonne chose.
Et la suite des évènements ne fit que confirmer cet état de fait.
Tu retrouvas la vieille Ignacia, tu la retrouvas identique à elle-même, solitaire, prête à se laisser mourir, attendant même la libération du trépas.
Elle était toujours assise sur une petite chaise, devant sa maison, prenait le soleil, ne fixait rien.
Parfois, tu voyais ses mains s’élever, tracer des signes complexes dans le vide, comme si elle dessinait sur le vent, ou qu’elle parlait, elle qui ne parlait plus depuis si longtemps. Comme si elle révélait au monde des choses primordiales que personne en comprendrait jamais.

Tu découvris également un nouveau visage, un prêtre rondouillard atterri à Arengo il y avait six ans de cela. Il apparaissait comme quelqu’un d’assez sympathique et ouvert, bien que, ne fréquentant jamais l’église, tu eus d’abord peu d’occasions de t’en rendre compte.
C’est lui qui, un jour, vint te trouver après la messe rituelle. Il désirait te connaître, savoir pourquoi tu n’assistais jamais aux sermons, ce que tu pensais de Dieu.
Son visage lunaire était si rieur que tu n’eus pas le cœur à l’envoyer voir ailleurs.
Tu lui répondis que cela ne t’intéressait pas, que tu avais cessé de croire en Dieu le jour où il avait rappelé ta mère à Lui et qu’il n’était pas la peine d’essayer de te convaincre du contraire.
Car ta foi n’avait jamais vécu, sauf pour elle.
Il sembla comprendre, cela t’étonna, de la part d’un homme d’église. Il revint souvent te voir, pour parler avec toi, ces petits rendez-vous te plaisaient, vous parliez de sujets très divers.
Tu lui parlais de ta vie, de tes voyages, de tout ce que tu avais vécu. Et sa question tomba un jour, légitime et implacable : Pourquoi, vous qui avez vécu tout cela et qui n’avez aucune attache, pourquoi restez-vous ici ?
C’est ce jour-là que tu lui avouas, presque par inadvertance, que depuis ton retour à Arengo, voilà un an, ta foi qui était morte avec ta mère, était revenue.
Il voulut instantanément en savoir plus, toi tu ne prenais pas encore conscience de l’importance de cet aveu. Et peut-être avais-tu tout simplement besoin de parler, de parler de quelque chose qui te pesait et te ravissait tout à la fois.
Tu lui fis jurer de ne rien dire, comme s’il t’avait confessé et tu lui racontas, tout.
Tu ne sus pas si c’est cela qui fit changer son attitude à ton égard, il te révéla en tout cas plus tard ce qu’il pensait de tout cela, avec une moquerie qui te dégoûta autant qu’elle t’anéantit.

C’était vrai, partir, tu y pensais sans cesse. Si souvent, tu te surprenais à penser à un nouveau départ, à toutes ces possibilités, alors que tu savais très bien que partir te tuerais.
Tu ne pouvais plus t’en aller comme tu l’avais fait à 16 ans, sans aucun remords, sans regarder derrière toi, ton corps serait certes ailleurs mais ton esprit, ton cœur, ton âme même resterait ici.
Tu avais enfin découvert ce que tu cherchais depuis si longtemps, inconsciemment. Tu avais découvert et tu croyais en ce qui était pour toi l’unique religion révélée.
N’importe qui, pensais-tu, disposait de milliers de signes pour te percer à jour, tu ne prenais donc pas la peine de nommer ce qui t’arrivait. Tu étais amoureux.
Jaime, le fils de la veuve Iguaràn, ton hôtesse. Celui dont tu partageais la chambre et la vie quotidienne, depuis maintenant un an.
Le mot était lâché, tu l’avais aimé, dés le premier instant, au dernier degré. Il était le premier qui ne semblait pas accorder d’importance à ta prétendue origine, et surtout, qui paraissait ne pas remarquer cette sorte d’infirmité invisible qui t’accompagnait depuis ton enfance et t’interdisait l’affection, et à plus forte raison l’amour.
Tu ne l’admires pas, tu l’adules, tu ne crois pas en lui, tu es à sa dévotion. Et le miracle de son aveuglement t’a rendu fou de lui, plus que jamais.
Cela t’attriste autant que cela te met en joie. Tout cela te paraît tellement caricatural… Un homme comme toi, si loin d’être le plus beau, plus encore d’être le plus intelligent, tu es tombé amoureux fou de ce garçon, ton total opposé, rayonnant comme un soleil.
Un soleil au feu duquel tu ne demandes qu’à te réchauffer.
Jaime, qui doit se marier l’année prochaine, avec Victoria Guzman, la petite fille de la vielle Ignacia.
Et tu ne feras rien contre ça. Que pourrais-tu bien faire, toi qui n’a même pas le droit d’être jaloux ?
Tu aimerais pourtant, mais tu ne le pourrais que si tu avais envisagé d’avouer ton amour à l’ange et de lui en inspirer autant.
Car Jaime ignore tout de ta passion. Il se réclame ton meilleur ami. Cela pourrait paraître comme une horrible situation mais tu t’en satisfais pleinement, trop heureux que tu es de passer toutes tes journées en compagnie de celui qui est tout pour toi.
Tu l’accompagnes d’ailleurs toujours pêcher les poissons que le remplaçant d’Amador va vendre au marché de Manaus dans sa barque, tu essayes de l’aider. Plus souvent de le faire rire, avec ta maladresse et tes pitreries.
Il va mal ces derniers temps. Sa mère lui cause de l’inquiétude, elle ne parle plus, ne sort plus de chez elle, s’alimente de moins en moins.
Parfois seulement, elle semble se réveiller, vous l’entendez bredouiller toute seule depuis sa chambre, où bien bouger tous les meubles, danser avec le cadre en bois serré contre son cœur.
Jaime dit qu’elle devient folle.
Et cette perspective de mariage avec Victoria l’ennuie. Ils sont amis depuis toujours mais ne seront sans doute jamais amoureux.
Tu le distrais comme tu le peux, tu lui parles beaucoup, vous avez chaque soir de longues conversations à bâtons rompus. Ce sont les moments de la journée que tu préfères, où il ne regarde et ne se préoccupe que de toi.
L’autre jour, Bayardo San Roman est venu te voir, un jour où, désœuvré, tu n’avais pas pu accompagner Jaime et tu attendais son retour, adossé à l’ombre contre le flanc de l’église.
Les mots qu’il a prononcé t’ont donné envie de le tuer, tout en te chamboulant de la tête aux pieds, tant ils sonnaient juste.
Et lorsqu’il t’a quitté, tu as vu que le prêtre t’observait, un sourire narquois aux lèvres. Jamais tu n’as ressenti autant de haine pour quelqu’un que ce jour là.
C’était vrai, tu l’avais su depuis le début. Jaime n’était pas pour toi, en plus d’être un homme, il était beaucoup trop beau, trop jeune, trop tout ce que tu n’étais pas. Il était aussi plein que tu te sentais vide, aussi important que tu étais insignifiant, il avait 18 ans et tu en avais 30.
Toi, tu étais juste bon à te nourrir de rats, toi tu n’étais qu’un imbécile, tu devrais te dégoûter toi-même de le désirer ainsi.
Cela avait été ça, le discours de Bayardo San Roman, qui n’avait fait qu’enfoncer le clou d’une réalité que tu avais déjà bien du mal à supporter.
Mais tu rêves, et c’est cela qui te sauves, qui t’aide à vaincre la folie dans laquelle tu ne manquerais sans doute pas de sombrer sans ce recours.
Tu te dis souvent qu’un jour, tu l’emmèneras, ailleurs, que vous aurez une maison rien qu’à vous, avec des tas de fenêtres et de portes sur le dehors. Qu’il fera bon y être et qu’enfin, tu ne verras jamais plus que lui et n’entendras jamais plus ces paroles méprisantes.
C’est un rêve que tu aimes.
Tu comprends plus que jamais que tu ne repartiras plus, seul.
Mais, avec lui… S’il acceptait…
Tu es à la torture car tu sais que lui aussi en rêverait. Il te le confie souvent, que lorsque tu partiras, il te suivra, sans hésiter.
Et dans ces moments-là, tu te sens si léger, si heureux que tu y crois. Et lui aussi, tu en es sûr, l’espace d’une seconde, croit en cette possibilité d’évasion.
Mais un instant plus tard, le rêve s’efface, la réalité revient assombrir son visage.
Car il ne peut pas quitter sa mère, et il ne pourra bientôt plus quitter sa fiancée.
Et cela semble le rendre si triste que tu te le permets, tu oses le prendre contre toi, lui dire d’y croire, que toi tu l’aimes.
Et il arrive que cette déclaration le déride, voir le fasse rire. Et tu ne peux pas t’empêcher d’en être vexé.
C’est sûr, lorsqu’un homme comme toi déclare sa flamme, même de façon déguisée, à un trop beau jeune garçon, ça ne peut être qu’une plaisanterie.
Au village, les regards ne glissent plus sur toi comme s’ils ne te voyaient pas, il y a à présent du mépris, du dégoût parfois, ils étaient déjà peu nombreux à te parler, leur nombre diminue de jour en jour.
Et cela paraît en désoler certains, comme Placida San Roman lorsqu’elle passe avec son mari et que celui-ci ne te regarde même pas. Tu le sens, elle aimerait bien te parler, elle se mord la lèvre avec gêne et passe son chemin.
Tu les hais si fort que tu en as mal au ventre. Parfois, la nuit, tu rêves. Tu rêves qu’un incendie ravage le village, de part et d’autres, n’en laisse que des cendres charbonneuses et froides comme leur attitude envers toi.
Tu rêves qu’ils brûlent tous, la veuve Iguaràn et son cadre en bois, le vieux Gerineldo et sa bouteille de whisky, Bayardo et Placida San Roman, Victoria et la vieille Ignacia, Luisa Vicario, tous. Le crépitement des flammes couvre leurs cris de détresse.
Jaime en réchappe et, devant le village anéanti comme tu le rêves, tu lui fais l’amour sur la petite bande de sable.
Tu te réveilles souvent de ce rêve en pleine nuit, raide et en sueur, tu sors de la maison car tu ne peux pas rester comme ça.
C’est alors là que tu comprends toute l’ignominie de ta situation, et que tu dégoûtes si profondément que tu as envie de vomir. Tu sais bien au fond de toi que tu ne lui diras jamais tout ce qui t’agite, tout ce qu’il te fait éprouver et pourtant, tu vendrais ton âme rien que pour un peu de courage…
Surtout lorsque tu retournes te coucher, vidé de ton désir, que tu ne le distingues pas mais que tu l’entends, que tu le sens dormir, que tu ne désires que de le rejoindre dans son lit…
C’est si dur que tu en as envie de fondre en larmes, toi qui n’a que très rarement pleuré dans ta vie.
Et encore si tu ne craignais pas que ton amour lui vienne aux oreilles, par une indiscrétion quelconque, plus ou moins bien intentionnée d’un des villageois, tu ne t’inquièterais pas.
Si tu n’avais pas un jour éprouvé ce besoin le plus humain, le plus primaire, celui de parler, tu n’aurais pas peur de voir du dégoût et de la pitié dans ses yeux.
Un regard qui t’anéantirait, à coup sûr, là où ceux des autres n’avaient même pas pu t’égratigner.

Fin de la seconde partie
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Kestrel21
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyMer 22 Mar - 15:38

Le vent nous portera - troisème et dernière partie

Il y a peu de temps, tu as à nouveau rêvé. Ton corps était lourd, humide, bossu, ta large queue et tes ridicules nageoires ne te servaient à rien pour la situation sans issue où tu te trouvais.
Tu agonisais, l’eau, tu cherchais l’eau, elle était si proche et pourtant, tu ne pouvais l’atteindre.
L’eau, sans elle tu ne pouvais pas vivre, sans elle tu n’étais rien et voilà qu’elle te rejetait.
Ton gros œil rond pleurait, tu essayais de bouger, de te sortir de cette impasse, tu ne parvenais qu’à t’enfoncer davantage dans le sable.
Et, sur la rive, un petit garçon malingre te regardait avec presque de la joie animale dans le regard, comme si ta mort ne pouvait être qu’une excellente chose.
Ce petit garçon, c’était toi mais tu n’étais plus un homme, tu étais devenu le dauphin échoué de ton enfance.
Tu savais que tu allais mourir, tu manquais d’air, écrasé sous ta propre masse.
Et un prédateur charrierait ton cadavre et tes os s’enfonceraient au fond du fleuve, tu retrouverais peut-être ton père, et il te fixerait de son gros œil moqueur, te sourirait ironiquement de son hideux rostre dentelé, se moquant de ta fin pathétique.

Tu te réveillas en sueur, tremblant de tous tes membres.
Jaime dormait encore, tu ne pus résister, tu te couchas à ses côtés, tu voulus le serrer, tu en fus empêché par la peur panique de révéler ton secret.
Et pour la première fois, tu te sentis plein de vie, car tu pouvais toucher celui qui faisait le sens de la tienne.
Tu avais toujours voulu trouver enfin un endroit où tu te sentirais chez toi. Ici, tu le sentis enfin.
C’était ici chez toi, ici, entre ses bras.
Si prés… Et pourtant si loin.


Fin.


Notes :

(1) Ce village est une pure invention.
(2) Environ 2 euros.
(3) Nom local du dauphin rose de l’Amazone, animal en voie de disparition vivant uniquement en eau douce. Une légende brésilienne voudrait que qu’il monte une fois l’an sur la rive, changé en homme et féconde les femmes seules ou perdues.
(4) La tête verte.
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mogyuki
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyMer 22 Mar - 18:59

16 C'est trop triste... Vraiment, j'adore ton style et tes textes... Encore une fois, tu nous places dans un contexte bien defini de lieu et de temps, et ca nous permet de bien visualiser l'histoire...
Le choix du tutoiement m'a un peu desorientée au depart, mais finalement on s'y fait tres bien, et ca nous rapproche de ton personnage...
Et puis j'aime bien cette fin ouverte, qui laisse une place a l'espoir... ca nous permet d'imaginer la fin qui nous plait le plus

Encore Felicitations, et vivement le prochain texte ^^

PS: tu devrais aller te presenter dans le sujet "Presentation des membres", qu'on puisse te connaitre un peu mieux ^^
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kokoroyume
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyJeu 23 Mar - 19:43

>_< c'est triste ... ! On ne voudrait vraiment pas se trouver à sa place...
En tous cas, félicitations, que ce soit à la première, à la seconde ou à la troisième personne, tu parviens toujours à faire remarquablement passer les émotions ^^ De plus, l'ambiance si réaliste permet de plonger totalement dans l'histoire Le vent nous portera (yaoï) 129oa
Continue, tu écris vraiment bien ^^
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) EmptyJeu 23 Mar - 22:16

Oua la chute ! mdr *___*
Tu écris vraiment très bien ^^ Je me suis sentie littéralement transportée dans ton histoire ^^

Au début j'ai eu peur de la longueur (moi, feignasse, grosse larve ? XD) mais en fait, c'était pas suffisant <3
Je ne m'attendais pas à la fin à ce moment là mdr Mais c'est vraiment super !!! ^___^

Merci beaucoup, et vivement d'autres textes (faut que je lise les autres >_<)

Bisous ^^
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera (yaoï)   Le vent nous portera (yaoï) Empty

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