Merci à toutes ! J'espère que cette suite vous plaira A ses côtés
Chapitre 1 : Nouvelle résidence« Severus… Severus… S’il vous plaît… »
Les yeux rivés sur le plafond, il restait immobile et, bien que seul, tout autant impassible. La tempête qui faisait rage en lui n’existait pas pour les autres. Toutes ces années passées à garder ce masque lui avaient au moins offert cette maîtrise ; à présent, il devait plus que jamais s’y tenir.
Cette chambre était si semblable à ses cachots, sans doute plus luxueuse malgré tout, mais sombre, froide, taciturne.
Sa récompense.
Au-delà du respect nouveau, de la jalousie, de l’envie qui brillait à présent dans leurs yeux.
Si cela avait été accordé à l’un d’entre eux, celui là aurait certainement apprécié cette reconnaissance, et cette crainte nouvelle, qui habitaient ses compagnons à son égard. N’était-il pas, à l’image de cet arrogant sale gosse…
A sa seule pensée une grimace de dégoût passa sur ses traits.
Cette haine dans ses yeux, ces mots si insultants qu’il avait failli perdre tout contrôle… il ne perdait rien pour attendre.
Depuis quand se disait-il qu’il ne tiendrait pas ? Que la situation lui échappait ? Que cela était au-dessus se ses forces ? Bien plus longtemps qu’il ne l’aurait souhaité.
Et pourtant, une fois encore, il y était parvenu.
Il avait franchi le pas, hésitant à peine un instant aux yeux de tous, allant jusqu’au bout.
Pour se retrouver à nouveau parmi eux.
Comment Bellatrix l’avait-elle appelé à leur retour ?
« Celui-qui-a-vaincu-le-vieillard-sénil-Dumbledore »
Aucune délicatesse, retenue ou bienséance dans ses paroles. C’était bien le personnage. Tellement elle-même qu’il n’avait plus cherché depuis longtemps à trouver un lien quelconque entre la femme et sa sœur.
Bien sûr, elle ne pourrait jamais comprendre l’étendue de l’ironie de ses mots.
Dans sa situation, le comparer à cette vermine prétentieuse…
Un grognement presque inaudible lui échappa. Sa rage refaisait surface.
Assez !
Ces souvenirs n’avaient pas leur place dans sa réflexion.
« Severus… S’il vous plaît… »
Ses traits n’avaient jamais autant été marqués par son âge, son ton ne s’était jamais fait si suppliant ; à cet instant, il n’était plus qu’Albus Dumbledore, un vieux sorcier pathétique et non l’un des plus grand sorcier que la terre ait jamais porté.
Et il l’avait tué. Alors que…
Il se redressa violemment en laissant glisser son regard scrutateur sur la chambre.
Il venait de prendre soudainement conscience avec horreur qu’il n’avait pas fermé son esprit, alors qu’il méditer depuis son réveil sur son avenir, dans le repaire du Seigneur des ténèbres.
En une fraction de seconde, tout ce qui aurait pu être accessible, à la première personne venue capable ne serait-ce que d’un peu de légimancie, fut cadenassé.
Rogue observa encore un instant la pièce, bien que sachant pertinemment que personne d’autre que lui ne s’y trouvait, puis referma les yeux.
En quelques minutes, la potion de sommeil qu’il s’était forcé à prendre un peu plus tôt agissant enfin, le sommeil l’envahit à nouveau.
La baguette se leva puis se posa en douceur sur sa tempe.
Par un geste précis et mesuré, la baguette s’écarta de la peau pour permettre au long filament argenté de prendre de l’ampleur.
Il s’allongea quelques instants, sur la distance qui séparait la main de la tempe, avant de se retrouver suspendu au bout de l’instrument magique.
Lentement, le souvenir trouva sa nouvelle place dans une petite fiole transparente.
Rogue la referma avec la même délicatesse qu’il aurait eu pour une précieuse potion et, après avoir prononcé quelques mots, la rangea dans le nouveau lieu qu’il avait désormais choisi. Ses consoeurs, gardiennes de souvenirs qui ne lui tenaient pas vraiment à cœur, se trouvaient encore à Poudlard.
Heureusement, très loin des yeux indiscrets.
Pas plus qu’ici, un autre que lui n’aurait pu les retrouver.
Même la gamine la plus intelligente ou le plus fouineur des sales gosses, pour ne citer qu’eux, ne pourraient les découvrir, pensa-t-il en s’empêchant d’esquisser un sourire mauvais et moqueur.
Après tout, la dissimulation n’avait-elle pas de tout temps fait partie de sa vie ?
Le maître des potions posa un instant les yeux sur la pensine qui accompagnait la fiole, et bientôt beaucoup d’autres d’entre elles, puis condamna à nouveau ce lieu secret.
Il vérifia une dernière fois que sa tenue était impeccable et se décida enfin à quitter la pièce.
Avant que la porte ne se referme, il se demanda à nouveau combien de fois il se retrouverait encore devant cette pensine avant la fin. Mais, comme d’habitude, la même lui réponse lui vint, à savoir, bien trop souvent à son goût.
Rogue abandonna là ces pensées puis arpenta les couloirs.
Le Seigneur des ténèbres venait de le faire appeler alors que la veille encore il lui avait fait face ; il n’en connaissait pas encore la raison mais, connaissant le personnage, cela n’était pas bon signe.
Elle gisait là, devant eux, tout ces êtres masqués, impassibles, et il était le seul à faire exception. Tant par l’absence d’un masque que par l’émotion qui occupait ses yeux, l’entièreté de son visage.
Etait-ce un adulte ? Devant une telle expression personne n’aurait pu l’affirmer. C’était pourtant le cas. Si à cet instant il semblait rejaillir de l’enfance, Drago Malfoy était considéré comme un adulte de part son âge, son choix de vie, s’il s’agissait là d’un véritable choix, son destin.
Mais quelle réaction aurait-on pu attendre de sa part après qu’elle se soit faite terrasser par un avada kedavra ?
Narcissa Malfoy ne se relèverait plus jamais.
Drago laissa échapper un sanglot, un cri étranglé, puis ses muscles se tendirent.
Il ne pouvait rester sans réaction.
Douleur, souffrance, haine.
Tout cela devait grandir en lui à un rythme terrifiant, non ? Bien entendu.
Le blond entamait déjà un geste pour accomplir sa vengeance, ou pleurer sur son corps.
Il l’arrêta.
Posant une main ferme sur son épaule, sous le regard attentif du Seigneur des ténèbres, une grande silhouette encapuchonnée et masquée se pencha jusqu’à son oreille. Le jeune adulte voulu dans un premier temps se dégager, agacé par son intervention, mais la voix de Rogue, qui n’était en fait guère plus qu’un murmure, l’en dissuada.
- Votre mère ne souhaiterait pas que son sacrifice ait été inutile, Drago.
Le ton était resté froid, péremptoire.
Dans un effort qui lui fut sans doute extrêmement douloureux, celui qui pour tous les témoins de cette scène n’était qu’un enfant, recula d’un pas et se replaça aux côtés du sorcier, le visage fermé comme, finalement, seuls les adultes en étaient capables.
A présent, ils n’avaient plus qu’à attendre comme les moutons qu’ils se devaient d’être, que leur effroyable berger apparemment satisfait se lasse, que la jouissance de son acte se fane et qu’il se décide à les renvoyer.
Voldemort avait fait une nouvelle victime, une de ses servantes, pour le punir d’avoir hésité, d’avoir douté.
Alors Drago Malfoy, cela aurait vraiment été trop lui demander que de faire plus, se contentait de fixer le cadavre, en silence.
Silence que respectait chacun comme un recueillement. Mais pourtant il ne représentait qu’un seul et unique sentiment : la peur.
Tom Jedusor gagnait une fois encore.
L’ancien adolescent se laissa glisser contre la paroi froide qu’était le mur de ses appartements.
Sans un regard pour lui, le propriétaire du lieu traversa le vaste salon et s’installa sur un fauteuil, les yeux baissés, le visage impassible.
Au bout de quelques minutes, des pleurs, à peine audibles mais présents, résonnèrent dans la pièce. L’homme resta de marbre, laissant le temps s’égrainer au rythme des sanglots du blond qui bientôt se transformèrent en faibles gémissements de douleur avant de disparaître.
Rogue, le menton posé sur ses doigts entrecroisés, gardait son immobilité indifférente et ne semblait même pas avoir conscience de la présence du garçon.
Ses paupières étaient closes. Dormait-il ?
Drago Malfoy releva la tête et, à l’image de son aîné, toute expression avait quitté son visage ; le seul indice de son état précédent n’était désormais plus que les traces sur ses joues révélant les larmes versées.
- Pourquoi ?
Le blond avait une voix neutre, pas de colère ni de chagrin, juste le désir d’avoir une réponse.
Les yeux onyx se reposèrent sur la pièce sans pour autant prêter attention au blond qui les fixait.
- Parce qu’il est notre Maître, répondit-il froidement.
Les mots ne semblèrent pas atteindre le jeune adulte immédiatement, celui-ci fixant obstinément son ancien professeur.
- Mais il est mort ! cria-t-il soudain en libérant les premières émotions qu’il semblait s’efforcer de retenir.
- Vous ne l’avez pas tué.
On pouvait à présent percevoir un certain agacement dans sa voix.
- Il avait pourtant accepté… Alors pourquoi ? demanda-t-il encore avec désespoir.
- Vous étiez là vous aussi et vous n’avez sûrement pas oublié ses paroles. Je vous sais assez intelligent pour comprendre ce qui l’a sans doute poussé à cet acte. Alors cessez de poser des questions dont vous connaissez déjà les réponses !
Le ton était cette fois teinté de colère, le jeune homme garda le silence.
- Retournez dans vos quartiers Drago.
Le plus jeune des Malfoy se leva avec dignité et, après avoir posé une dernière fois les yeux sur l’homme aux cheveux noirs, lui tourna le dos pour le quitter.
En entendant la voix de Rogue, il s’arrêta.
- Et ne faites rien d’inconsidéré. Votre mère a accepté que cela se passe ainsi pour que vous puissiez rester en vie.
Drago quitta ses appartements sans un mot de plus et referma la porte derrière lui.
Seul dans son salon, le maître des potions ferma les yeux encore quelques minutes puis se décida à quitter son fauteuil. S’installant à son bureau, il sortit plume et parchemin puis se mit à écrire.
« Narcissa est morte.
Une de plus.
J’ai tué Albus, sauvé Drago, perdu sa mère. En le tuant, je l’ai condamnée.
J’y ai cru.
Comment ai-je pu être aussi naïf ?
Nous avons regagné ces sous-sols miteux avec la victoire pour étendard mais je ne me leurrai pas ; il avait échoué.
Et pourtant j’y ai cru.
A l’instant où j’ai formulé ma requête, sa vie en récompense, et qu’il me l’a accordé.
Pour avoir tué Dumbledore je te remets sa vie entre les mains, je ne la prendrai pas, du moins pas aujourd’hui…
Son sourire sarcastique, eh bien, je l’ai vu si souvent que je ne m’en suis pas méfié. Grave erreur.
Un appartement m’a été offert dans ses vastes caves ; le jeune Malfoy est retourné auprès de Narcissa dans leurs nouveaux quartiers.
J’étais exténué. Je ne me suis pas posé de questions. Ca n’a rien d’une excuse, c’est un fait. Même si je l’avais fait, je n’aurais rien pu y changer.
Ironique, non ?
Je passe mon temps à protéger ce garçon et en le faisant, je le blesse encore plus, je fais exécuter sa mère.
Combien de temps lui a-t-il laissé ? Une journée ? Deux peut-être ?
Il nous a appelé, ses fidèles mangemorts et Drago Malfoy. Il n’a pas dit un mot et s’est contenté de faire signe à Narcissa d’approcher.
A ses yeux, j’ai su qu’elle l’avait compris avant nous.
Elle s’est tournée vers nous deux, a souri en posant un regard doux sur son fils puis s’est avancée au centre de la salle.
Bien sûr, Drago ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre. C’était sa punition. Les conséquences de son échec. Sa mère payait parce qu’il n’avait pas accompli les ordres du Seigneur des ténèbres jusqu’au bout.
Mais c’est un Malfoy, il ne recommencera pas deux fois la même erreur.
Ses choix risques de devenir bien plus stupides et dangereux.
Et j’en ai à présent la responsabilité car notre maître en a décidé ainsi…
Me voilà avec un poids de plus sur les bras !
…
Il est temps que j’utilise une fois de plus cette pensine.
Pourquoi ai-je l’impression qu’il y a quelque chose que j’ignore à son propos ?
Sachant qui me l’a fournie, cela ne s’apparente même pas à de la paranoïa mais simplement à de la prudence.
De toute façon je n’ai pas le temps de jouer aux devinettes, et il devait bien s’en douter, je ne peux qu’ignorer cette impression. »
Rogue relut le parchemin puis, reposant la plume pour prendre sa baguette, le réduit en cendres avant de les faire disparaître à leur tour.
Comportement étrange sans nul doute mais il semblait avoir eu besoin d’écrire ces mots même si son visage restait aussi inexpressif qu’à son habitude et, bien entendu, les faire disparaître était la plus saine des réactions étant donné le lieu où il se trouvait.
Le maître des potions se leva, se dirigea vers une partie de ses appartements qu’il rejoindrait sans doute encore souvent et, une fois le lieu ouvert, s’évertua à extraire lentement de ses pensées celles qui composaient le long filament argenté apparaissant déjà entre sa baguette et sa tempe.
A suivre …Le chapitre 2 est déjà bien avancé donc il ne devrait pas trop tarder ^^