Voilà, j'ai une nouvelle à rendre lundi pour un stage d'écriture et je vous la soumet ^^ J'aimerais savoir ce que vous en pensez, toutes les critiques sont les bienvenues ^^ ( Je précise qu'il n'y avait pas de thème imposé, uniquement 10 000 à 15 000 caractères max.)
Bonne lecture !DésillusionsJohann s’observait dans la glace.
N’était-il pas plus pâle ces derniers jours ?
Sans doute était-ce la fatigue. Le temps semblait passer si vite. Chaque heure lui paraissait plus monotone que la précédente mais sa vie était étonnamment simple.
Mais n’avait-il pas maigri ?
Ses courts cheveux châtains clairs faisaient un contraste inhabituel avec ses éclatants yeux verts et son visage, si jeune, s’était émacié. Il était épuisé, il le voyait bien.
Le jeune homme quitta sa salle de bain, se glissa dans son lit et ferma les yeux.
Johann ouvrit les yeux. Il avait faim.
Où était-il ?
Il faisait sombre ; il était seul.
Le jeune homme avait oublié un instant mais à présent il se rappelait.
On l’avait enlevé.
Une vengeance contre sa mère, selon son kidnappeur. Il n’avait pas très bien compris alors il avait voulu en savoir plus.
- Que lui reproche-t-on ? avait-il osé demander la première fois qu'il avait repris conscience.
L’homme qui le retenait prisonnier portait des lunettes noires et une espèce de masque cuivré sur le reste du visage. Il était grand et sa seule particularité était ses longs cheveux châtains.
- La mort d’un être aimé, je n’en sais pas plus, lui avait-il répondu calmement. Quant à toi, cette personne ne sait pas si elle doit te considérer comme innocent ou alors comme coupable en tant que fils de la femme haïe.
Une tempête de sentiments avait fait rage en Johann. Dans toute sa confusion intérieure, il n’avait pu clairement distinguer que sa peur pour lui-même et l’inquiétude pour sa mère.
- Pourquoi aidez-vous cette personne ?
- Pourquoi ? avait répété son kidnappeur. Parce que c’est ce que j’ai toujours fait, permettre la vengeance. Que ce soit à tort ou à raison ; je ne suis pas juge.
- Que… que va-t-il arriver à ma mère ? avait demandé Johann dans un souffle.
- Je crains fort que son sort ne soit déjà scellé.
- Non… non, ce n’est pas possible ! Vous ne pouvez pas… Laissez-moi partir ! avait-il crié en essayant de se relever. Je dois la prévenir !
L’homme s’était levé et avait quitté lentement la pièce.
- Tu ne peux rien pour elle, avait-il dit avant de refermer la porte derrière lui.
Johann s’était redressé difficilement et s’était mis à marteler la porte close.
- Vous n’avez pas le droit ! Assassin ! Monstre !
Et le jeune homme avait continué ainsi jusqu’à ce qu’il s’écroule de fatigue.
Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé depuis lors mais la lune, qui brillait par la verrière du plafond, était à présent la seule source de lumière qui éclairait la pièce.
- Bonsoir Johann.
Le jeune homme ne réagit pas.
- Et si pour faciliter la communication entre nous je me baptisais Samuel ? dit l’homme tandis qu’il allumait deux petites lampes accrochées au mur, après avoir refermé la porte. Alors, pas d’objections ?
Il s’approcha d’une table et y déposa un plateau repas.
Johann jeta un œil méfiant vers la table.
- Ne t’inquiète pas, c’est un repas des plus habituels. Equilibré même.
Il entama un geste de départ puis s’arrêta.
- J’allais oublier. Ne songe même pas à essayer de t'échapper, tu le regretterais amèrement. Bonne nuit.
Seul à nouveau, Johann s’installa à la table et entama son repas.
La cafétéria était pleine mais il dînait seul. Le jeune homme était plongé dans ses pensées.
N’avait-il pas un sommeil agité ces derniers temps ? Et de quoi rêvait-il ?
Johann n’en savait rien. Une étrange sérénité l’enveloppait en permanence et pourtant il avait parfois l’impression que son cœur allait exploser.
Mais ce ne pouvait être qu’un effet de son imagination.
Tout était normal ; tout allait bien.
Une douce chaleur. De la lumière.
Johann s’assit sur son lit ; le soleil était déjà haut dans le ciel. Une fois de plus, il se réveillait dans cette chambre, sa prison, abandonnant derrière lui cette douce illusion qu’étaient ses rêves.
- Bonjour.
Samuel était assis à la table, un trousseau de clés à la main.
- Il est temps que je t'ouvre deux pièces qui pourraient t’être utiles.
Samuel se leva et ouvrit la première porte.
- Viens. Voici ta salle de bain.
Le jeune homme resta à une distance raisonnable tout en observant Samuel.
Les clés. Peut-être était-ce la bonne occasion ?
Lorsque l’homme se retourna pour inviter Johann à le suivre à l’intérieur de la seconde pièce, ce dernier se jeta sur lui et tenta d’atteindre le trousseau de clés.
En une seconde il se retrouva contre la poitrine de Samuel, la gorge compressée par son bras droit.
- Tu n’aurais pas dû. Je t'avais prévenu.
Johann ne pouvait plus respirer.
- Ce serait dommage de te tuer pour si peu, non ? Alors que tu pourrais ressortir indemne de cette histoire.
Il relâcha sa prise.
Johann s’écroula sur le sol.
- Allez, relève-toi, lui dit Samuel en lui tendant la main, je vais te montrer la bibliothèque.
- Comment pouvez-vous… me parler d’une telle futilité alors que ma mère va mourir ! répondit-il en retrouvant son souffle.
Samuel s’assit en tailleur face à lui.
- Crois-tu que ta mère soit innocente ?
- Elle... Je ne peux pas croire qu'elle ait tué quelqu’un ! Je ne veux pas qu'elle disparaisse..., dit-il tremblant. Je...
Samuel gardait les yeux fixés sur lui.
- Tu devrais plutôt t’inquiéter de ton sort.
- Vous avez donc l’intention de me tuer, dit froidement le jeune homme en tentant de cacher sa peur.
- Je te l’ai déjà dit, cela ne dépend pas de moi. « Elle » va sans doute t’épargner, considèrerant que tu n’as pas trop subi son influence.
- Son influence ? C’est ma mère, c’est elle qui m’a éduqué !
- Est-ce vraiment ce que tu ressens ? Alors qu'elle t'a confié à un internat à l'âge de cinq ans, dès le décès de ton père ? Cela fait six mois que tu es diplômé, n’est-ce pas ? Combien de fois l’as-tu vu depuis lors ? Deux fois, trois peut-être ?
Johann garda le silence.
- C’est peut-être ta mère mais mon employeuse la connaît mieux que toi. Pourtant cela n’a aucune importance pour l’instant, continua Samuel. Allez, lève-toi et allons voir cette bibliothèque.
Il attrapa le jeune homme par le bras et l’aida à se mettre debout puis ils entèrent dans la pièce. La bibliothèque était immense.
- Tu as le choix. Je penses que tu pourras y trouver ton bonheur.
Sur ces mots, son hôte le quitta, l'abandonnant à cet univers de livres.
- Johann… Johann, réveille-toi mon vieux !
Il ouvrit les yeux.
- Tu t’es endormi sur tes dossiers ; il est tard, tu devrais rentrer chez toi.
C’était Quentin, un de ses collègues.
- … Il est quelle heure ?
- Vingt heures déjà. T’as pas l’air bien en ce moment, tu devrais prendre quelques jours de congés, dit Quentin.
- Mouais… Tu as sans doute raison, dit Johann en étirant les bras. Tu peux y aller Quentin, je fermerai derrière moi.
- Ok. Repose-toi bien. Bonsoir et à lundi.
- Bonsoir Quentin.
Il le regarda partir puis se décida enfin à se lever pour en faire autant.
Johann avait l’impression qu’il était parti ailleurs, dans un monde où son âme était déchirée. Le jeune homme avait rêvé. Pourtant, il ne se souvenait que de deux éléments : sa mère allait mourir et il ne pouvait pas l’aider.
Mais il voulait oublier. Il aimait trop sa simple petite vie d’employé de bureau.
« Elle a fait du mal à papa ! »
Sa mère. Une voiture. Un accident.
Johann se réveilla en sursaut, le visage couvert de sueur.
Etait-ce un souvenir ou bien son imagination qui s’entrelaçait dans les mailles de ce si étrange songe qui lui paraissait de plus en plus réel ?
Non, c’était trop différent d’un rêve.
Le jeune homme quitta son lit et prit sa douche.
Lorsqu’il revint dans la pièce il s’allongea à nouveau sur son lit et observa la verrière du plafond. Le ciel était gris et les gouttes de pluies s’écrasaient sur la vitre à un rythme apaisant.
Son père était mort dans un accident de voiture alors que sa mère se rendait chez ses parents. Il avait cinq ans comme l’avait dit Samuel.
L’entreprise de son père avait alors été mise sous la direction de sa femme. A la mort de cette dernière, Johann hériterait de tout.
Mais il ne voulait pas de cette responsabilité.
Le jeune homme travaillait dans la publicité, il n’avait que 21 ans et ne voulait pas de cette entreprise. Tant que sa mère vivait, il ne devait pas s’en soucier, elle lui évitait cette charge.
Bien sûr, il aimait sa mère mais sans doute pas autant qu’un fils l’aurait dû. Alors, n’était-ce que pour avoir protégé son patrimoine, elle méritait de rester en vie.
Mais d’heure en heure, il sentait que cet espoir se transformait en utopie.
- Mère, murmura-t-il, qu’as-tu donc fait pour mériter une telle haine ?
La pluie devenait plus violente.
Il ferma les yeux.
« Mère ! »
Ses paupières s'ouvrirent brusquement.
Encore ce rêve. Quelqu’un en voulait à sa mère, mais lui où était-il ?
Il y avait aussi un homme étrange.
Et toujours cette angoissante inquiétude et ce terrible sentiment d’impuissance.
Mais à chaque nouvelle seconde le souvenir de ces sensations et de ces évènements perdait en clarté et en intensité. Pourtant, il ne voulait plus oublier, il avait besoin de comprendre la raison de ce rêve récurant.
Il chercha des yeux son réveil digital. 7h34.
Johann avait pris un congé maladie comme le lui avait conseillé Quentin. Malgré le repos qu’il prenait, il ne récupérait pas.
Il reposa sa tête sur l’oreiller, les yeux clos et s’endormit.
« - Un accident, monsieur.
- Et sa femme ?
- Dans sa famille. Nous l’avons faite prévenir.
- Mais… , se murmura le jeune garçon, maman a… »
La pluie. Il était encore sur le lit.
Qu’avait-il voulu dire ? Qu’avait fait sa mère ?
Il ne savait pas. Pourtant, il était persuadé qu’il s’agissait de souvenirs.
Il observa un instant le plafond sans le voir puis son attention se porta sur la table où un repas l’attendait.
Il avait chaud, trop chaud.
Il essaya de se lever. Il n’y arrivait pas, il n’avait plus de force.
Et ce rêve qui l’absorbait et qui, dans sa maladie, semblait si réel. Mais ce n’était qu’une petite grippe. Et ce n’était qu’un songe déplaisant.
Johann s’était installé dans la bibliothèque. Il n’y avait plus que les livres pour le soutenir.
Il pleuvait toujours et le ciel était sombre alors il avait allumé toutes les lampes de la vaste pièce.
- Que lis-tu aujourd’hui ?
Samuel était penché au-dessus de son épaule. Ses vêtements répandaient une légère odeur de pluie.
Johann garda le silence.
- Je t’ai apporté un déjeuner…
- Je n’ai pas faim, vous pouvez le remporter, le coupa-t-il.
- Très bien, je t’apporterai ton dîner tout à l’heure, lui dit Samuel.
Le jeune homme se replongea dans son livre.
- J’ai compris, je n’essaierai plus de lutter, je ne suis qu’un songe. Tu es la réalité. Toute l’essence que je suis voudrait que cette histoire se termine bien. « Notre » situation est malheureuse, c'est certain.
Adieu.
Le visage de Johann se désagrégea et son univers laissa place aux ténèbres.
Johann ouvrit les yeux ; il était calme.
C’était fini. Il n’avait plus que la réalité pour seule compagnie.
- C'est terminé.
Le jeune homme se redressa brusquement sur son lit.
- Pardon ? s’étonna Johann.
- C’est terminé, répéta son kidnappeur, ta mère est morte.
Le jeune homme était sous le choc.
- Je ne pensais pas que cela se terminerait ainsi mais c'est « sa » décision, déclara encore Samuel.
Il remarqua à peine les gestes de l'homme.
- Adieu.
Johann vit l'arme de son kidnappeur se lever et il n'entendit même pas le détonation. La dernière chose qu'il vit fut le canon de l'arme.
Fin
Alors ? Il fallait trouver une fin inattendue et, nouvelle oblige, mettre en scène une faille dans le quotidien en utilisant un nombre restreint de peronnages, y suis-je parvenue ? Dites-moi quoi, s'you plaît Merci !